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Syrie: la firme suisse LafargeHolcim reconnaît avoir financé des groupes armés

La firme LafargeHolcim a admis avoir financé des groupes armés en Syrie, via des arrangements "inacceptables". Une enquête interne a confirmé ces agissements, mais les destinataires finaux n'ont pas pu être précisés.

02 mars 2017, 08:59
/ Màj. le 02 mars 2017 à 09:00
LafargeHolcim voit son premier exercice tourner au rouge.

L'enquête interne de LafargeHolcim sur les activités en Syrie confirme que la filiale locale de Lafarge a cherché des arrangements avec des groupes armés pour maintenir ses activités. Mais le groupe n'a pas pu établir qui en étaient les destinataires finaux.

L'an passé, LafargeHolcim a ouvert une enquête interne en réponse à des articles de presse impliquant les opérations de l'ancienne société Lafarge dans sa cimenterie syrienne, précise jeudi le cimentier franco-suisse dans une prise de position, en marge de ses résultats annuels. Selon ces allégations, des collaborateurs de Lafarge auraient réalisé des transactions avec certains groupes armés et avec des tiers visés par des sanctions, courant 2013 et jusqu'à l'évacuation de l'usine en septembre 2014.

 

"L'enquête montre que la filiale locale a remis des fonds à des tierces parties afin de trouver des arrangements avec un certain nombre de ces groupes armés, dont des tiers visés par des sanctions, en vue de maintenir l'activité et d'assurer un passage sûr des employés et des approvisionnements vers, et depuis l'usine", indique LafargeHolcim.

La détérioration de la situation politique en Syrie a entraîné des défis très difficiles quant à la sécurité, les activités de l'usine et les employés, admet le groupe. "Cela incluait des menaces pour la sécurité des collaborateurs ainsi que des perturbations dans les approvisionnements nécessaires pour faire fonctionner l'usine et distribuer ses produits".

Erreurs de jugement

Toutefois, "l'enquête n'a pas pu établir avec certitude quels étaient les destinataires ultimes des fonds au-delà des tierces parties concernées", ont conclu les enquêteurs. Le groupe juge, réstrospectivement "inacceptables" les mesures prises pour poursuivre les activités.

"Les responsables des opérations en Syrie semblent avoir agi d'une façon dont ils pensaient qu'elle était dans le meilleur intérêt de l'entreprise et de ses employés", souligne LafargeHolcim. "Néanmoins, l'enquête révèle des erreurs de jugement significatives en contradiction avec le code de conduite alors en vigueur".

Les activités de Lafarge en Syrie ont fonctionné à perte durant la période en question. Elles représentaient moins de 1% du chiffre d'affaires du groupe à cette époque.

 

 

Code renforcé

Conséquence de l'enquête interne et de ses résultats, le Conseil d'administration de LafargeHolcim a approuvé un certain nombre de mesures, dont la création d'un comité Éthique, Intégrité et Risques. Au menu également, un programme de revue des tiers à risques et un nouveau programme de contrôle des sanctions et des exportations.

L'organe de surveillance a demandé à ses dirigeants exécutifs de mettre en oeuvre ces actions avec force, selon le communiqué. "Il ressort clairement qu'il ne peut pas y avoir de compromis sur les sujets de compliance et sur l'adhésion aux standards du Code de conduite de l'entreprise, quelles que soient les difficultés opérationnelles.

Révélations en juin

Pour mémoire, en janvier, le gouvernement français confirmait avoir saisi la justice sur de possibles infractions commises par le cimentier Lafarge en faisant fonctionner son usine en Syrie, malgré des interdictions européennes. Le parquet a ouvert une enquête préliminaire sur la base de cette plainte en octobre.

Le fonctionnement de la cimenterie de Jalabiya, dans le nord de la Syrie, sous la responsabilité d'une filiale locale de Lafarge, faisait alors déjà polémique, après les révélations en juin par le journal Le Monde sur de possibles arrangements avec l'organisation Etat islamique (EI).

La plainte du ministère de l'Economie porte, elle, sur une interdiction d'acheter du pétrole dans ce pays, édictée par l'Union européenne en 2012 dans le cadre d'une série de sanctions contre le régime de Bachar el-Assad. Cette plainte remonte à fin septembre.

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