Quand l’astre a émergé entre deux sommets, les premières notes de musique ont enchanté la Barillette. Le concert d’Elynn the Green, au lever du soleil, a attiré une centaine de personnes. Elles sont arrivées seules ou par petits groupes dès l’aurore, quand la nuit cédait aux premiers rougeoiements du ciel.

Certaines connaissaient la Barillette comme leur poche, mais pas le quatuor. D’autres sont venues pour Elynn The Green et ont découvert le site majestueux. Puis, une majorité s’est levée bien avant l’aube, motivée par l’expérience proposée par l’association Osmosis: un concert gratuit au lever du soleil à 1500 mètres d’altitude, offrant une scénographie exceptionnelle à la musique envoûtante du quatuor formé des deux chanteuses, Irina Andreeva et Stéphanie Pittet, un guitariste et une violoncelliste.

Drôles de nuits

A 5 h 09 précise, Michel, la bonne cinquantaine, informaticien lausannois, arrivait enfin à la Barillette, après 3 h 30 de marche dans la nuit. «J’ai pris le dernier train pour Saint-Cergue, j’en suis descendu à 1 h 30. J’ai suivi les panneaux, puis je les ai perdus».

A quelques pas du but, Michel ne sait pas qu’il est juste sous le restaurant, quand un chien surgit de nulle part et lui aboie dessus. C’est Sokka, la chienne d’Alex. Le jeune homme a décidé de passer la nuit dehors en attendant le concert. Il indique la bonne direction à Michel, se recouche dans l’herbe et après une nuit de somnolence, s’endort profondément. Il a failli rater le début du concert.

Quant à Eléonore qui a sommeillé dans sa voiture au parking de l’antenne de la Barillette, avec ses amis Damien, Jeanne et Yann, elle n’a plus qu’une chaussure. «Un animal a dû me les voler, Jeanne en a retrouvé une, mais pas la seconde». Pas grave pour la Genevoise, l’ambiance efface toutes les contrariétés.

«En tant que public, je serais du genre à mettre mon réveil et à ne pas y aller.»

Stéphanie Pittet, chanteuse

Voyage musical

Alors que le soleil est assez haut pour se refléter dans le miroir du lac, la brume de beau temps efface les couleurs et les contours des Alpes. Irina Andreeva demande au public, «est-ce que vous commencez à être réveillés ?», et l’entraîne à reprendre le refrain de la chanson «Sing, Sing, Sing». Puis suivent des morceaux de vie qui lient les deux chanteuses, amies d’enfance, avec des chansons intimistes d’amitié et de maternité. Stéphanie Pittet invite à son tour le public à fermer les yeux pour un voyage musical. On se laisse envelopper par les voix d’Irina et de Stéphanie, caresser par les rayons du soleil, imprégner par l’énergie puissante du lieu. Après un concert d’une heure, chacun se met en mouvement lentement pour profiter du petit-déjeuner offert par le partenaire d’Osmosis pour l’événement.

Succès total

Dans la file d’attente pour accéder au buffet, le bonheur du moment nimbe la petite foule totalement détendue, les tablées se forment, les assiettes pleines se partagent.

Monique, qui est venue seule, s’est levée à point d’heure chez elle à Morges, «pour vivre ce moment inédit». Elle ne tarit pas d’éloges, heureuse de ce mélange culture et nature «Covid compatible».

Isabelle Guignet, membre du comité d’Osmosis ne cache pas son plaisir devant le succès de l’événement «magique, féerique, envoûtant, on ne pouvait pas choisir meilleur groupe pour ce lieu et ce moment».

La chanteuse Stéphanie Pittet a aussi savouré cette première pour le groupe. Avant le concert, elle déclarait en riant: «En tant que public, je serais du genre à mettre mon réveil et à ne pas y aller».

A la Barillette, une centaine de personnes ont bravé l'aube pour l'ode

Le quatuor Elynn The Green a salué le soleil de ses mélodies soul folk illuminant la Barillette d’une féerie musicale.