A Genève, le Cartel intersyndical de la fonction publique a officiellement lancé ce mardi le référendum contre le renforcement du frein à l'endettement ou "Personal Stop". Soutenu par l'ensemble de la gauche, il a jusqu'au 11 janvier pour recueillir 7403 signatures.
"Notre objectif est de récolter 10'000 signatures en dix jours ou 20'000 en vingt jours", a déclaré devant les médias Marc Simeth, président du cartel. Votée par la majorité de droite du Grand Conseil, la loi imaginée par le PLR limite les charges de fonctionnement et du personnel jusqu'à ce que la dette diminue au niveau des revenus annuels de l'Etat, soit 8 milliards de francs.
Le canton de Genève est endetté pour plus de 13 milliards. Les référendaires craignent 25 ans de blocage des engagements, alors que la population va augmenter de 0,6%. Les besoins vont s'accroître aussi, a indiqué M. Simeth, qualifiant cette loi d'"aberration".
Exclusion programmée
Emblématique d'une logique de déstructuration des services publics, cette loi aura des effets sur la société à long terme, a mis en garde Paolo Gilardi, du Syndicat des services publics. Combattue par le Conseil d'Etat, elle va condamner un grand nombre de personnes à être exclues de l'accès à la culture, à l'éducation, à la santé, aux prestations sociales.
Pour le syndicaliste, "la situation est gravissime. La droite est fixée sur le dogme de la résorption de la dette, mais elle a refusé la proposition du gouvernement de suspendre temporairement le bouclier fiscal, ce qui aurait rapporté 45 millions. Elle veut protéger les plus riches et prendre dans la poche de ceux qui travaillent."
Population en otage
Le PS voit dans cette loi une privatisation des services publics. "L'Etat ne pourra plus fonctionner, à moins de déléguer des prestations au privé", a avancé la députée Lydia Schneider Hausser. "La population genevoise est prise en otage, a relevé M. Simeth. Elle devrait se demander qui va profiter de la privatisation et qui va payer des prestations plus chères."
Certaines charges contraintes, comme celles liées aux intérêts de la dette et aux subsides d'assurance-maladie, augmentent chaque année. "Il faudra trouver des économies ailleurs", a souligné Mme Schneider Hausser. "La mise en concurrence des services publics est d'autant plus dangereuse qu'on assiste à un renforcement de la politique sécuritaire", a déploré Pablo Cruchon, d'Ensemble à Gauche.