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Trois à six ans requis contre les membres de Jamahat

Au cours de leur procès qui s'est ouvert ce mercredi, les six accusés du gang Jamahat font preuve d'une certaine éloquence. Ils ont minimisé certains faits et ont nié avoir pratiqué la séquestration. Le procureur a réclamé ds peines de prison allant de 3 à six ans.

20 juin 2013, 08:20
Trois nouvelles arrestations dans l'affaire Jamahat. Photo: Christian Galley

Le Ministère public a requis mercredi à La Chaux-de-Fonds des peines de prison inscrites entre 3 et 6 ans pour les six prévenus de l'affaire Jamahat. Ceux-ci, considérés comme très violents, sont accusés notamment de trafic de stupéfiants, séquestration, extorsion et brigandage.

Le procureur Nicolas Feuz a exclu tout sursis pour quatre prévenus mais ne s'oppose pas à des sursis partiels pour les deux autres. La détention déjà effectuée par les accusés est à déduire des peines requises. L'un d'eux pourrait ainsi sortir libre du procès.

Dans son réquisitoire, le procureur s'est attaché à montrer que les six hommes ont bel et bien travaillé en bande, contrairement à leurs dénégations le matin en début d'audience. Il a cité une série de témoignages dessinant selon lui une claire hiérarchie entre le chef, son bras droit, et ses "lieutenants".

Violence

Les prévenus sont âgés de 23 à 26 ans et sont d'origine bosniaque, tchétchène, russe ou encore afghane. Ils ont mis en place un important trafic de marijuana au Locle et à La Chaux-de-Fonds à partir de 2008. L'un deux en aurait vendu près de 80 kilos. Ils se fournissaient principalement dans le Jura bernois.

Selon le Ministère public, l'objectif de la bande était d'établir un monopole et d'éliminer la concurrence par la force. Ses membres obligeaient leurs revendeurs à écouler des quantités définies en un laps de temps donné.

Leurs méthodes sont décrites comme très violentes. Certaines victimes disent avoir été mises à genoux, attachées sur une chaise, ou déshabillées et humiliées. S'y ajouteraient des coups de poings, de balai, de raquette, de ceinture, de double-mètre. Deux personnes auraient même été séquestrées dans des caves.

Peur de parler

Selon le procureur, l'un des prévenus, étant assis à côté du chef présumé durant l'audience, n'a du coup pas osé confirmer devant la cour les menaces que ce dernier aurait proférées à son encontre.

"C'est une affaire marquée par la peur de parler, la crainte de représailles", a souligné Nicolas Feuz. "C'était le cas de tous les lésés, y compris les lésés non plaignants", a-t-il ajouté.

Dans le public, des membres de l'entourage des prévenus se sont alors esclaffé bruyamment à plusieurs reprises, ce qui a nécessité une remise à l'ordre de la part du président du tribunal.

Un peu plus tard, à la lecture d'une ancienne déclaration insultante d'un prévenu envers un plaignant, ce dernier est sorti de ses gonds et a crié la même insulte en direction du prévenu, qui a répliqué à son tour, avant que le président ne rétablisse le calme.

"Un mauvais film"

La journée d'audience avait pourtant commencé calmement. Le dispositif de sécurité était certes conséquent, mais surtout à cause du nombre d'accusés. Ces derniers se sont exprimés globalement d'un ton posé et dans un français courant, sauf le ressortissant russe qui a parfois recouru à l'interprète.

A part quelques pertes de patiences face à certaines questions, ils ont plutôt affiché un profil bas lors des interrogatoires - même si, gagnant en assurance, leurs interventions ont parfois pris des airs de plaidoiries, usant d'arguments d'une certaine habileté.

Plusieurs ont relevé ce qu'ils considèrent comme des incohérences et revirements de la part de plaignants durant la procédure. Ils ont aussi observé que ceux-ci sont loin d'être tous des oies blanches dans le milieu de la drogue et ont mis en doute leur crédibilité.

Au-delà, leur stratégie a consisté surtout à nier former un gang organisé et à se décrire comme de simples amis faisant du business. "Chacun a fait ses propres conneries tout seul", a lâché l'un d'eux. Ils ont admis certains actes - surtout quant au trafic - mais ont relativisé le degré de violence décrit par les personnes lésées.

Les accusations de séquestrations? "Une conspiration", "des mensonges de A à Z", "un mauvais film de cinéma", mis en scène "par jalousie". Les prévenus se sont d'ailleurs agacés que la presse ait donné d'eux une image qu'ils jugent exagérément sombre.

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