Conseil régional du district de Nyon: ce n'est pas gagné

Jeudi soir, lors d'une séance extraordinaire du Conseil communal, le syndic de Mies Pierre-Alain Schmidt a défendu la plateforme commune. Didier Lohri lui a répondu...

22 avr. 2013, 06:44
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"Même si Monsieur Lohri a raison, peut-on avoir raison tout seul quand il s'agit de développement régional?" Jeudi soir à Bassins, à l'issue d'un Conseil communal extraordinaire consacré à la prise d'informations concernant une éventuelle adhésion de la commune du Pied du Jura au Conseil régional, le syndic de Mies Pierre-Alain Schmidt, invité pour vanter les mérites de l'association de communes, a peut-être su résumer parfaitement la situation. Oui, la plupart des arguments du syndic de Bassins Didier Lohri sont recevables et pertinents. Mais qu'en faire?

C'est que Didier Lohri, quand son tour de prendre la parole fut venu, n'a pas manqué de multiplier les attaques à l'égard du Conseil régional, tirant en rafales: "Le Conseil régional est un laboratoire d'idées. Mais qui a déjà coûté 10 millions de francs." Il a également dénoncé le modèle de ladite association de commu nes: "C'est un 4 e pouvoir non reconnu par la Constitution vaudoise et dont la faiblesse est de ne pas pouvoir prélever d'impôts pour se financer. Comme il n'a donc pas cette compétence, son seul moyen est de demander aux communes de monter leurs impôts en disant "Débrouillez-vous!"

Le syndic a également regretté le mode de financement par le franc par habitant, au détriment d'une participation relative au point d'impôt des communes. Il a aussi relevé un manque de démocratie de la structure, et notamment du Conseil intercommunal, "dans lequel l'approbation d'une douzaine de communes suffit à obtenir une majorité." Quand Pierre-Alain Schmidt lui a signifié que, si le Conseil régional avait existé plus tôt, Bassins aurait certainement bénéficié du financement solidaire pour la construction de sa piscine,

Didier Lohri a répondu non sans humour: "Si on avait attendu le Conseil régional, on barboterait encore dans nos fontaines..." Et de continuer: "Pour que chacun adhère au Conseil régional, on saupoudre de projets pour donner l'illusion que chaque commune aura sa construction financée régionalement. Ce n'est évidemment pas ainsi qu'on gère le développement. Il faut des priorités."

Des priorités!

Car Didier Lorhi n'apprécie guère qu'un dossier aussi important que la route des Montagnards (projet de création d'une nouvelle liaison verticale reliant les villages du haut à ceux du bas) ait été jeté aux oubliettes par le Conseil régional. Une preuve pour ce dernier que les communes du district ne partagent pas toutes les mêmes préoccupations et qu'une structure comme le Conseil régional est trop vaste pour fédérer convenablement. De fait, pour lui, le projet régional est mal emmanché.

"La région nyonnaise est inscrite dans un projet d'agglomération franco-valdo-genevoise. Or, dans ce vaste plan, Nyon ne représente que 10%. Il aurait fallu que l'Ouest vaudois possède son propre projet d'agglomération.

Comme ailleurs." Alors Didier Lohri a conclu sa prise de parole par un argument choc à l'égard des conseillers communaux: "Que vous le vouliez ou non, les chiffres sont clairs, adhérer au Conseil régional, pour Bassins, c'est 5 points d'impôts!"

Outils indispensables

Avant lui, c'est son homologue de Mies, non moins pertinent, mais dans un style plus pondéré, qui avait pris la parole pour défendre la plateforme régionale. En choisissant de démarrer sa plaidoirie par retracer sa propre évolution intellectuelle sur la question de l'adhésion.

Car avant d'être syndic de Mies et partisan de l'association de communes, Pierre-Alain Schmidt était un président du Conseil communal myarolan qui s'était, en 2006, fortement opposé à cette même association de communes. Pour plusieurs raisons, dont le mode de financement d'alors (calqué alors sur le taux d'imposition); la non-participation de Nyon et "certaines craintes de voir la création d'un machin plein de technocrates." Des craintes, Pierre-Alain Schmidt en a encore aujourd'hui, mais celles-ci ne prévalent en rien sur son optimisme.

Pour ce nouveau syndic, il y a peut-être des défauts, mais les avantages sont bien plus importants à l'heure de peser le pour et le contre. Parmi ceux-ci, la possibilité de décider localement des infrastructures nécessaires plutôt que d'attendre les décisions du Canton. Et, nerf de la guerre, une manière plus efficace d'aller chercher les subventions auprès des instances supérieures (Canton et Confédération). Ce que, par ailleurs, Didier Lohri remet en question.

Les Conseils se prononceront

Dans la salle, difficile de savoir ce qu'ont pensé les conseillers de ces diverses explications. Si certaines questions d'une partie de l'assemblée (surtout des membres de la Commission des finances) ont laissé entendre qu'ils étaient plutôt réticents à une adhésion, la majeure partie de cette même assemblée n'a pas pris la parole.

Au final, c'est elle qui devra se prononcer lorsque la Municipalité présentera, vraisemblablement en septembre, un préavis (qu'elle annonce d'ores et déjà défavorable) à l'adhésion au Conseil régional. Didier Lohri affirme d'ailleurs déjà son envie de consulter la population à ce sujet.