Depuis toute petite, alors qu’elle voguait sur le bateau familial, Anaëlle Pattusch a toujours eu cette fibre marine. «Mon frère et ma sœur étaient plutôt là pour la pêche, alors que moi, j’étais intéressée par la navigation», sourit la jeune femme.

Cet amour de l’eau ne l’a pas quitté au fil des ans et de ses diverses expériences (optimist, laser, 29er). A tel point que le Léman est rapidement devenu trop étroit pour ses ambitions.

Alors, en 2020, la jeune femme est allée frapper à la porte de son illustre voisin. «Les parents d’Alan Roura habitent à côté de chez moi, à Versoix. Je leur ai demandé si c’était possible de faire un stage avec leur fils et ça s’est fait», raconte la jeune navigatrice.

Direction la Mini Transat

Un mois et demi durant, Anaëlle Pattusch a découvert toutes les ficelles du métier à Lorient. Un véritable électrochoc. «J’ai vraiment adoré! J’ai été plongée dans ce milieu et en voyant tous les Minis préparer leur course, ça m’a convaincu», développe-t-elle.

Quand on est Suisse et qu’on veut passer dans le monde de la course au large, on est un peu livré à nous-même.

Anaëlle Pattusch, navigatrice de Versoix

Ni une ni deux, la Versoisienne décide de se lancer à l’abordage de la Mini Transat 2023, épreuve de référence pour débuter la course au large en solitaire. Disputée toutes les années impairs, elle met en compétition les grands skippers de demain.

Pour Anaëlle Pattusch, 2021 s’est donc résumée à tout, sauf à la navigation: recherche de partenaires, démarches administratives, achat et préparation du bateau… «Heureusement que ma famille m’aide dans ce projet», glisse l’intéressée, dont le budget total avoisine les 200 000 francs.

Anaëlle Pattusch se réjouit particulièrement de découvrir la Bretagne. Photo: Sigfredo Haro

«Quand on est Suisse et qu’on veut passer dans le monde de la course au large, on est un peu livré à nous-même. Il faut déménager, trouver un bateau et des partenaires», énumère Anaëlle Pattusch, qui a notamment pu compter sur le soutien du Commugnan Valentin Gautier.

Un premier podium

Participer à la Mini Transat n’est pas pour autant automatique. Afin de valider sa qualification, Anaëlle Pattusch doit boucler 1500 milles nautiques en compétition, ainsi que 1000 milles nautiques hors course, en solitaire. La première partie du contrat est pratiquement remplie, avec un certain succès.

Huit jours en mer, ça sera une première pour moi, mais je me réjouis. C’est un avant-goût de la transat.

Anaëlle Pattusch, partie dimanche pour huit jours en mer

«La semaine dernière, sur la Calvados Cup, j’ai fait ma première course en solitaire, relève la Versoisienne. J’ai eu des soucis de radio au départ, puis mon AIS, le système qui permet de voir où sont les autres bateaux, m’a lâché en pleine nuit. Quand il a repris, je ne voyais plus personne, mais j’étais première!»

Voir cette publication sur Instagram

Une publication partagée par Anaëlle Pattusch (@anaelle_minitransat2023_en_vue)

Finalement troisième, Anaëlle Pattusch commence gentiment à dompter «Flash», son Pogo III, bateau fiable et polyvalent de 6,5 m. Mais la performance n’est pas la priorité de l’année pour la navigatrice, qui cherche à en apprendre davantage à chaque sortie.

Dans la Mecque de la course au large

Dimanche soir, la jeune skippeuse est partie à l’assaut de l’Irlande pour boucler ses 1000 milles nautiques en solitaire hors compétition. «Il y a un peu d’appréhension, lâchait-elle samedi, peu avant son départ. Huit jours en mer, ça sera une première pour moi, mais je me réjouis. C’est un avant-goût de la transat.»

Le Pogo III d’Anaëlle Pattusch sur les flots. Photo: DR

A son retour, l’étudiante de 19 ans, la maturité en poche depuis le mois dernier, débarquera directement dans la Mecque de la course au large, à Lorient. Elle y passera sa prochaine année, profitant d’une formation de qualité tout en côtoyant les plus grands marins de la planète.

«Je vais profiter du centre d’entraînement, une base qui regroupe l’ensemble des formations nécessaires pour participer à une course comme la Mini Transat, explique la Suissesse. Il y a des entraînements sur l’eau, mais aussi des formations sur l’électronique, la météo, la préparation du bateau… De ce que j’ai déjà vu, l’ambiance y est excellente!»

L’exemple Justine Mettraux

Ne reste plus à Anaëlle Pattusch qu’à trouver une coloc pour passer ses premières semaines au rythme des Alan Roura, Valentin Gautier ou encore Justine Mettraux. Versoisienne comme elle, cette dernière l’a déjà prise sous son aile pour un convoyage sur son ancien Figaro.

«Nos parents avaient leurs bateaux à côté à Port Choiseul, je l’ai connue là-bas et je l’ai aidée un peu dans sa communication pour son projet, glisse Justine Mettraux. Après, moi, j’avais fait la Mini Transat à 27 ans, avec une formation à côté, alors qu’Anaëlle commence très jeune, mais c’est une bonne première expérience. C’est un bon point de départ pour voir si elle a envie de poursuivre là-dedans ou pas.»

La jeune Versoisienne avant son départ pour l’Irlande, dimanche. Photo: DR

De là à dire qu’Anaëlle Pattusch prend le sillon de sa glorieuse aînée, il n’y a qu’un pas qu’il est encore trop tôt pour franchir. «J’espère aller aussi loin qu’elle et avoir son parcours, c’est clairement un exemple», termine la Genevoise, dont le rêve ultime, comme Justine, est de s’illustrer un jour sur le Vendée Globe.

Voile: Justine Mettraux à la conquête du Vendée Globe

Après s’être construit un joli palmarès dans le milieu de la course au large, la Versoisienne de 35 ans s’est lancée à l’abordage du prochain tour du monde en solitaire, en 2024.