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Thaïlande: l'armée décrète la loi martiale

Suite aux manifestations qui ont fait 28 morts depuis le début de la crise politique qui secoue le pays, l'armée thaïlandaise a décrété mardi la loi martiale.

20 mai 2014, 07:38
L'armée thaïlandaise assure qu'il ne s'agit pas d'un coup d'Etat.

L'armée thaïlandaise a décrété mardi la loi martiale et déployé des soldats dans Bangkok, après des mois de crise politique et des manifestations anti-gouvernementales ayant fait 28 morts. Elle s'est toutefois défendue de mener un coup d'Etat.

"Déclarer la loi martiale n'est pas un coup d'Etat", mais vise "à restaurer la paix et l'ordre public", a assuré l'armée dans une annonce faite au petit matin à la télévision.

Des soldats ont été déployés dans le centre de Bangkok, notamment dans le secteur des hôtels et des chaînes de télévision, a constaté l'AFP. Les militaires ont également placé des dizaines d'hommes, des véhicules et des points de contrôle à proximité d'une manifestation des Chemises rouges pro-gouvernementales dans une banlieue de Bangkok.

"Vivre normalement"

L'armée, qui avait jusqu'ici refusé de se laisser aspirer dans la spirale de la contestation, a toutefois ordonné aux manifestants des deux camps de rester sur leurs sites de rassemblement respectifs. "Le public ne doit pas paniquer et continuer à vivre sa vie normalement", a-t-elle affirmé.

Les transports en commun étaient aussi bondés que d'habitude et la présence militaire concentrée à certains lieux clés. Les inquiétudes étaient néanmoins vives, dans une capitale gardant en mémoire les plus de 90 morts de 2010 lorsque l'armée, sur ordre du gouvernement de l'époque, avait donné l'assaut contre les Chemises rouges qui occupaient le centre de Bangkok.

Médias censurés

L'armée a décrété la censure des médias dans l'intérêt de la "sécurité nationale", selon une déclaration lue sur toutes les chaînes de télévision et de radio.

L'armée "interdit à tous les médias de rapporter ou de distribuer toute information ou toute photographie nuisibles à la sécurité nationale", a précisé la déclaration du général Prayut Chan-O-Cha.

L'armée a aussi privé d'antenne dix chaînes de télévision, dont les très partisanes BlueSky (pro-opposition), AsiaUpdate et UDD (pro gouvernement), au motif qu'elles risquent de "déformer l'information" et d'"aggraver le conflit".

L'armée thaïlandaise avait déjà menacé jeudi d'intervenir dans la crise, après la mort de trois nouveaux manifestants dans une attaque à la grenade en plein Bangkok.

Le gouvernement continue à fonctionner

Le gouvernement intérimaire n'avait pas été avisé par les militaires qu'ils allaient déclarer la loi martiale, ce qui n'empêche pas le cabinet intérimaire de rester en fonction, a assuré Paradorn Pattanatabut, conseiller en charge de la sécurité auprès du gouvernement.

"Déclarer la loi martiale relève de l'autorité militaire", a-t-il relativisé. "Le gouvernement intérimaire existe toujours", a-t-il affirmé. Un conseil des ministres exceptionnel était en cours mardi matin.

L'opposition assure être dans sa dernière ligne droite contre le gouvernement intérimaire, avec la récente destitution de la Première ministre Yingluck Shinawatra. Ils l'accusaient d'être la marionnette de son frère, Thaksin Shinawatra, destitué par un coup d'Etat en 2006 et aujourd'hui en exil.

"Nous sommes convaincus que l'invocation de la loi martiale va bénéficier à notre mouvement et servir notre cause", a réagi Sathit Wongnongtoey, un des meneurs des manifestants d'opposition. De son côté, M. Thaksin a dit espérer que la loi martiale "ne détruira pas la démocratie".

Appel de Washington

Même inquiétude du côté des Etats-Unis. "Nous attendons de l'armée qu'elle respecte son engagement de donner à cette mesure un caractère temporaire pour empêcher la violence et de ne pas saper les institutions démocratiques", a déclaré une porte-parole du Département d'Etat américain, exhortant au dialogue.

A Tokyo, le gouvernement japonais a fait part de ses "grandes inquiétudes" face aux événements en Thaïlande, un pays où le Japon investit massivement.

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