On ne cesse de le répéter, de circulaires en points presse, de Berne à Bière: les enfants sont très touchés par la cinquième vague de Covid et le variant Delta (en attendant Omicron).

Alors que l’OFSP annonçait mardi que les 5-11 ans pourraient être vaccinés dès janvier, nous faisons le point sur ce que l’on sait sur le Covid-19 et l’enfant. Avec une certitude: c’est inquiétant parce qu’il y a beaucoup de cas, mais pas trop quand même, parce qu’ils ne nécessitent (presque) jamais d’hospitalisation.

Court et peu sévère

Chez l’enfant de moins de 10 ans, les symptômes du Covid sont à la fois de moindre intensité et de plus courte durée. La perte de l’odorat et du goût est moins observée. Pendant la phase virale, des manifestations de rhume, maux de gorge et toux ainsi que de la fièvre sont essentiellement constatées. «De façon globale, le Covid est moins sévère et ressemble à un état grippal», résume Noémie Wagner, pédiatre infectiologue au HUG.

De façon globale, le Covid chez les enfants de moins de 10 ans est moins sévère et ressemble à un état grippal

Noémie Wagner, pédiatre infectiologue au HUG

A Lausanne, Pierre-Alex Crisinel, pédiatre au CHUV, à l’Unité d’infectiologie pédiatrique et vaccinologie, mentionne des études à large échelle qui démontrent que le temps de guérison chez l’enfant, est en moyenne de cinq jours et de sept jours chez les adolescents.

Les données scientifiques appuient qu’après une période de dix jours, il n’y a plus de risque de contagion chez un patient qui n’a plus de symptôme.

Comment faire le tri dans les symptômes

La circulation actuelle du coronavirus justifie un dépistage précoce et systématique au moindre signe, même bénin, car chez l’enfant les symptômes disparaissent rapidement. Même un rhume. Même une «éruption cutanée». En fait, n’importe quel symptôme «hivernal»… Rester vigilant, donc, mais ne pas s’inquiéter pour autant.

Lorsqu’un enfant se plaint exclusivement de maux gastro-intestinaux, par exemple, Pierre-Alex Crisinel se montre rassurant: «Il ne faut pas s’inquiéter, la probabilité que ce ne soit pas le Covid est la plus grande.»

A cet âge, il est très fréquent de cumuler deux virus ou d’attraper un virus après l’autre. Par exemple: Covid et un autre virus causant une gastro-entérite ou un refroidissement. «Pour les enfants, le Covid-19 est un virus parmi d’autres, mais la persistance des symptômes au-delà de 10 jours justifie un avis médical. Il n’est pas impossible qu’une autre infection en soit la cause», souligne Noémie Wagner.

Rares complications

Très peu fréquentes chez l’enfant sain, les complications constatées sont plus habituelles chez les patients souffrant de maladies pulmonaires chroniques, de maladies cardiaques congénitales ou de maladies neurologiques. «Si votre enfant présente seulement des symptômes légers, vous n’avez pas besoin de vous présenter aux urgences de l’hôpital», affirme Andrès Pascual, médecin-chef coresponsable du service de pédiatrie à l’Hôpital de Nyon.

Des études à large échelle démontrent que le temps de guérison chez l’enfant est en moyenne de cinq jours.

Pierre-Alex Crisinel, pédiatre à l’Unité d’infectiologie pédiatrique et vaccinologie-CHUV

Concernant surtout les bébés de moins de trois mois, l’hospitalisation se justifie en cas de forte fièvre ou des difficultés respiratoires, ne serait-ce que pour en surveiller l’évolution.

Du côté des HUG, Noémie Wagner précise qu’il y a quelques enfants hospitalisés avec un Covid-19, mais la majorité d’entre eux sont admis pour d’autres raisons médicales, avec en plus une infection Covid-19. Ou alors ils sont en surveillance en raison de leur très jeune âge.

Des cas de Covid long ?

«Le Covid long touche très peu d’enfants et plutôt sans atteinte d’organe. La fatigue peut durer deux à trois semaines sans que cela soit inattendu», observe Pierre-Alex Crisinel. Le pédiatre ajoute qu’au-delà d’un mois, il faut se poser des questions.

Les adolescents et préadolescents sont plus susceptibles de souffrir d’un Covid long avec des signes de fatigue, myalgies, perte de goût ou encore maux de tête, indique Andres Pascual.

Une consultation spécialisée post-Covid prend en charge les enfants et les adolescents au CHUV ou aux HUG.

Sévère et heureusement très rare, à ne pas confondre avec le Covid long, le syndrome inflammatoire multisystémique de l’enfant (MIS-C) se déclare généralement dans les 3 à 6 semaines qui suivent une infection par le Covid-19, y compris asymptomatique. Il touche plus particulièrement les préadolescents et les adolescents et se manifeste par de la fièvre accompagnée d’un mauvais état général. «Des troubles gastro-intestinaux, une éruption cutanée et une conjonctivite peuvent également être présents. Une consultation médicale est nécessaire», explique Noémie Wagner.

Pour les enfants, le plus problématique est de ne pas avoir un discours d’avenir. Ils ont besoin de se projeter.

Andrès Pascual médecin-chef coresponsable du service de pédiatrie à l’Hôpital de Nyon

La famille, ce nid

Le respect des gestes barrière avec des jeunes enfants jeunes reste très difficile. Le risque de transmission le plus élevé réside d’ailleurs au sein de la famille. Ici comme ailleurs, les trois spécialistes sont unanimes sur les bénéfices de la vaccination.

Les membres de la famille vaccinés ou immunisés présentent en effet un risque beaucoup plus faible d’attraper le Covid-19 ou d’en refaire un, et la probabilité de souffrir de complications est quasiment inexistante. «Mais un parent vacciné avec Pfizer au mois de février dernier est moins bien protégé. Plus la vaccination est récente, plus la protection est grande, d’où l’importance de la 3e dose», détaille Pierre-Alex Crisinel.

«Actuellement, la majorité des contaminations sont dues au variant Delta. Les vaccins couvrent Alpha et Delta, malgré les différences qui existent entre les deux variants», relève Noémie Wagner. Concernant Omicron, les données restent encore insuffisantes, «mais nous ne constatons pas de signes qu’il sera plus sévère que les autres variants», ajoute la spécialiste.

Les dégâts psychologiques, l’autre souffrance, très inquiétante

«Une face cachée de la pandémie se manifeste par les effets délétères du confinement, notamment chez les préados et les ados. A l’heure actuelle sortir les enfants de l’école par crainte d’une contamination est pire que de prendre le risque», observe Andrès Pascual.

Dans sa consultation, il voit les dégâts psychologiques de la pandémie qui se cumulent avec ceux créés par les fausses informations et les angoisses climatiques. Il s’exprime sans détour: «Pour les enfants, le plus problématique est de ne pas avoir un discours d’avenir. Ils ont besoin de se projeter. En tant qu’adultes, nous devons utiliser les moyens à notre disposition pour nous protéger. Et la vaccination est un outil puissant pour s’approcher de la fin de la pandémie».

Le pédiatre en appelle encore à la vigilance des adultes: «Il faut faire très attention à ce que l’on transmet aux enfants et aux adolescents, ils ont besoin de notre soutien».

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