Elle n’a pas de nom, pas d’âge, pas d’histoire. Mais elle a un visage. Derrière ses petites lunettes rondes, on devine un regard aux intenses reflets verts, malgré l’absence de couleur sur la photo. Les mains délicatement jointes sur le manche d’un parapluie, elle dégage une infinie douceur sous son châle aux mailles épaisses.
Sobrement baptisée «L’aïeule» sur l’étiquette qui accompagne son portrait en noir et blanc, elle fait partie des dizaines de personnages qui s’illustrent actuellement sur les murs de l’Expo Fondation Bolle, à Morges. Des individus dont on ne sait pas grand-chose, si ce n’est qu’ils ont tous défilé devant l’objectif d’Alphonse Deriaz, photographe installé à la rue Centrale entre 1870 et 1889. Touche-à-tout, l’homme a passé près de vingt ans à capturer la région et ses habitants, immortalisant des familles, des corporations, des artilleurs de la caserne de Bière, le port ou les belles demeures de La...