Une page se tourne pour Fanny Meyer, directrice du Livre sur les quais. Après trois ans à la tête du festival, elle rejoindra la Ville de Lausanne, où elle occupera le poste de déléguée à la politique du livre dès le 1er octobre.

Alors que la foule grouille sur les quais de Morges ce samedi, la Palézienne revient sur ces dix années passées à œuvrer au sein de l’organisation du festival.

Fanny Meyer, vous deviendrez bientôt la «Madame Livre» de Lausanne.
Pourquoi avoir décidé de quitter Le livre sur les quais alors qui semblait enfin avoir trouvé un rythme de croisière?

Ce sont des décisions qui sont liées à ma vie privée. J’adore effectivement cette manifestation, mais elle a des contraintes de temps, surtout durant l’été.

A vrai dire, je trouve que j’ai beaucoup de chance de pouvoir quitter alors que l’organisation est sereine et pas en pleine crise. Parce qu’il y en a eu au Livre sur les quais…

Justement, vos premières années comme coordinatrice de la programmation ont été marquées par plusieurs crises et réorganisations.
Comment avez-vous vécu de l’intérieur ces périodes de turbulences?

Il y a eu des moments difficiles pour l’équipe opérationnelle. Je suis restée malgré les crises, c’est Le livre sur les quais qui m’a portée.

J’avais à cœur de garder l’ADN du festival.

Fanny Meyer, directrice du Livre sur les quais

Comme je n’avais pas encore la direction, ce n’est pas moi qui gérais ces problèmes. J’aimais tellement ce que je faisais que je ne voulais pas partir.

En 2020, on vous confie la lourde tâche de reprendre la succession de la fondatrice Sylvie Berti Rossi à tête du festival. Comment s’est passé cette transition?

Ma première réaction, ça a été de l’appeler. Parce que nous avons travaillé ensemble de manière hyper étroite, pendant six années.

L’âme du festival, sa convivialité, son aspect populaire, le sens du détail dans l’organisation… Tout cela existe grâce à ses fondateurs et fondatrices, notamment Sylvie.

De plus en plus de gens disaient qu’ils se perdaient dans la masse, au milieu de tous ces auteurs et événements. Peut-être que nous aussi finalement.

Fanny Meyer, directrice du Livre sur les quais

Je crois qu’elle était plutôt contente que ce soit moi qui prenne sa succession. J’avais à cœur de garder l’ADN du festival.

Après des éditions avec plus de 300 auteurs, le festival en accueille plus que 180. Est-ce que cette recette, plus petite, est la meilleure?

Je pense qu’on est en train de trouver notre meilleure formule.

Il faut savoir, c’est que le contexte budgétaire a changé: depuis quelques années, nous rémunérons les invités. On ne pouvait, financièrement, plus accueillir 300 auteurs.

C’est aussi une réflexion pour le public. De plus en plus de gens disaient qu’ils se perdaient dans la masse, au milieu de tous ces auteurs et événements. Peut-être que nous aussi, finalement.

A titre personnel, vous êtes engagée en faveur de l’écologie. Est-ce que c’est une thématique que vous avez poussée aussi au Livre sur les quais?

Toutes les thématiques liées à la société, et donc aussi celles de l’écologie, sont déjà présentes dans la programmation.

En pratique, il ne faut pas se mentir. Certes on fait notre possible, mais quand on est, comme moi, assez écolo, on ne peut pas dire que Le livre sur les quais est durable. Je ne crois pas qu’une manifestation puisse véritablement l’être d’ailleurs.

Vous avez beaucoup donné, mais qu’est-ce que le festival vous a apporté?

Franchement, tout.

J’ai commencé au Livre sur les quais à la fin de mes études de littérature et j’y ai tout appris. C’est pour ça que je parle de Sylvie (ndlr. Berti Rossi) comme mon mentor, c’était ma première vraie patronne.

En la suivant, j’ai découvert l’importance des détails, la gestion de la temporalité et le soin de l’accueil des invités. Je pense que c’est ce qui nous permet aujourd’hui d’accueillir des auteurs importants et reconnus.

Fanny Meyer: «Malgré les crises, c’est Le livre sur les quais qui m’a portée»

Après trois ans à la tête du festival de littérature morgiens, Fanny Meyer raccroche. La directrice se livre sur son parcours et la suite de ses projets.