En début d’année, Laetitia Bettex a ajouté une corde à son arc. La municipale Vert’Libérale de Morges est devenue coprésidente de l’association Chance 5G. L’ingénieure en transports succède à Isabelle Chevalley. Elle insiste sur les enjeux du déploiement de la norme téléphonie 5G et se défend de faire du lobbyisme auprès des grands opérateurs. Pour elle, l’argument du danger sur la santé ne tient pas alors que les oppositions se succèdent dans les communes, notamment à Le Vaud et à La Rippe, et auprès de la population.

Comment êtes-vous arrivée à cette coprésidence?

Par conviction. En tant qu’élue, des entreprises actives dans l’innovation m’interpellent. Pour elles, en Suisse, ça ne va pas assez vite et elles sont confrontées à de gros problèmes. Le réseau de télécommunication est en train de prendre du retard. Cela pourrait s’avérer contreproductif de fonder notre futur sur la décroissance. Certaines entreprises pourraient quitter l’arc lémanique et le pays. De plus, au sein de Chance 5G, il manquait la présence d’une personne plus proche du terrain, qui fait face à des problèmes concrets de mise à l’enquête et de permis de construire à délivrer. Et, il y a aussi une dimension écologique à ce déploiement.

Dans les pays voisins, la 5G se développe beaucoup plus vite.

Laetitia Bettex, coprésidente de Chance 5G

C’est plutôt étonnant alors que la 5G est énergivore?

Oui, mais la 5G n’est pas une fin en soi. C’est un réseau, un outil qui offre de multiples possibilités nécessaires si on entend réussir notre transition écologique. Si on imagine par exemple la mobilité de demain. Moyennant un réseau 5G performant, les voitures individuelles pourraient être autonomes et partagées, ce qui permettrait de considérablement réduire la taille du parc automobile actuel. Moins de matériaux et d’énergie dépensés pour se déplacer et moins de territoire occupé par le stationnement. Pour garantir la sécurité de la flotte de véhicules autonomes, les informations par rapport à leur positionnement doivent être très précises.

Quel est l’état de la 5G en Suisse?

Une chose est sûre, nous sommes en retard dans le domaine. Les entreprises sont inquiètes de ne pas pouvoir développer leurs nouvelles technologies car elles s’appuient sur un réseau qui n’est plus assez performant. Par ailleurs, les opérateurs tirent la sonnette d’alarme parce que, dans les pays voisins, la 5G se développe beaucoup plus vite.

Laetitia Bettex ne cherche pas à convaincre les opposants à la 5G mais à leur en expliquer les enjeux. Photo: Cédric Sandoz.

Justement, ne faites-vous pas du lobbying pour les géants de la téléphonie?

Non, ce terme a un caractère très négatif. Je suis et je reste indépendante. Cet engagement est totalement bénévole et je le fais par rapport à mes convictions. Cela n’a rien à voir avec un quelconque lobbying. On doit être à l’écoute de nos entreprises, de la population, mais aussi de nos opérateurs dans la même mesure. La 5G est un réseau, un support, pas un produit de consommation. Quand, en parallèle, je prône le développement du réseau ferroviaire qui atteint ses limites de capacité, personne ne me reproche de faire du lobbying pour les CFF.

Le déploiement de la nouvelle norme de téléphonie mobile reste un sujet clivant en Suisse. Comment convaincre?

Il ne s’agit pas de convaincre mais d’expliquer. On n’essaie pas de retourner la tête des gens. Pour moi, il est important que chacun comprenne les enjeux. Aujourd’hui, il y a des craintes, mais c’est le cas à chaque fois qu’une nouvelle technologie est déployée. La réticence est positive. Elle permet de faire les études nécessaires afin par exemple d’évaluer les impacts sur la santé et l’environnement. Dans le cas de la 5G, les milliers d’études menées jusqu’ici en Suisse et dans le monde sont rassurantes.

On n’essaie pas de retourner la tête des gens.

Laetitia Bettex, coprésidente de Chance 5G

Dans les communes de la région, les oppositions se multiplient. En tant que municipale, êtes-vous sollicitée pour communiquer auprès de ces autorités?

Non, absolument pas. Ce n’est pas ma mission bien que ma position de municipale soit un atout. Je ne vais pas faire la tournée des communes de la région, car l’enjeu n’est pas local, mais bien national. Pour les autorités, faire opposition, c’est une manière de montrer qu’on défend sa population. Je peux le comprendre mais, aujourd’hui, le dossier doit avancer. On ne parle pas d’un réseau de téléphonie du futur, mais bien d’une technologie dont nous avons tous besoin aujourd’hui déjà.

Est-ce dangereux pour la santé?

Non. En Suisse nous avons des normes dix fois plus restrictives que dans les pays voisins et, pour introduire la 5G, ces normes n’ont pas à être modifiées. Le Conseil fédéral préconise d’ailleurs son déploiement. Je ne nie pas que des gens souffrent, notamment les personnes atteintes d’électrosensibilité. Mais, à ce stade, il n’y a aucune preuve que c’est lié à la 5G.

Laetitia Bettex: «On ne peut pas fonder notre futur sur la décroissance»

La municipale morgienne est la nouvelle coprésidente de l’association suisse qui promeut le déploiement de la 5G, nouveau réseau mobile contesté de toute part.