Son accident avait ému toute la région. Quelques jours avant la rentrée scolaire 2021, Chayan Borrelli avait frôlé la mort en faisant une terrible chute au collège des Rojalets.

«On s’était donné rendez-vous avec un copain pour faire du vélo. J’ai vu qu’il y avait un objet sur le toit, on a grimpé pour voir ce que c’était. J’ai eu la mauvaise idée de sauter sur le puits de lumière, qui s’est cassé sous mes pieds. A partir de là c’est le trou blanc», se remémore le jeune garçon.

A la maison, ses parents, Claudio et Mercedes sont occupés à ranger les affaires au retour des vacances familiales quand un hélicoptère survole la villa.

Je me suis juste dit que ça devait être un dimanche difficile pour quelqu’un. Quand l’adjudant de la gendarmerie a sonné à la porte, j’ai compris qu’il était arrivé quelque chose de grave.

Claudio Borrelli, père de Chayan

«Je me suis juste dit que ça devait être un dimanche difficile pour quelqu’un, raconte le père de Chayan. Quand l’adjudant de la gendarmerie a sonné à la porte, j’ai compris qu’il était arrivé quelque chose de grave.»

Trente-six heures entre la vie et la mort

La boule au ventre, le couple mettra plus d’une heure pour atteindre les HUG en raison du trafic. Sur place, ils sont accueillis par un visage connu, la filleule de Mercedes, cheffe pédiatre aux urgences, par hasard de service ce soir-là. Elle ne leur cache rien: la vie de leur fils est en danger. Durant les 36 heures qui vont suivre, il va subir quatre opérations au cerveau.

Dix jours plus tard, Chayan sort du coma, encore incapable de parler ou s’exprimer. Il se rappelle peu de cette période. «Je me souviens que je n’aimais pas les soins, j’avais mal. Mais je me disais que la douleur m’apprenait quelque chose.»

Ses parents s’accrochent aux quelques progrès qu’il fait, mais leur enfant est encore confus et parfois agité. «A nos yeux, il est vraiment revenu à nous le 16 septembre quand il a recommencé à parler, un mois après l’accident», raconte Claudio.

Une détermination qui déjoue les pronostics

Encore paralysé du côté gauche, Chayan réapprend peu à peu à vivre. Sa situation va se débloquer grâce à la visite de sa chienne Xisca, qu’il a demandé à voir à peine après avoir pu reparler.

Dans les jardins des HUG, la chienne lèche une heure durant le bras gauche immobile du garçon, sous les yeux de sa famille. Le lendemain, il recommence gentiment à bouger les doigts.

La suite de la rééducation se fera à Lausanne, au CHUV. C’est là que Chayan va impressionner le personnel médical par sa détermination. Malgré la frustration ou parfois la douleur, il va enchaîner des heures de physiothérapie et de travaux de réhabilitation sans rechigner, demandant même des séances supplémentaires. A Noël, il peut enfin rentrer chez lui.

Grand sportif, sa bonne condition physique et sa rigueur ont contribué à sa convalescence rapide.

Du coma aux JOJ?

Adopté en Thaïlande quand il avait 15 mois, le jeune garçon a été mis sur des skis presque immédiatement après son arrivée dans son nouveau foyer. Dès lors, il passe chaque hiver à dévaler les pentes d’Anzère, où il est membre du ski-club.

Peu avant son accident, Chayan s’était fixé comme objectif de concourir en ski alpin pour la Thaïlande aux Jeux Olympiques de la Jeunesse de 2024 en Corée du Sud. Malgré une saison blanche, il a désormais retrouvé toutes ses capacités physiques et compte bien réaliser son rêve. Accepté au sein de la fédération thaïlandaise, il doit encore participer à plusieurs compétitions pour engranger les points requis pour une qualification.

Ses médecins ont quant à eux donné leur bénédiction au projet, tant qu’il ne prend pas de risque inutile.

Pour moi, puisque c’est moi qui l’ai vécu, ce qui m’est arrivé est presque naturel.

Chayan Borrelli

Mais avant de retrouver les joies de la glisse, Chayan a déjà repris le tennis, qu’il pratique depuis plusieurs années.

Entre deux sets, l’adolescent a pu partager son expérience avec son coach, qui a vécu un accident similaire au début de sa vie d’adulte. Il a notamment pu le rassurer et l’aider un peu à prendre conscience du parcours exceptionnel qu’il avait déjà traversé.

«Pour moi, puisque c’est moi qui l’ai vécu, ce qui m’est arrivé est presque naturel», explique Chayan, qui a encore de la peine à se considérer lui-même comme un miraculé.

Désormais, l’adolescent refait sa dixième année scolaire, toujours aux Rojalets. Plus tard, il rêve de travailler avec les chiens, comme policier dans une brigade canine. Un choix de carrière évident au vu de sa relation toute particulière avec cet animal.

Coppet: le jeune miraculé Chayan Borrelli rêve des Jeux olympiques

A 14 ans, Chayan Borrelli a failli perdre la vie après une chute au collège des Rojalets. Un an après, il a de nouveau toutes ses capacités et la vie devant lui. Récit.