"Nous venons vers vous en toute humilité, mais avec le sentiment d'avoir participé à l'effort pour la sécurité des employés de l'Etat le long des routes." Ministre en charge des infrastructures, mais aussi des ressources humaines, Nuria Gorrite tenait à présenter les mesures imaginées et mises en place au sein du Service des routes pour éviter des drames humains "qui meurtrissent aussi bien les familles des victimes que celles des automobilistes impliqués. Quand nous sommes au volant, qui plus est sur un trajet familier, on est pris dans sa propre verticalité, ses soucis, ses projets, son envie de rentrer et on oublie qu'il peut y avoir des hommes en action sur la chaussée."
L'humilité, la Morgienne en connaît l'importance. Il y a un an à pareille époque, elle convoquait déjà la presse pour présenter la campagne de prévention qui fleurit au bord de nos routes depuis 2013. "Seuls trois journalistes étaient venus. La semaine suivante, ils se bousculaient auprès de nos services après un accident à la route de Berne" , se souvient la conseillère d'Etat qui se défend toutefois de ne se préoccuper de sécurité qu'à la suite d'événements graves.
Chef de la division entretien, Laurent Tribolet confirme: "La remise en question est permanente, mais elle s'est accentuée depuis 2009, avec notamment l'embauche d'un chargé de sécurité sur les routes nationales. Nous sommes d'ailleurs en train de recruter son homologue pour les routes cantonales où le danger croît également."
Intervenir sur une autoroute qui voit défiler près de 100 000 véhicules par jour a entraîné une profonde réorganisation. "Nos équipes travaillent davantage de nuit, indique Laurent Tribolet. En outre, nous avons modifié la planification des chantiers, histoire de procéder à des opérations coup de poing sur un tronçon et y régler toutes les problématiques d'un coup."
Plus visibles pour l'automobiliste, les dispositifs de signalisation ont également changé. Désormais, chaque chantier est précédé d'un camion tampon. Doté d'éclairages de déviation et lesté de 12 tonnes de fonte, l'engin est surtout équipé d'un impressionnant tampon amortisseur à l'arrière. "Nous considérons cela comme des consommables" , illustre le grand chef des cantonniers. Des automobilistes distraits ou inconscients en détruisent en moyenne un par mois. "Certains véhicules sont même ressortis indemnes du choc" , relève Laurent Tribolet. Le remplacement du dispositif coûte tout de même quelque 17 000 francs au chauffeur, ou plutôt à son assurance.
Les camionnettes du service des routes vont elles aussi bientôt changer. A l'image de véhicules français, elles seront dotées de portes coulissantes latérales qui permettront aux hommes en orange de descendre de leur fourgonnette du côté opposé au trafic.
Des cantonniers inventifs
Car c'est bien quand les collaborateurs sont sur la chaussée avec le flux de circulation qu'ils prennent les plus gros risques. Associés aux réflexions sur la sécurité, les hommes de terrain ont pu y apporter leur contribution. Ils ont ainsi suggéré de recourir plus fréquemment à des véhicules télécommandés pour entretenir les hectares de surfaces vertes, souvent en dévers, qui longent le réseau routier et autoroutier.
Ils ont surtout inventé de nouveaux outils, telle cette rampe inédite qui permet de disposer des balises au milieu de l'autoroute sans quitter le pont supérieur du camion. Une pince astucieuse a aussi été développée dans les ateliers du Service des routes afin de récupérer ces balises en évitant toujours de cheminer à quelques centimètres des voitures et des camions. Présentés en vidéo sur Youtube, ces outils "made in Etat de Vaud" ont séduit d'autres exploitants d'autoroutes en Europe. " Nous n'avons pas déposé de brevets, mais ces équipements vont être reproduits bien au-delà de notre canton" , se félicite Laurent Tribolet.
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