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Une mère maquerelle thaïlandaise condamnée à 6,5 ans de réclusion

La justice bernoise a condamné une thaïlandaise à six ans et six mois de prison pour proxénétisme et trafic d'être humain. Elle aurait fait venir une cinquantaine de compatriotes dans une demi-douzaine de cantons.

22 mars 2013, 16:18
L'homme de 29 ans et la femme de 31 ans qui ont été condamnés à la perpétuité avaient assassiné dans d'horribles circonstances une femme enceinte de 20 ans

Une mère maquerelle thaïlandaise de 43 ans a été condamnée vendredi à six ans et demi de réclusion par le Tribunal régional de Berne. Elle est accusée de trafic d'êtres humains et d'encouragement à la prostitution pour avoir fait venir se prostituer en Suisse une cinquantaine de compatriotes.

Il s'agit d'une des plus importantes affaires de trafic d'êtres humains découvertes en Suisse, selon le tribunal bernois. Le réseau est resté actif de 2008 à 2011 dans une demi-douzaine de cantons, de Winterthour à Bienne en passant par Olten, Bâle et Lucerne.
 
Au bénéfice d'un permis d'établissement helvétique, la principale accusée a été arrêtée en 2011 en Allemagne, puis extradée vers la Suisse. En plus de chapeauter le réseau de maisons closes dans lesquelles elle répartissait les filles et les travestis, elle exploitait elle-même un bordel à Müllheim (TG).
 
Son commerce a été mis au jour après qu'une femme d'origine thaïlandaise a contacté la police cantonale bernoise pour affirmer qu'elle était retenue contre son gré dans un établissement à Berne et forcée à se prostituer. Une instruction judiciaire de grande envergure a alors été ouverte. Le gérant de la maison bernoise a déjà été jugé et condamné à 3,5 ans de peine privative de liberté.
 
En tout, sept personnes sont accusées d'avoir participé au réseau, dont le mari de la mère maquerelle depuis 2006. Ce Suisse a été condamné à deux ans et demi de prison avec un sursis partiel par le même tribunal vendredi.
 
Détresse humaine
 
Conscientes qu'elles venaient en Europe pour se prostituer, mais certainement pas des conditions dans lesquelles cela s'effectuerait, les victimes étaient pour la plupart issues de milieux thaïlandais défavorisés. Elles avaient dû remettre leurs papiers d'identité aux proxénètes, ne maîtrisaient pas les langues nationales et n'avaient aucune connaissance des lieux où elles se trouvaient.
 
Les prostituées devaient s'acquitter d'une dette de 30'000 francs contractée lors de leur voyage. Elles devaient laisser 50% de leur revenu à l'exploitant du bordel. Les victimes de cette traite d'êtres humains n'avaient plus que les autres 50% pour s'acquitter de leurs "dettes" de voyage. Elles devaient parfois gagner jusqu'à 90'000 francs avant de pouvoir garder de l'argent pour elles.
 
Un "susucre"
 
Elles parvenaient quand même à verser un peu d'argent à leur famille restée au pays. Un petit sucre, selon le tribunal, qu'elles ne pouvaient même pas envoyer elles-mêmes, mais qui était distribué par une cousine de l'accusée.
 
Cette dernière faisait usage de son pouvoir envers les victimes. Certes sans violence physique, mais via une surveillance et un contrôle de tous les instants, sans compter les pressions et menaces. Le Ministère public a requis une peine de neuf ans de réclusion.
 
Le tribunal croit l'accusée quand elle déclare n'être qu'un rouage dans une organisation opérant en Thaïlande. Mais cela n'enlève rien à sa forte culpabilité, car elle a elle-même profité du système.
 
Comme la drogue et les armes
 
Soulignant que la traite d'êtres humains est la troisième source de revenu criminelle au monde derrière le trafic d'armes et de drogue, le tribunal a noté qu'en moins de quatre ans, l'accusée a réalisé un chiffre d'affaires estimé à près de 1,8 million de francs. Elle a en outre été accusée de blanchiment d'argent, d'infractions à la loi fédérale sur les étrangers, et de falsification de papiers d'identité.
 
Séjournant en situation illégale en Suisse, la plupart des victimes ont regagné leur pays d'origine et n'ont pas voulu participer comme partie plaignante à la procédure pénale. Une seule victime qui participe à la procédure pénale séjourne actuellement en Suisse. Pour ces dernières, le jugement du tribunal bernois représente une reconnaissance, se félicite l'Office spécialisé dans la traite et la migration des femmes (FIZ).
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