«Travailler à 120% jusqu’à 65 ans et m’arrêter du jour au lendemain, je ne le souhaitais pas», déclare Jean-Marc Chollet. Ce Saint-Preyard a quitté, le 31 juillet, – un jour après avoir fêté ses 62 ans – son poste de directeur de Landi La Côte SA. Il œuvre désormais à temps partiel en tant que responsable administratif et finances pour l’Association des Producteurs de Pommes de terre Nouvelles de l’Arc Lémanique (Appnal). Une entité qui ne lui est pas inconnue.

Papa d’Amandine, Celtiane et Gwenne

«En 1996, il y a eu une énorme production de pommes de terre et, durant deux semaines, les distributeurs n’ont rien acheté, se souvient Jean-Marc Chollet. Les producteurs voulaient déverser les 14 000 tonnes de pommes de terre devenues invendables sur les entrées d’autoroute», se souvient-il. Avec Robert Girardet de Buchillon, ils sont mandatés pour aller rencontrer les distributeurs. «C’est à ce moment-là que nous avons décidé de nous démarquer avec une nouvelle variété de pommes de terre.» Ainsi, l’Appnal est devenue parent de l’Amandine, la Celtiane et la Gwenne, trois variétés phares.

J’avais à faire avec un Conseil d’administration composé majoritairement d’agriculteurs. Je suis très heureux de la tournure que cela a prise.

Jean-Marc Chollet, ancien directeur de Landi La Cote SA.

Ce groupe, Jean-Marc Chollet l’avait rejoint en 1993 en tant que caissier peu de temps après avoir engagé comme gérant du site d’Eysins de ce qui s’appelait alors l’UCAR (Union des coopératives agricoles romandes), l’ancienne Landi. Puis, il est devenu chef du groupe Landi des sites d’Eysins, Perroy et Bussy-Chardonney. Enfin, en 2012, Landi La Côte SA a été créé et il en est devenu le directeur. «La société Fenaco (ndlr: propriétaire de Landi) a voulu redonner davantage de pouvoir aux producteurs. Dès lors, j’avais à faire avec un Conseil d’administration composé majoritairement d’agriculteurs. Je suis très heureux de la tournure que cela a prise», raconte celui qui a eu un quotidien varié, entre structures qui changent, centres collecteurs à rénover, magasins à agrandir ou à construire comme à Lonay.

S’adapter au fil des changements

S’il a passé 31 ans dans la même entreprise, ce papa de trois enfants n’a pas vu le temps passer. «A la sortie de mes études d’ingénieur à Changins, en 1991, j’ai postulé pour cet emploi à Eysins parce que le projet que j’avais d’aller enseigner en Nouvelle-Calédonie ne s’est pas concrétisé. Je pensais y rester 5 ans. Finalement, je ne regrette pas car je ne me suis jamais ennuyé», continue-t-il. Avant cela, Jean-Marc Chollet, qui a grandi en Italie de ses 3 à 14 ans où son papa œuvrait comme pasteur, a obtenu un CFC d’agriculteur. Puis il a été 5 ans employé agricole chez un oncle à Echichens. En parallèle, il réussit sa patente d’arboriculteur. «Je n’ai jamais aimé l’école, mais en suivant ces cours d’arboriculture, je me suis surpris à aimer apprendre.»

Je n’ai jamais aimé l’école, mais en suivant ces cours d’arboriculture, je me suis surpris à aimer apprendre.

Jean-Marc Chollet, ancien directeur de Landi La Cote SA.

Jean-Marc Chollet a également été le témoin des modifications agricoles voulues par la Confédération. «Les agriculteurs ont toujours fait preuve d’une force d’adaptation incroyable. Souvent beaucoup mieux que ce qu’ils pensaient, même si cela a parfois été très dur, notamment avec cette politique agricole qui change tous les 4 ans. Très peu de professions subissent ces perpétuels changements. Les gens ne s’en rendent pas compte», admire-t-il.

Glisser en douceur vers la retraite

En 1991, c’était le tout début «où la Confédération – qui jusque-là demandait aux agriculteurs de produire – lâchait les agriculteurs». Ainsi, depuis les années 1990, le prix du blé est passé de 1,10 franc par kilos à en moyenne 50 centimes, celui du colza a même été divisé par plus de 4, passant de 2,60 francs le kilo à 70 centimes pour aujourd’hui frôler le 1 franc. «Cela me faisait mal au ventre de constater cette chute de prix. Ce fut une grosse erreur de mettre l’agriculture dans les accords avec l’OMC et vouloir faire produire en Suisse aux prix européens», regrette-t-il.

En dehors de cela, ce défenseur de la production – et consommation – locale n’a pas de regrets et se réjouit de la suite de sa carrière. Avec le temps qu’il s’est libéré, il compte bien profiter de ses petits enfants, de skier et pourquoi pas de se remettre à l’apiculture. «Mes collaborateurs m’ont offert une ruche pour mon départ», dit-il tout sourire.

Directeur de Landi La Côte, Jean-Marc Chollet part après 31 ans

Après plus de trois décennies dans les Landi de la région de La Côte, Jean-Marc Chollet a quitté son poste de directeur pour une transition en douceur vers la retraite.