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Deux océans à franchir aux commandes d'un DC-3 de 77 ans

Passionné d'aviation, Raphaël Favre prendra les commandes du DC-3 qui effectue depuis mars le tour du monde. Il sera l'un des trois pilotes engagés sur la plus longue étape, pour franchir le Pacifique entre Japon et Alaska. L'été prochain, il remontera à bord pour survoler l'Atlantique.

15 mai 2017, 14:24
Raphaël Favre a la passion du vol chevillée au corps, pour son job au quotidien à bord d'un Airbus A-320, à Prangins avec le Robin du Club aéronautique Swissair ou au-dessus du Pacifique à bord d'un DC-3.

Sa maman Ursula Favre aurait certainement préféré que Raphaël en reste à son premier rêve d’enfant. Inspiré par son cousin, employé du Nyon-St-Cergue, il aspirait à piloter des locomotives. Aujourd’hui, c’est bien loin du plancher des vaches qu’il concrétise quotidiennement sa passion, aux commandes d’un airbus A-320 de la compagnie easyJet. «Quant à moi, je ne suis toujours pas à l’aise en avion et lui, il se lance dans une aventure aéronautique», confessait sa maman lors de la présentation du Breitling DC-3 World Tour auquel prend pleinement part son fils. Raphaël Favre part en effet cette semaine pour le Japon où il prendra, dès le 22 mai, les commandes du vétéran des airs, le Breitling DC-3 qui accomplit actuellement le tour du monde.

Vol au-delà de l’autonomie de la machine

Le Pranginois, aujourd’hui domicilié à Saint-Livres, fera face au double défi de franchir deux océans à bord d’un avion qui, à 77 ans, affiche le double de l’âge du pilote. A faible altitude et vitesse réduite, aux côtés du pilote principal du DC-3, Francisco Agullo, il rebondira d’une piste à l’autre de Kobe à Sendai en passant par Fukushima. Ensuite, les pilotes, exceptionnellement en trio, s’attaqueront à l’étape cruciale de ce tour du monde: un vol de 11 heures sur un appareil qui ne dispose que de 8 heures d’autonomie. Des réservoirs additionnels ont été aménagés dans l’habitacle afin de pouvoir rejoindre la base de l’US Air Force sur l’île de Shemya, perdue dans le nord du Pacifique, à 1900 kilomètres au sud de l’Alaska. «L’aviation, c’est toujours du risque calculé... Mais il reste quelques inconnues dans notre équation, à commencer par la météo du jour et les vents dominants.» Et dans ce cas, un changement du plan de vol aurait de lourdes conséquences. Non seulement, il faudrait trouver une piste, mais ensuite, le ravitaillement en carburant spécifique à ce vieil avion serait problématique.

Le commandant de bord au «civil» n’en frétille pourtant pas moins d’impatience. «Ce DC-3 est plutôt lourd à voler, dépourvu de toute électronique. Il est sensible au vent et peut vraiment te faire transpirer. Mais ce genre d’aventure aéronautique permet des rencontres de passionnés tout autour de la planète.»

Puis, en août, il rejoindra l’expédition historique à New York pour mener le vénérable avion au-dessus de l’Atlantique, avec escales au Groenland et en Islande. Le périple mondial du DC-3 se conclura lors du meeting aérien Breitling Sion Air Show le samedi 16 septembre.

Une victime directe du «grounding» de Swissair

De quoi nourrir cette flamme pour le vol qui anime le Pranginois depuis l’âge de 10 ans. Il faut dire que la villa familiale, sous l’alignement pour l’atterrissage à l’aérodrome de La Côte a été un terrain propice à son envie de prendre les airs. «Ma voie était claire, mais elle n’a pas été facile pour autant», se remémore Raphaël Favre. Alors qu’il entamait son université, Swissair embauchait des pilotes. Le temps de passer les sélections en 2000, son entrée aux cours était prévue pour octobre 2001... date du fâcheux «grounding» de l’ex-compagnie nationale. «Soit vous payez votre formation, soit vous allez voir ailleurs», lui a-t-on alors signifié.

Non sans inquiétude, le jeune homme contracte un crédit pour un cursus moins coûteux chez les Balôis de Crossair. Cet emprunt, il le finance par divers petits jobs à l’accueil des voyageurs à l’aéroport. Après un passage par la tour de contrôle puis par une compagnie de vols privés il rejoint ensuite le transporteur low cost. «Je ne le regrette pas, constate-t-il aujourd’hui qu’il est assis à gauche d’un Airbus A-320 depuis trois ans. L’aviation est un monde complet Avoir œuvré dans d’autres métiers apprend l’humilité.»

Passer l’essentiel de ses journées au-dessus des nuages ne nourrit pas pleinement sa passion. «J’ai la chance de travailler pour une compagnie qui dispose d’un réseau varié de 70 aéroports différents en Europe et qui ne nous empêche pas de prendre notre airbus à la main, plutôt que de ne privilégier que le pilotage automatique comme chez certains transporteurs. Et puis, je ne me vois pas rester sans voler à côté de mon boulot», indique celui qui pilote régulièrement le Robin du Club aéronautique Swissair, basé à Prangins, ou qui atterrit sur des glaciers en passager de son amie Marie, aussi passionnée d’aviation que lui. Décidément, Ursula Favre n’a pas fini de se faire du mouron...

 

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