Jean-Valentin de Saussure a déjà repris le cours de ses études en sciences de l’environnement. Il y a quelques jours encore, il était dans un autre monde: celui de la COP26, la 26e conférence de l’ONU au sujet des enjeux liés au climat, qui s’est tenue à Glasgow, en Ecosse.

Le bilan de cette conférence n’est pas fameux. A la dernière minute, la «sortie» d’une partie du charbon a été transformée en «réduction progressive» de l’utilisation de celui-ci. La conseillère fédérale Simonetta Sommaruga, qui représentait la Suisse, a fait part de sa colère face à ce revirement. L’accord a tout de même été accepté in extremis, et on peut noter que c’est la première fois qu’il y est fait mention de la sortie des subventions «inefficaces» aux énergies fossiles.

Conseiller communal récemment élu à Mies, Jean-Valentin de Saussure représentait la société civile suisse à Glasgow, en tant que vice-président de l’ONG Swiss Youth for Climate. Il raconte ces moments forts.

Jean-Valentin de Saussure, comment s’est passé «votre» COP26?

C’est une expérience incroyable à vivre. Il y a des milliers de personnes, des célébrités. J’y ai beaucoup appris, en rencontrant des scientifiques. Mais on se rend aussi compte à quel point les processus de la politique internationale sont lents. Par moments, cela fait perdre espoir. La COP fait de petits pas, mais elle manque d’actions pour faire respecter la trajectoire qui limite le réchauffement à 1,5°. Si on le dépasse, les Maldives, les Fidji ou encore une partie du Mozambique vont disparaître.

Concrètement, qu’y avez-vous fait?

Les premiers jours, nous n’avons pas pu assister aux négociations, pour des raisons de restrictions sanitaires, alors qu’on nous avait promis une COP inclusive. Cela a été vivement critiqué par les représentants de la société civile. Puis cela s’est progressivement ouvert. Nous avons rencontré la délégation suisse pour lui poser nos questions et adresser nos demandes. Mais on se heurte aux positions déterminées à l’avance. La marge de manœuvre est limitée.

Y a-t-il un moment qui vous a particulièrement marqué pendant cette COP?

Oui, c’était le deuxième jour de la COP. On inaugurait le pavillon suisse de la cryosphère. Guy Parmelin y a fait un discours. Les glaciologues lui ont présenté les risques du dérèglement climatique pour la Suisse. A ce moment-là, il était entouré du meilleur état de connaissances scientifiques qui existe sur le sujet. Même après ça, il semble si peu impliqué pour prendre le problème au sérieux… Le paradoxe entre le temps politique et l’urgence climatique me frappe beaucoup.

Cela vous a-t-il découragé de vous engager politiquement?

Il faut distinguer l’international du national et du local. A la COP, le processus est beaucoup plus lent. Chaque accord doit se trouver selon le plus petit dénominateur commun entre chaque Etat. J’ai été déçu, mais ça me motive à poursuivre au niveau suisse, car il y a encore beaucoup à faire, que ce soit au niveau cantonal ou local.

Justement, les élections cantonales auront lieu au printemps. Serez-vous candidat?

Je n’exclus pas l’idée de me présenter.

Quant à la jeunesse suisse, a-t-elle été suffisamment représentée?

Je suis content qu’on ait été présents. La délégation suisse voit qu’on est là et qu’on les observe. Mais en général, la société civile n’est pas suffisamment prise au sérieux. L’une des plus grandes délégations à la COP, ce sont les représentants des énergies fossiles. Les intérêts économiques sont prépondérants, c’est consternant. On l’a vu avec la problématique du tabac: de grands accords ont été trouvés, mais l’industrie du tabac n’était alors pas présente à la table des négociations. C’est ainsi que l’on sera plus efficace.

COP26 pour le climat: «Par moments, ça fait perdre espoir»

Jean-Valentin de Saussure a participé à la conférence onusienne sur le climat. Le conseiller communal de Mies en revient déçu, mais aussi motivé à poursuivre son engagement autrement. Interview.