«Manque d’ambition», «perte de contrôle», «priorisation étonnante»: la Municipalité de Morges a été quelque peu chahutée par le délibérant, mercredi, lors de la discussion portant sur un crédit-cadre de 16,95 millions de francs destiné à assainir une partie du parc bâti communal.

A gauche, ce n’est pas tant le fond – le Parti socialiste et les Indépendants de gauche avaient décidé de soutenir cette demande – que la méthode qui a interpellé des élus. Huit bâtiments retapés d’ici à la fin de la législature, c’est bien, mais ce n’est pas suffisant pour certains.

«Cette vision s’apparente davantage à un calendrier électoral qu’à une vision d’avenir pour le bien commun», a soutenu Laurent Beauverd, par la voix de son chef de groupe Frédéric Eggenberger.

Selon sa camarade Maria Grazia Velini, la sélection opérée par l’exécutif permet «un gain minimum d’énergie mais une meilleure visibilité auprès de la population». Se désolidarisant de son groupe, elle a appelé au rejet du préavis.

Avec ce crédit-cadre, nous excluons un quelconque contrôle. On n’aura aucun suivi par objet ou projet.

John Mauron, conseiller communal PLR

Dans les rangs des Verts, on aurait préféré que Beausobre II figure dans la liste, plutôt que l’ancien stand du Parc des Sports. Evoquant des locaux scolaires «vétustes» qui ont rendu la rentrée «cauchemardesque» au moment où la canicule battait son plein, les écologistes y voyaient clairement une priorité.

Mais pas moyen de réunir une majorité pour faire passer leur amendement. Si tel avait été le cas, il aurait d’ailleurs fallu revoir l’enveloppe globale allouée aux travaux. Selon la municipale Laetitia Morandi, le coût de l’assainissement de Beausobre II aurait été «dix à quinze fois supérieur» à celui du stand de tir.

Le spectre des chantiers de Beausobre

De l’autre côté de l’échiquier politique, d’aucuns ont aussi buté sur la forme, côté finances cette fois-ci. «Avec ce crédit-cadre, nous excluons un quelconque contrôle, a déploré le PLR John Mauron, membre de la commission des finances (CoFin). On n’aura aucun suivi par objet ou projet.»

Pas question, pour lui, d’accorder un «blanc-seing» aux autorités. Ce d’autant moins depuis qu’un préavis portant sur un crédit complémentaire de 2,6 millions de francs pour les chantiers de Beausobre a été déposé: «Cet argent est déjà engagé et la demande vient après, c’est un problème.»

Cette demande de rallonge, de fait, a plané comme une ombre sur les débats. «La Municipalité n’est plus la même, j’ai envie de vous faire confiance, a argué Michael Francescato, chef du groupe PLR. Mais il serait de bon ton que la CoFin soit régulièrement informée, et pas seulement une fois par année, sur la différente tenue des budgets par bâtiment.»

Un plan directeur jusqu’en 2035

Du côté de l’exécutif, on a promis qu’«un reporting sera mis en place afin de suivre de manière annuelle» les dépenses affectées aux différents édifices, a annoncé Laetitia Morandi. L’élue a en outre rappelé que la présente demande était accompagnée d’un plan directeur qui court jusqu’en 2035, et qui planifie les assainissements à prévoir ces prochaines années.

«La Municipalité continuera à déposer des crédits d’avant-projet et de construction pour un certain nombre de ces bâtiments», a appuyé la syndique Mélanie Wyss.

Au vote, le préavis a finalement été accepté par 49 oui, 9 non et 17 abstentions.

Morges se montre divisé sur les moyens d’assainir ses bâtiments

Le Conseil communal a longuement débattu, mercredi, du crédit-cadre de 16,95 millions demandé par la Municipalité pour retaper huit bâtiments d’ici à 2026.