La justice genevoise devra revoir la motivation de sa dernière décision refusant une mise en liberté provisoire à Erwin Sperisen. Condamné à la prison à vie en juin 2014, l'ex-chef de la police nationale civile du Guatémala attend son procès en appel.
En janvier dernier, il avait exigé une nouvelle fois sa mise en liberté immédiate. Il avait invoqué une violation du principe de célérité et une insuffisance des charges retenues contre lui, malgré sa condamnation en première instance.
Sa demande avait été rejetée par la présidente de la Chambre d'appel de la Cour de justice genevoise. La magistrate avait relevé qu'il existait un risque de fuite, que les charges étaient suffisantes et que les principes de proportionnalité et de célérité avaient été respectés.
Saisi en dernière instance, le TF reproche à la magistrate d'avoir refusé la demande d'Erwin Sperisen en se référant à un précédent veto qui avait été opposé fin avril 2013 à l'ex-chef de la police nationale civile du Ghatémala. Comme le souligne la Haute Cour, "la cause a évolué en presque deux ans".
"Des débats ont eu lieu devant le Tribunal criminel". Dans ces circonstances, l'instance cantonale ne pouvait simplement refuser la demande de mise en liberté d'Erwin Sperisen en se référant à une de ses précédentes décisions.
Coupable de six assassinats
Désavouée, la présidente de la Chambre d'appel pénal de la Cour de justice genevoise devra revoir sa copie. Une nouvelle décision pourrait tomber avant l'ouverture des débats en appel, fixée au 4 mai prochain.
Pour mémoire, Erwin Sperisen a été reconnu co-auteur de six assassinats et auteur direct d'un autre lors d'une opération menée à la prison guatémaltèque de Pavon en 2006. Bi-national helvético- guatémaltèque, Erwin Sperisen a en revanche été acquitté des charges de trois autres assassinats lors de la traque de prisonniers qui s'étaient enfuis du pénitencier "El Infernito" en 2005.
Dans sa déclaration en vue des débats d'appel, le Ministère public genevois a conclu à ce qu'Erwin Sperisen soit déclaré coupable des accusations dont il a été blanchi. Dans un recours de 115 pages, l'accusé a conclu à son acquittement complet.