Votre publicité ici avec IMPACT_medias

Coronavirus: la lettre aux aînés de Patricia Tella

«La Côte» propose une lettre adressée aux personnes les plus concernées par le Covid-19. Aujourd’hui elle est signée Patricia Tella, auteure pour enfant et lectrice de «La Côte», qui a décidé de mettre sa plume dans la main de son fils Esteban, 2 ans, «qui manque à ses grands-parents».

29 avr. 2020, 07:00
lettre

Lausanne, le 8 mars 2020 (reçue le 18 avril 2020)

Un dimanche d’hiver au jardin,

Il faisait très chaud pour un jour d’hiver. Le soleil me chauffait les joues et l’étoile qu’on a suspendue à la fenêtre pour le père Noël s’est mise à briller. On était tous les trois dans le jardin et on jouait à faire de la musique avec les ustensiles de cuisine de Mamy «Yaya». J’avais ma doudoune et mon bonnet «chat», mon préféré, et je tournais en rond comme une hélice en chantant, ça vous faisait pleurer de rire. J’aime bien vous entendre rire et je voulais que ça s’arrête jamais. En face du cabanon, «Coco» aboyait pour nous accompagner. Après manger, je me suis endormi sur les genoux de papy «Bobo» qui m’a installé doucement dans le cabanon pour la sieste.

A mon réveil, maman et papa étaient là et je sentais que quelque chose était différent. Ils ont dit: «Il faut partir, maintenant. Fais au revoir à papy et mamy!» Et quand j’ai voulu vous embrasser, ils m’ont tiré par la main brusquement: «On ne fait pas de bisous aujourd’hui!» J’avais peut-être fait quelque chose de mal? Une bêtise?

J’ai tout essayé pour rester encore quelques minutes avec vous. Crier et bouder, ce sont mes armes préférées. Ça n’a pas marché. C’est la dernière fois que j’ai senti votre odeur et touché la douceur de votre peau.

Depuis, je vous vois dans un écran et barbouille avec vous. J’ai beau essayer avec mes petites mains de traverser l’image, mais je suis pas encore assez costaud pour y arriver. Vos papouilles me manquent. Pourquoi je peux plus venir chez vous? Je suis puni?

Papa m’a expliqué que c’est à cause d’un «Birus» au drôle de nom que je peux plus vous voir. «Un sale truc invisible», a ajouté maman. Comment est-ce qu’un truc sale et qu’on voit même pas peut nous éloigner? Je sais pas, mais je vous promets que je deviendrai plus grand et plus fort que ce «Birus» pour qu’il ne puisse plus jamais nous séparer.

Je vous aime,

Votre petit-fils Esteban

 

Si vous désirez contribuer, et écrire votre lettre à nos aînés, vous pouvez adresser votre prose (1500-2500 signes) à entraide@lacote.ch.

Ces lettres sont lues dans l’émission de la RTS «Porte-Plume» diffusée du lundi au vendredi de 11h à 11h30. Une opération en partenariat avec «Le Nouvelliste», «Le Quotidien jurassien», «Le Journal du Jura», «La Liberté», «Vigousse» et le mensuel «Générations».

 

L’info solidaire par l’équipe de «La Côte»
Dans la situation sanitaire hors normes que nous vivons, la rédaction de «La Côte» est mobilisée afin d’accompagner ses lecteurs avec une information précise et fiable. Notre journalisme, professionnel et indépendant, ne bénéficie d’aucune subvention. Nous avons cependant choisi de proposer en libre accès une grande partie de nos contenus touchant aux aspects essentiels et vitaux de la crise que nous traversons tous. Plus que jamais en cette période inédite, l’information a une valeur. Elle est produite par nos journalistes et nos photographes avec passion et engagement. Si vous souhaitez nous soutenir, vous trouverez plus d’informations sur nos abonnements en cliquant ici.
Votre publicité ici avec IMPACT_medias