Tronçons engorgés aux heures de pointe, bouchons sur les entrées et sorties d’autoroute, manque de places de parc. Ces galères font partie du quotidien des usagers des routes de la région.

Choix contraint ou volontaire, prendre sa voiture pour aller au boulot n’est pas sans conséquence. En 2019, 48,2% des pendulaires à Nyon utilisaient leur voiture pour se rendre au travail. Ce taux s’élève à 57,7% pour l’ensemble du district. Cela représente quelque 9558 voitures chaque jour sur les routes de la ville.

Dix terrains de foot de voitures
Pour se rendre compte de ce que 9558 voitures représentent en termes d’espace, un rapide calcul s’impose. Une place de parc mesure environ 12 m2. Si 9558 voitures arrivent chaque jour à Nyon, il faut donc leur consacrer 114’696 m2 de surface, soit l’équivalent de plus de dix terrains de foot qu’il faut trouver sur des espaces privés et publics. A noter qu’une place de parking peut contenir une dizaine de vélos.

«Près de la moitié des travailleurs utilisent leur voiture. C’est beaucoup comparé à d’autres districts du canton, mais cela s’explique aussi car Nyon est un pôle économique», affirme Nicolas Babey, professeur à la Haute Ecole de gestion Arc qui a collecté les données statistiques sur la mobilité nyonnaise.

Le plus gros contingent de pendulaires qui se rendent à Nyon pour travailler est les frontaliers. Ils sont plus de 3100 à prendre chaque jour leur voiture ou leur moto. «Ils habitent en général dans un rayon de 50 km autour de Nyon. S’ils se déplacent en voiture c’est parce que l’offre en transports publics est mal développée en France», affirme-t-il.

Que faire pour mettre les frontaliers aux transports publics
Plus de 3000 travailleurs frontaliers se rendent chaque jour à Nyon avec leur voiture. Le développement d’infrastructures transfrontalières leur permettrait d’envisager d’autres moyens de transport. Région de Nyon travaille sur l’idée d’un accès de Divonne-les-Bains à Crassier à vélo via une voie verte.

Une idée que soutient la Municipalité nyonnaise. «Cela prend du temps à mettre en place, car se pose la question de la réaffectation de terrain agricole pour la réalisation de ce type de projet, mais nous sommes clairement pour», affirme Roxane Faraut.

Nyon accessible en train et en bateau
Région de Nyon se penche également sur la création de parking «Park and Ride» côté français. «Un premier projet a vu le jour avec 170 places au P+R de la Givrine notamment à disposition des pendulaires venant de France voisine et choisissant le train NStCM pour rejoindre Nyon», déclare Gérard Produit.

En décembre, la cadence de la ligne de bus 818, reliant Gex, Divonne et Nyon sera améliorée, avec un bus toutes les trente minutes aux heures de pointe.

Depuis quelques années maintenant, le Léman Express permet aussi de relier Annemasse à Nyon sans changer de train. Enfin, Nyon est accessible depuis Yvoire en bateau en une vingtaine de minutes.

0,78 emploi par habitant

En dix ans, le développement économique de la ville s’est également accompagné d’une augmentation démographique. La ville compte plus de 17’000 emplois pour 22’560 habitants en 2022. «Cela représente 0,78 emploi par habitant. En comparaison, Morges se situe autour de 0,5-0,6. En campagne, cela tourne autour de 0,3», ajoute Nicolas Babey.

Ce fort taux d’emplois nyonnais s’avère positif. Mais, sur le long terme, «plus on a d’emploi, plus on génère de la mobilité pendulaire», déclare le professeur. Un constat que partage Roxane Faraut pour la Ville de Nyon.

En 2017, la Municipalité a mené une étude sur la mobilité pendulaire. «Il en est ressorti que malgré l’augmentation du nombre d’habitants et d’emplois, nous assistons à une stabilisation du nombre de véhicules, notamment grâce à tous nos investissements», affirme la municipale en charge de la mobilité.

