Nos nommés (3/8)
Ils et elles sont huit à pouvoir prétendre au titre de Personnalité La Côte 2022. Pour les découvrir et voter pour votre favori(te)
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François Monthoux porte des mitaines, un pantalon brun et un blouson qui semble avoir vécu douze hivers. Dans ses bottes en caoutchouc vertes, le jeune homme de 28 ans marche avec une aisance déconcertante sur la glace, alors que la pluie givrante bat son plein en ce mardi après-midi d’avant verglas.

En prenant la direction de la forêt située sur les hauts de Bière, il affiche un large sourire qui fait ressortir sa douceur attachante. En montant, il s’arrête brièvement pour prendre de la neige et jouer avec. La nature, c’est son élément. Puis, il marque un temps d’arrêt plus long. «Regardez, il y a un renard qui traverse les plaines», s’exclame-t-il, enjoué. Au loin, une silhouette se fond dans les paysages enneigés du pied du Jura.

Aussi à l’aise avec de la neige que de l’argile, François Monthoux utilise les éléments naturels dans ses créations. Il s’inspire aussi principalement de la nature. Photo: Cédric Sandoz.

Pas fan de l’hiver

L’hiver n’est de loin pas sa saison préférée. «Il y a quelque chose de très minéral et les insectes, qui me passionnent, sont absents à cette période de l’année», poursuit l’artiste, nommé pour le titre de «Personnalité de La Côte». Il préfère clairement le printemps et l’été, quand la nature foisonne et l’inspire dans ses peintures et ses sculptures.

Parfois, il utilise même les éléments naturels pour créer. Cela a été le cas, cet été, sur les bords du Toleure entre Bière et Saubraz. De ses mains, il a sculpté une incroyable citadelle d’argile miniature deux mois durant, qui a attiré une foule curieuse et admirative de son travail. «C’est la première fois que je laissais une œuvre sur place qui changeait de jour en jour.»

De l’onirisme à revendre

Pour bâtir, François Monthoux s’est largement inspiré de l’iconographie médiévale, qu’il affectionne tout particulièrement. Ses œuvres, aussi diverses que variées, sont teintées d’un onirisme sans nulle pareille.

François Monthoux a bâti une citadelle miniature d’argile cet été au bord du Toleure. Les détails sur son œuvre fragile ont impressionné bon nombre de visiteurs admiratifs. Photo: Cédric Sandoz.

Depuis tout petit, l’attrait de l’art a pris le dessus. «J’ai toujours dessiné, ajoute-t-il. Enfant, je sculptais déjà dans la pâte à modeler et la pâte Fimo. Cette fascination pour la création doit en partie venir de mon père que j’ai toujours vu dessiner.»

«Je dois me tourner vers la peinture et la sculpture, qui représentent une forme de supériorité dans ma vie.»

François Monthoux, artiste

L’artiste, qui a toujours vécu à Bière, a suivi une formation de concepteur en multimédia à l’Ecole romande d’arts et communication (Eracom). «Je l’ai terminée en 2016 et j’ai suivi une formation supplémentaire en audiovisuel.» François Monthoux a aussi créé plusieurs jeux vidéo, grâce à ses talents de programmateur. Pourtant, aujourd’hui, il souhaite se consacrer pleinement à la peinture et à la sculpture. «De plus en plus, je dois me tourner uniquement vers ces arts, qui représentent une forme de supériorité dans ma vie.»

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L’influence de Kant et de Nietzsche

Assailli en permanence de pensées, le jeune homme s’interroge constamment et cela donne l’impression qu’il est un peu absent face à ses interlocuteurs. Pour tenter de comprendre son rapport à la vie, à la mort, à la création et à sa propre existence, il donne de la valeur aux choses. Et s’appuie sur des principes philosophiques, livrés plus particulièrement par Emmanuel Kant et Friedrich Nietzsche.

C’est aussi lors de ses balades au pied du Jura, seul ou derrière sa caméra, qu’il a compris comment structurer ses œuvres. «Dans une prairie sauvage, il y a des règles, une forme d’ordre et en même temps, elle a quelque chose de très chaotique et ça lui donne encore plus de vitalité. Dans mes créations, j’essaie d’utiliser ses principes en mettant de l’ordre dans le chaos et inversement. C’est ainsi que je peux créer quelque chose qui a beaucoup de valeur.»

La technique, un danger

Aussi, il croit dur comme fer que sa vision de l’art est l’expression intime de son être. «Quand je produis une forme, j’apporte une modification au volume dans l’espace qui correspond à mon être particulier. Dans l’art, utiliser la technique est un danger car on n’est plus dans cette forme d’expression propre à chaque artiste.» Et François Monthoux de citer l’exemple de la construction d’une table où seule la technique permet d’aboutir à un résultat.

L’observation des animaux en général et plus particulièrement des insectes est fascinante pour lui. «C’est ainsi que j’ai pu comprendre qu’il existait un monde diamétralement différent du nôtre. Quand j’observe une fourmi, elle vit sa propre existence et il y a quelque chose de palpitant car elle est complètement distincte de la mienne.»

François Monthoux, la sculpture comme leitmotiv

Le jeune homme de Bière, qui a bâti un château d’argile cet été, est un artiste complet. Dans sa vie, l’art a une place si importante qu’il souhaite s’y consacrer pleinement.