Le débat concernant l'initiative sur les criminels étrangers soumise au vote le 28 février est biaisé, a dénoncé vendredi l'UDC devant la presse. Mais le parti estime que le peuple saura faire la part des choses s'il dispose des informations nécessaires.
La volonté exprimée par les Suisses en 2010 doit enfin être mise en oeuvre, a expliqué le chef du groupe parlementaire Adrian Amstutz. Le peuple avait alors soutenu l'initiative du parti pour le renvoi des criminels étrangers et refusé un contre-projet qui autorisait les juges à renoncer à une expulsion dans les cas de rigueur.
Or le Parlement a de nouveau prévu une telle clause dans la loi d'application de l'initiative. "C'est le scandale historique de toute l'histoire", a tonné le conseiller national bernois. Les juges trouveront toujours une excuse pour ne pas expulser quelqu'un, a attaqué le conseiller d'Etat valaisan Oskar Freysinger.
Pression sur le Parlement
Le parti a préféré miser sur sa nouvelle initiative dite "de mise en oeuvre" car s'il avait lancé le référendum contre la loi et obtenu gain de cause, on serait revenu à la case départ, a argumenté M.Amstutz. L'UDC oublie de dire qu'elle voulait d'abord faire pression pour que le Parlement reprenne ses propositions dans la loi.
Celui-ci n'ayant pas obtempéré, la seconde initiative a été maintenue. Les initiants reconnaissent que le texte concocté par le Parlement serait "un léger progrès" par rapport à la situation actuelle. Selon les estimations, il pourrait entraîner quelque 4000 renvois alors que le chiffre monterait à 10'000 avec l'initiative de mise en oeuvre.
Ce texte précise que l'expulsion sera automatique pour les étrangers auteurs de délits graves (assassinats, brigandages, viols, mais aussi abus aux assurances sociales), qu'ils soient récidivistes ou non.
Le renvoi devrait aussi frapper les délinquants qui commettent à plusieurs reprises des délits affectant principalement l'ordre et la sécurité publics (menaces contre les autorités, rixes, lésions corporelles simples). Seule exception, l'expulsion ne pourrait être prononcée si l'acte a été commis en état de défense ou de nécessité excusable. Pas question non plus de renvoyer quelqu'un vers un pays en guerre.