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Bon pied, bon oeil et du bon lait

Michel Rochat, ongleur itinérant, prend soin des pieds des bovidés. Un métier qui n'a rien de superficiel: le bien-être, la santé des vaches, voire la production laitière en dépendent.

22 janv. 2013, 00:01
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jlaurent@lacote.ch

Ce matin-là, "Elégance" porte mal son nom. La vache rechigne à entrer dans l'armature métallique où elle sera immobilisée le temps que l'ongleur lui fasse une beauté des pieds. Malgré sa stature imposante, Alain Morand, l'agriculteur saint-preyard, propriétaire de la vache, a du mal à conduire la bête jusqu'au "travail" - nom donné à l'armature métallique.

"Elégance" finit par s'exécuter. Michel Rochat, l'ongleur, entre alors en scène. Une fois la vache dans l'armature, elle est sanglée, puis à l'aide d'un treuil, chacun de ses onglons sera soulevé, et le pied appuyé sur un plot afin que le travail de parage débute. "Le but, c'est de donner au pied de la vache la même forme que celle de l'os intérieur, ce qu'on appelle la troisième phalange; ainsi le système sanguin à l'intérieur de l'onglon pourra bien fonctionner et le pied sera fonctionnel" , explique Michel Rochat. D'où la nécessité de bien connaître l'anatomie des pieds des bovins.

L'ongleur, afin de couper la corne, utilise un rogne-pied, un marteau en nylon pour ne pas abîmer la lame et une reinette pour les finitions. "Je préfère travailler à l'ancienne, manuellement; j'ai besoin de sentir ce qui se passe sous le couteau" , souligne-t-il.

Au final, l'onglon - constitué de deux doigts - aura une forme intérieure légèrement incurvée de façon à ne pas bloquer la circulation sanguine dans le pied de la vache. "L'appui doit se trouver d'abord sur le talon, puis sur la paroi extérieure, et enfin sur la pince; la partie interne doit se trouver dans le vide pour pouvoir bouger afin de ne pas bloquer la circulation sanguine, elle sert de pompe pour le sang , précise le spécialiste. Les problèmes principaux des vaches sont dus aux mauvaises formes des pieds et à une mauvaise circulation, ce qui provoque une détérioration de la corne." Pour les bovins, cette manucure est donc à la fois une question de bien-être et de santé. "Une vache qui a mal au pied, qui marche mal, aura moins de lait" , précise Alain Morand.

Cette opération se fait en moyenne une fois par année, à condition que les vaches soient en bonne santé et souvent à l'extérieur. " Dans l'idéal, on conseille deux fois par an, mais cela dépend des troupeaux et du mode de stabulation" , précise Jacques Perrin, vétérinaire à Bière.

 

Une bête: 14 francs

 

"Je n'interviens jamais en cas d'infection, de lésions ou de pathologies. Ç a, c'est le rôle du vétérinaire", ajoute Michel Rochat . En tout, 16 vaches de l'exploitation de la famille Morand passeront en une matinée entre les mains de l'ongleur. Et en une année, à peu près 1000. Pour l'ongleur, qui exploite un domaine agricole à Monnaz et qui est berger pour le pâturage communal à Fey, cette activité constitue un revenu d'appoint. Il faut compter 14 francs par bête. "J'aime le contact avec les paysans, on passe de bons moments ensemble. Pour les vaches cela n'est pas un moment agréable, même si elles ne souffrent pas" , conclut-il.

"C'est un métier que j'admire beaucoup, il faut du doigté, de l'oeil. C'est une de ces professions qui exige du feeling. C'est comme pour les maréchaux-ferrants, on n'est pas loin de l'art, relève Jacques Perrin, et le métier a un rôle préventif."

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