Selon les dires de Patrick Verguet, directeur de l'antenne nyonnaise d'Edwards Lifesciences, la chirurgie cardiaque n'aurait que peu évolué durant les cinquante dernières années. " On ne peut noter que deux évolutions majeures dans le domaine: l'introduction de valves mécaniques dans les années 60 et l'apparition de bioprothèses dans les années 80 ". Mais, depuis 2007, l'arrivée sur le marché de valves cardiaques implantables par voie cutanée, produit notamment commercialisé par Edwards, constitue un pas de géant dans le domaine de la chirurgie cardiaque.
Peu bavarde depuis son implantation à Nyon en 2009, l'entreprise californienne dévoilait pourtant hier l'avancée de ses recherches en la matière. Réunissant autour d'une même table entrepreneurs, médecins et ingénieurs, la firme qui emploie actuellement 140 personnes sur son site nyonnais se positionne aujourd'hui comme leader mondial en matière de conception de valves cardiaques artificielles. " Ces valves visent à améliorer la qualité de vie des patients atteints d'une maladie dont souffre près de 50% de la population mondiale: la sténose aortique " explique Patrick Verguet, directeur de l'antenne nyonnaise de l'entreprise.
"Sténose aortique"? Deux mots barbares utilisés pour qualifier le rétrécissement de l'ouverture de la valve aortique du coeur, un rétrécissement qui limite ainsi la quantité de sang passant du ventricule gauche de l'organe à l'aorte. " Cette pathologie se retrouve généralement chez les personnes de plus de 70 ans ", explique Philip Urban, cardiologue à Meyrin et intervenant lors de cette conférence de presse. " Jusqu'à récemment, on posait le diagnostic mais on ne décidait que rarement d'opérer pour remplacer la valve en raison du caractère invasif de l'intervention. Il fallait procéder à une opération à coeur ouvert ce qui faisait courir de trop grands risques aux patients déjà âgés ". Et c'est là que les valves cardiaques d'Edwards Lifesciences entrent en jeu.
Opération peu invasive
Développées au début des années 2000 en étroite collaboration avec le professeur français Alain Cribier (pionnier dans l'implantation de valves aortiques par voie cutanée) et commercialisées depuis 2007, les valves cardiaques d'Edwards Lifesciences permettent aux chirurgiens d'intervenir de façon peu invasive sur leurs patients. Exit l'opération à coeur ouvert, donc, que nécessitaient les valves utilisées jusqu'à présent. C'est par voie cutanée (autrement dit par l'artère fémorale, par incision au travers des côtes ou encore au moyen d'une mini-thoracotomie) que celles-ci sont implantées dans la zone affectée au moyen d'un cathéter. Si ces nouvelles valves Edwards implantables ne font pas encore l'unanimité en Suisse, elles sont déjà utilisées par les Hôpitaux universitaires de Genève et en cliniques privées. " Actuellement, je pense que nous sommes une dizaine de chirurgiens en Suisse à pouvoir faire ce type d'interventions ", commente Philip Urban. Les locaux d'Edwards accueillent fréquemment des chirurgiens désireux de se former à cette nouvelle technologie. Ajoutons encore qu'aujourd'hui seul Medtronic commercialise également ce type de produit.