Au terme de sa semaine passée en Afrique, Simonetta Sommaruga réitère son souhait d'offrir une perspective dans leur pays aux requérants d'asile déboutés en Suisse, lorsqu'ils en font volontairement la demande. L'expérience lancée voici deux ans avec le Nigeria est prometteuse, a constaté la conseillère fédérale.
"J'ai rencontré au Nigeria d'anciens demandeurs d'asile redevables d'avoir pu bénéficier d'un programme d'aide au retour et de réinsertion dans leur pays afin d'y refaire leur vie. Certains d'entre eux ont pu ouvrir des échoppes, d'autres sont devenus des employés", a déclaré jeudi Mme Sommaruga dans un entretien à l'ats, alors qu'elle effectuait son vol retour en direction de la Suisse.
Le principe d'apporter une aide à la formation ou l'octroi de microcrédit par exemple pour les requérants dont le retour chez eux se fait sur une base volontaire satisfait la conseillère fédérale, qui estime que "les deux parties ont des intérêts en commun".
Retours accélérés
La cheffe du Département fédéral de Justice et Police (DFJP), qui avait entamé son périple en Afrique vendredi dernier au Nigeria, a toutefois déclaré aux autorités nigérianes que le processus de rapatriement des demandeurs déboutés en Suisse "devrait s'accélérer".
Cette évolution "ne va pas contre la volonté des autorités du Nigeria, qui sont coopératives et intéressées", estime Mme Sommaruga, mais une fois que les décisions sont tombées en Suisse, les voies conduisant au retour devraient être plus rapides.
Les accords de coopération, que la conseillère fédérale a conclus cette semaine avec l'Angola et la République démocratique du Congo (RDC), ainsi que ceux en vigueur déjà avec le Nigeria et la Tunisie, supposent un engagement de part et d'autre et des relations à long terme avec les partenaires de la Suisse.
Pour Mme Sommaruga, "sans résoudre tous les problèmes, ces accords aident". Elle cite l'exemple de demandeurs d'asile sans papiers dont l'identification est difficile à faire en Suisse. "Dans ce cas, les relations avec les partenaires sont très utiles", se félicite-t-elle. La Bernoise a notamment qualifié de très important l'accord conclu en juin dernier avec la Tunisie.
"Impressionnée"
"Nous sommes en contact avec d'autres Etats" dans le cadre de tels accords, a-t-elle déclaré sans préciser lesquels. Elle a toutefois concédé que les négociations "nécessitent non seulement beaucoup de temps mais également passablement d'opiniâtreté". Son voyage en Afrique lui a aussi permis de constater que les questions de migration relèvent aujourd'hui davantage d'un "phénomène global".
"Je rentre de ce périple à la fois contente, impressionnée et pensive en raison des défis énormes que doivent relever ces pays", a précisé la cheffe du DFJP. En Angola, dix ans après la guerre civile, le pays doit être reconstruit, a-t-elle pu noter. La répartition des richesses y est inégale, mais la conseillère fédérale s'est montrée surprise par les potentialités du pays.
Outre les accords signés avec la RDC et l'Angola, elle a pu prendre langue avec les autorités nigérianes à Abuja et se faire une idée précise et concrète de l'application au quotidien du partenariat migratoire en vigueur avec la Suisse depuis début 2011.