Délicatement, il saisit une frêle abeille entre ses mains et la ramène dans sa ruche, située à quelques mètres de là. La mouche à miel, probablement attirée par une douce odeur, s’est retrouvée dans l’atelier de Guillaume Schneider, aux Rochettes, sur les hauts d’Aubonne. «Il fait froid en cette fin d’octobre et elle est trop faible, dame abeille n’aurait pas réussi à voler seule jusqu’à la ruche», explique l’Aubonnois.

C’est une année faste pour l’apiculteur, certifié bio depuis 2016, ainsi que pour l’association Mellifera qu’il a cofondée en 2015. Basée à Aubonne, elle défend trois causes indissociables: les abeilles, l’apiculture et l’environnement.

Cela lui a valu, en juin, de recevoir une première récompense. Le projet «Une autre apiculture», porté par Mellifera, a été le coup de coeur de la Société électrique des forces de l’Aubonne (SEFA) dans le cadre de son premier Prix de la transition. Et, en octobre, la Municipalité d’Aubonne a attribué à Guillaume Schneider le Prix de la Ville qui honore une personnalité qui fait «rayonner Aubonne loin à la ronde».

Tant la SEFA que la commune ont été sensibles à la démarche originale portée par l’Aubonnois et l’association qui conçoivent le métier d’apiculteur comme un cercle vertueux. «L’objectif est de réduire l’empreinte environnementale de nos activités, en menant une réflexion sur tout le processus, de la construction des ruches, en passant par la récolte du miel, le conditionnement, l’emballage et le transport», explique l’apiculteur aubonnois.

A vélo depuis le Val-de-Travers

Car depuis qu’adolescent le dard des abeilles a piqué sa curiosité, l’Aubonnois déploie une énergie folle pour défendre ses protégées qui le fascinent, mais également ses convictions environnementales. Il a commencé par fabriquer lui-même ses propres ruches vers 14-15 ans. Aujourd’hui, adepte de la petite reine, c’est à la force des mollets qu’il livre les joyaux de ses précieuses butineuses aux membres de l’association qui ont parrainé un rucher. Ces derniers reçoivent à domicile leurs pots de miel dûment consignés. C’est avec tout autant d’énergie qu’il monte sur le vélo extracteur de miel qu’il a conçu pour expliquer, à des fins pédagogiques, le procédé aux visiteurs.

Chacun peut faire des gestes écologiques à l’échelon individuel mais il est encore plus important que des actions d’envergure soient portées par des politiques.

Guillaume Schneider apiculteur et conseiller communal

Mais sa passion pour la petite reine et le transport écologique n’a rien d’un coup marketing. Homme de convictions, le fraîchement quadragénaire utilise son vélo cargo pour faire ses courses, aller à la déchetterie, transporter ses deux enfants. «Dans les années 2000, lorsqu’il habitait encore dans le Val-de-Travers et qu’il avait déjà posé ses ruches à Aubonne, il venait à vélo depuis le canton de Neuchâtel pour s’occuper de ses abeilles. Il était parfois transi de froid ou complètement trempé!» se souvient l’Aubonnoise Jacqueline Cretegny.

Enfin, c’est avec vigueur et passion que Guillaume Schneider n’hésite pas à cirer les pompes des gens pour promouvoir la qualité de son cirage, entièrement biologique, qu’il a créé à partir de la cire d’abeilles produite par ses butineuses.

Le jeu politique aussi

Bien avant «Icare», le jeu de l’échelle qu’il vient de créer (lire ci-dessous), Guillaume Schneider avait placé ses pions sur l’échiquier politique. Elu au Conseil communal en 2016, il en profite pour défendre ses convictions. Il est notamment à l’origine, avec un collectif citoyen, du récent «Manifeste pour l’environnement», signé par cent personnes. «Chacun peut faire de petits ecogestes à l’échelon individuel, mais il est encore plus important que des actions d’envergure soient portées par les politiques qui doivent activer leur volonté, écouter les citoyens et les intégrer dans leur réflexion», affirme-t-il. Et de conclure joliment: «Ce manifeste fait état d’une volonté citoyenne d’aller dans le vert.»

Guillaume Schneider se définit comme étant curieux, motivé et engagé. Deux prix ont récemment récompensé son énergie à défendre les abeilles, l’apiculture et l’environnement, notamment celui de la Ville d’Aubonne. (Photo: Cédric Sandoz)

«Je lui tire mon chapeau. Guillaume mène à bien tous ses projets, porté par ses idéaux. Il a des convictions et il s’y tient, elles n’ont pas changé depuis que je le connais», commente Philippe Cretegny qui était un de ses enseignants à l’Ecole des métiers, à Lausanne, lorsque Guillaume Schneider se formait en tant qu’ébéniste. C’est d’ailleurs le conseiller communal aubonnois qui l’a incité à siéger au délibérant, convaincu que l’apiculteur, mais également ingénieur en environnement, saurait piquer l’intérêt de ses membres avec sa sensibilité environnementale: «Il sait transmettre, il a de l’entregent et il est très respecté.»

En savoir plus : https://association-mellifera.ch/

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