"Le boulanger et le sans-abri", tel pourrait être le titre de ce conte moderne. A Dole, dans le Jura français, Michel Flamant se lève tous les matins aux aurores pour fabriquer du pain. Ce rituel, il le connaît par coeur, lui qui a mis la main à la pâte, alors qu'il n'avait que 14 ans. Âgé aujourd'hui de 62 ans ce boulanger au caractère bien trempé a décidé de rendre son tablier.
L'homme aurait pu revendre son affaire au plus offrant, mais il a préféré la céder pour une bouchée de pain. En effet, le futur patron des lieux est un sans-abri. Le choix du candidat peut paraître surprenant, et pourtant. En décembre dernier, alors que Michel Flamant s'affaire à la préparation de son pain, il en faut peu pour qu'il passe de vie à trépas. Son four défectueux laisse échapper une grande quantité de monoxyde de carbone qui menace de l'asphyxier.
Heureusement pour lui, Jérôme Aucant, SDF de son état, se rend à la boulangerie ce jour-là et le tire de ce mauvais pas en prévenant immédiatement les secours. "Si Jérôme n'était pas passé à la boulangerie, je partais direct au boulevard des allongés", raconte l'artisan à l'AFP. Depuis plusieurs jours, le sans-abri faisait la manche devant sa boutique. Michel Flamant lui offrait régulièrement le café et un croissant.
Pour remercier son sauveur, le boulanger lui propose un emploi à mi-temps. Il faut dire que l'artisan aime transmettre sa passion et son savoir-faire. De Paris à Dole, en passant par Chicago, l'homme a monté de nombreuses affaires et formé plusieurs jeunes, à en croire Sputnik News.
Michel Flamant cède sa boulangerie au sans-abri qui l'a sauvé de la mort https://t.co/BIcDvz5h4s #AFP pic.twitter.com/orUt3RVrFL
— Agence France-Presse (@afpfr) 2 avril 2016
Jérôme Aucant qui cherche à quitter la rue accepte d'emblée la proposition et se met immédiatement au travail. "Il fait tout : la maçonnerie, la cuisine, le ménage, c’est impressionnant. Il est ici chez lui, il a les clefs et fait ce qu’il veut", raconte Michel Flamant à la Voix du Jura. Sachant qu'aucune des filles du couple Flamant ne voulait reprendre le commerce, Jérôme Aucant semblait donc être l'héritier tout désigné.
L'ex-SDF a jusqu'au mois de septembre, date du passage de témoin, pour parfaire ses connaissances de ce métier qu'il découvre pour la première fois. "Je n’ai jamais été à l’école mais j’ai toujours travaillé dans plein de domaines. A chaque fois ça se passe bien, on est content de mon travail, confie-t-il à nos confrères de la Voix du Jura. Il faut de la patience pour apprendre, mais le boulot ça ne me fait pas peur, et puis Michel me donne une opportunité. Ça me tient à cœur de reprendre la boulangerie et de faire vivre le commerce et les bons produits."
Don't care for money: #MichelFlamant hands over bakery to homeless man who saved his life https://t.co/RZFNkx7j2q pic.twitter.com/Syfs0rFdfv
— Firstpost (@firstpost) 12 avril 2016
De quoi permettre à Michel Flamant de partir à la retraite l'esprit tranquille, lui qui rêve de sillonner les routes avec son camping-car.