Nyon, «la ville du quart d’heure»

Reste que pour aller travailler à Nyon, 589 Nyonnaises et Nyonnais prennent leur voiture. Cela représente 18% des flux internes et sortants. En clair, près de deux pendulaires sur cinq arrivant en auto à Nyon viennent... de Nyon! Le développement de la mobilité douce reste donc une priorité pour la ville.

«Notre objectif est de mettre des infrastructures à disposition de la population pour favoriser le changement modal», explique Roxane Faraut. Concrètement cela se traduit par réduire l’espace dédié aux voitures sur les routes et réallouer l’espace gagné pour la mobilité douce.

Les flux pendulaires, qu'est-ce que c'est?
Flux pendulaire interne: nombre de personnes se déplaçant dans le même territoire pour aller travailler (ici, district de Nyon).
Flux pendulaire sortant: nombre de personnes sortant du territoire pour aller travailler.
Flux pendulaire entrant: nombre de personnes entrant dans le territoire pour aller travailler.

«On repense l’espace en termes de sécurité pour les cyclistes et les piétons, mais aussi de végétalisation et de plaisir de séjour. Nyon c’est la ville du quart d’heure. On est partout en quinze minutes à pied. C’est donc ce genre de mobilité qu’il faut favoriser», ajoute la municipale.

La Ville a également revu l’architecture de ses lignes de bus et concentre une partie de ses efforts sur le développement de connexions entre les différents quartiers afin d’y créer du lien. Centrer la mobilité douce et les transports publics sur l’accès à la gare reste toutefois à l'ordre du jour.

Relier les communes

Mobilité douce et transports publics évoluent également dans la région. Pour Gérard Produit, syndic de Coppet et responsable de la mobilité pour Région de Nyon, deux grandes avancées sont à relever.

«Nous avons mis en place un rabattement des lignes de bus des communes périphériques sur les gares des villes. Les bus sont raccordés aux trains qui partent ensuite en direction de Lausanne ou de Genève. Il s’agit d’une évolution majeure dans le transport modal. De plus, dans les centres, nous avons développé un réseau de vélos en libre-service qui fonctionne bien», affirme-t-il.

Il faudrait également développer les connexions entre les communes rurales.

Gérard Produit, syndic de Coppet et responsable de la mobilité pour Région de Nyon

Pour que l’offre en transports publics soit complète, il manque encore une ligne de bus qui relie les différentes communes du pied du Jura. Aujourd’hui, pour aller de Genolier à Chéserex, il faut descendre jusqu’à Nyon. Le trajet prend plus de quarante-cinq minutes.

«Le réseau est conçu sur l’emplacement des gares, alors qu’il faudrait également développer les connexions entre les communes rurales et le long de la route suisse par exemple», déclare Gérard Produit.

Solutions locales et régionales

Pour réguler l’afflux de voitures en ville, plusieurs solutions locales et régionales existent. Les premières impulsions doivent venir des employeurs en encourageant financièrement le covoiturage ou les transports en commun en proposant, par exemple, de payer l’abonnement demi-tarif à leurs collaboratrices et collaborateurs, selon Nicolas Babey.

«Ensuite, les entreprises peuvent aussi subventionner la domiciliation des employés proche du lieu de travail avec des soutiens financiers de plusieurs milliers de francs», avance-t-il.

La moitié des pendulaires qui viennent travailler à Nyon en voiture habitent dans un rayon de cinq à dix kilomètres.

Nicolas Babey, professeur à la Haute Ecole Arc

La région fait également partie du processus. «La moitié des pendulaires qui viennent travailler à Nyon en voiture habitent dans un rayon de cinq à dix kilomètres. La commune et le canton peuvent développer des infrastructures de mobilité douce telles que des pistes cyclables, car il s’agit de distances tout à fait réalisables à vélo.»

Une troisième voie CFF se profile entre Morges et Lonay

La mise à l’enquête se terminait le 8 février et portait sur un sacré morceau, puisqu’il s’agit d’ajouter 2,5 kilomètres de rails entre La Coquette et la gare de Lausanne-Triage.