INTERVIEW
LAURA LOSE, JOURNALISTE À LA CÔTE, PARTAGE SON ATTACHEMENT À SA RÉGION
«La Côte contribue à faire aimer cette région»
Laura est de Crassier. Après ses études de journalisme à Neuchâtel, un passage à Arcinfo, à la RTS et au Matin, elle est de retour dans la région, où elle écrit pour La Côte depuis cinq ans. Elle aime travailler pour sa région de coeur, et le titre qui l’emploie lui offre la possibilité de la redécouvrir sans fin, à travers la diversité des sujets qu’elle couvre quotidiennement.
Comment décririez-vous La Côte?
C’est un média proche des gens qui raconte des histoires vraies, qu’il est le seul à connaître et à relayer. Sa principale force réside dans sa proximité avec les gens dont il parle. Il est attaché à sa région et la fait vivre en participant à la vie locale et en suscitant le débat.
Quel est le défi originel que La Côte doit relever au quotidien?
Créer du lien entre des personnes ou des communautés qui ne partagent pas un même sentiment d’appartenance. Les gens de La Côte ne se sentent pas de La Côte, ils viennent de Morges ou de Nyon, d’un village au pied du Jura ou d’une petite commune du bord du lac. Comment intéresser ces personnes à la politique de leurs voisins ou à des événements qui ne se passent pas sous leurs fenêtres? Ce sont les questions que l’on se pose tous les jours.
Pouvez-vous nous décrire la structure du journal?
C’est un journal généraliste. Les journalistes basés à Nyon et Morges réalisent les articles des rubriques locales et sportives. Chacune et chacun d’entre nous a des communes attitrées, ce qui nous laisse beaucoup de liberté pour traiter toutes sortes de sujets. On essaie d’assurer un équilibre entre des enquêtes, des portraits, des interviews, des sujets politiques approfondis ou des histoires humaines intéressantes. La priorité est donnée aux sujets qui pourraient avoir un impact dans la vie des gens.
En tant que journaliste, quelle expérience est-ce de travailler pour ce titre?
Pour moi, c’est un rêve qui s’est réalisé: travailler dans cette région et participer à son épanouissement… Alors que j’y ai grandi, que j’y vis et y travaille, je découvre encore de nouvelles choses, des personnes et des lieux incroyables. Ça me fascine. Mon métier me met en contact avec des gens tellement différents qui m’apprennent des choses dont j’ignorais tout. On pense souvent qu’il faut aller loin pour être surpris ou faire des découvertes, mais en fait, pour peu qu’on se donne la peine de regarder, autour de soi c’est infini. On nous demande souvent si on a toujours des choses à raconter dans le journal, et honnêtement oui. On ne doit jamais se forcer pour trouver des sujets. Même au contraire, on est toujours contraints de faire des choix difficiles.
Y a-t-il des aspects plus compliqués que d’autres?
Rester indépendant malgré la proximité que l’on a avec nos sujets. Travailler avec l’actualité de gens qu’on connaît, c’est un sacré enjeu. D’abord, cette proximité laisse parfois penser à nos proches qu’on aurait le devoir de parler d’eux. On doit toujours garder en tête l’intérêt du lecteur et non celui du sujet, et ça n’est pas facile tous les jours. Et puis, le fait de vivre dans la région que l’on couvre nous amène à croiser nos interlocuteurs dans la rue, ou le soir au restaurant. L’aspect positif est qu’on partage les mêmes problématiques qu’eux, personnellement. On sait bien de quoi on parle et on obtient aussi des informations plus facilement.
«La Côte participe à la démocratie en relayant l’engagement et les actions des différents acteurs sociaux et politiques de la région.»
Quel rôle joue le journal concrètement dans la vie de la région?
J’espère que nos articles inspirent les gens, les motivent à se lancer dans de nouveaux projets… Je crois que La Côte participe à créer des débats et à relier les personnes entre elles. Si le proverbe «Plus on connaît, plus on aime» est vrai, alors La Côte contribue à faire aimer cette région et les multiples communautés qui la composent, en les faisant se rencontrer ou mieux se connaître. C’est aussi ça la force d’un journal régional: l’information qu’il publie touche de manière très personnelle ses lecteurs, puisqu’il s’agit de leur environnement direct. Cela leur offre des éléments pour agir localement, à leur échelle.
La presse régionale est-elle un genre de service public?
Nous ne fonctionnons pas grâce à une redevance payée par toutes et tous, comme c’est le cas de la RTS. Nous sommes une entreprise privée, mais notre mission est bien un service au public. La Côte participe à la démocratie en relayant l’engagement et les actions des différents acteurs sociaux et politiques de la région. Ce média porte les voix qui s’expriment au sujet de la communauté et de la manière de vivre ensemble. Et il explique aussi les décisions prises, les enjeux d’une initiative, etc. La politique, ça n’est pas seulement les votations fédérales. Elle se passe aussi juste à côté de chez nous, dans nos communes.
Qu’apporte le numérique à la force du titre et en quoi cela impacte votre métier?
Cela nous offre la possibilité de publier l’information plus vite et aussi de toucher un lectorat différent, plus large et peut-être plus jeune aussi. Certaines personnes ne lisent que la version papier et d’autres que la version numérique. C’est bénéfique. On adapte notre manière d’écrire au web pour que ce soit le plus accessible possible sur tous les supports.
Racontez-nous une anecdote de la présence du titre dans la vie sociale des gens?
J’avais fait un article sur un artisan à Le Vaud qui fabrique des surfs en bois. Et deux ans plus tard, j’apprends que cet homme reprend l’entreprise d’un autre Vauli qui, lui, fabrique des arcs en bois. L’histoire est originale, alors nous décidons d’en faire un article. Et là, j’apprends qu’ils se sont connus grâce à mon premier sujet. C’est une preuve réjouissante que le journal contribue réellement à relier les gens entre eux.