Une semaine à draguer le port de Morges

Sables et limons s'étant amoncellés au fil des ans, le fond du lac morgien est creusé méthodiquement.

24 avr. 2014, 10:23
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fmorand@lacote.ch

Le soleil scintille sur la surface du Léman, le bruit des véhicules qui tournent autour de Morges est à peine perceptible. Un peu plus près, deux bateaux sont à sec pour être nettoyés et révisés avant la saison de navigation. Calme et sérénité règnent aux abords du port de Morges en ce mercredi matin. Quand soudain, à quelques dizaines de mètres des guérites, une énorme pelle en fer plonge dans le lac. Le bruit ressemble à celui que produit un cheval qui souffle bruyamment dans l'eau avec ses naseaux. Un à deux mètres sous la surface, le bec en métal racle le fond pour en extraire, d'un coup, quelque 2m 3 de sable et vase. A la sortie, la pelle bave du liquide grisâtre avant de déverser son contenu dans le ventre d'"Evelyne", le chaland qui est venu accoster la barge.

Une quinzaine de minutes suffisent au machiniste Olivier Favez pour remplir les 70m 3 , sous le regard du responsable du chantier Léandre Medina. Puis, Sylvain Bened et Michel Hubert reprennent les commandes d'"Evelyne" pour glisser au large, quatre kilomètres plus loin. Dans un secteur défini par le Canton, les hommes ouvrent les deux coques qui forment le fond de leur bateau et vident gentiment la matière dans une zone où le fond se situe à environ 200 mètres plus bas que leurs pieds.

Une fois la pelle au repos et le calme revenu à la surface, les navigateurs qui partent profiter des rayons du soleil, ou qui rentrent d'une balade, constatent que des dizaines de marrons flottent entre la barge et les guérites. "Ils étaient emprisonnés dans le sable et remontent à la surface avec le travail" , suppose Alain Jaccard, chef du Service des infrastructures, énergies et espaces verts de la Ville de Morges. Et est-ce que les hommes de la Sagrave, l'entreprise mandatée pour le dragage du port, découvrent d'autres objets emprisonnés? Aucun objet insolite n'a été pour le moment découvert; "ni or, ni argent non plus ", sourit Léandre Medina.

 

Depuis 30 ans, sable et vase bouchent l'entrée

 

Durant une semaine, cette chorégraphie à un rythme régulier creuse petit à petit le fond du port et son entrée. "Le dernier dragage a été effectué en 1983" , relève Alain Jaccard. Régulièrement, la profondeur est mesurée. Car avec les courants, sables et limons viennent se déposer à cet endroit. Lors des basses eaux, il arrivait que le niveau d'eau restant soit de moins d'un mètre. Suffisant pour les bateaux à moteur, mais pas assez pour les voiliers, dont les plus grands ont un tirant d'eau de près de deux mètres. Le dragage, prévu depuis quelques années, devenait impératif.

Avec un budget d'un peu plus de 140 000 francs, la Commune de Morges, qui gère le port, offre ainsi un chenal d'entrée en "V" de 50 mètres de long. Après ces extractions de matières, la profondeur du Léman sera de 3 mètres dans la zone d'entrée et de 2,50 mètres dans la partie intérieure et centrale. Au total, ce sont quelque 2800m 3 de matériaux qui doivent être évacués.

Le décapage a débuté par l'extrémité sud et se terminera, probablement mardi, au milieu des bateaux amarrés. Comme chaque printemps, le niveau du lac a été abaissé de 60 centimètres pour permettre divers travaux. Ces deux éléments permettent de draguer plus rapidement, car la pelle doit moins descendre dans l'eau. Mais le manque de profondeur peut poser problème au chaland qui risque de toucher le fond et rester bloqué. Pour cette raison, l'équipe a commencé à creuser depuis l'extérieur pour se rapprocher de plus en plus de La Coquette.