C’est avec une pointe de déception que Sarah Höfflin a quitté Aspen, dans les Rocheuses américaines. La trentenaire a en effet été contrainte de déclarer forfait pour les X Games, répétition générale avant les Jeux olympiques, en raison d’une commotion consécutive à une chute sur la neige du Colorado.

Afin de ne pas prendre de risque, la freeskieuse genevoise est donc rentrée au pays sans concourir. Mais sa motivation pour Pékin reste intacte.

Sarah Höfflin, comment vous sentez-vous après cette chute à Aspen?

Je vais bien, merci. Ma tête va mieux et les nouvelles sont rassurantes. Je suis allée consulter des spécialistes car je souffrais de petits soucis de vision. Les résultats étaient positifs et j’espère désormais que je serai en forme en Chine.

Vous serez donc prête pour Pékin?

Sur le papier, c’est tout bon! Après, je n’ai pas non plus envie d’être trop optimiste, car on ne sait jamais comment le corps réagit sur la neige. Mais je vais me tester ce week-end à Laax (GR) et j’ai bon espoir que tout est rentré dans l’ordre.

Il faut que je me rappelle que la pression est sur d’autres filles. Moi, je n’ai rien à perdre, j’ai déjà une médaille.

Sarah Höfflin championne olympique 2018

Vous avez gagné la médaille d’or en slopestyle aux JO de PyeongChang il y a quatre ans. Défendre votre titre, c’est une exigence supplémentaire?

Non, je n’ai pas envie de me mettre de pression. J’ai vu ces dernières semaines que lorsque c’est le cas, cela m’affecte négativement. Il faut que je me rappelle que la pression est sur d’autres filles. Moi, je n’ai rien à perdre, j’ai déjà une médaille. J’espère simplement ne pas chuter et ainsi devoir renoncer. Mais en fait, en être là, c’est déjà incroyable.

Vous ne vous fixez donc pas d’objectif précis?

Non, pas vraiment. Bien sûr, j’aimerais être sur le podium en slopestyle et en Big Air et ramener deux médailles d’or, mais ce n’est pas réellement un but. Je veux surtout produire mon meilleur ski et être au top. Après, je souhaite quand même atteindre au moins la finale dans les deux disciplines, sinon je serai déçue. Ensuite, tout est possible et je reste optimiste. Aux Jeux olympiques, tout le monde peut gagner et c’est aussi quelque chose que j’apprécie.

A Pékin, la Genevoise partira à la chasse aux médailles en slopestyle et en Big Air. Photo: Keystone/Christian Merz

Il s’agira de vos deuxièmes Jeux. Plutôt pas mal pour quelqu’un qui n’a pas grandi à la montagne, non?

Oui, c’est fou. Je dois dire que je suis déjà extrêmement contente de partir aux Jeux. Je me rends compte que c’est un immense accomplissement. Lorsque j’ai reçu mes habits, je me suis rappelé que c’est génial de pouvoir participer à deux JO dans une vie. Jamais je n’aurais pensé réussir cela. Ce n’était même pas un rêve! Et là, d’avoir tout ce soutien autour de moi, je ne parviens pas à trouver les mots pour dire à quel point je suis heureuse et épanouie.

Le soutien, justement, il vient aussi de La Côte, où vous avez passé sept ans de votre jeunesse (de 1996 à 2003)…

Oui, nous habitions à Founex avec ma famille. J’ai encore gardé quelques amis dans la région et j’ai plein de bons souvenirs. Je m’y rends encore souvent pour y manger ou acheter du vin.

Nous ne pourrons pas découvrir d’autres endroits, d’autres sports, rencontrer de nouvelles personnes. On perd un petit peu l’esprit olympique.

Sarah Höfflin championne olympique 2018

Quel est votre avis sur le fait que ces Jeux se déroulent en Chine?

La première chose qui est dommage, c’est le Covid-19. Cela ne nous permet pas de visiter le pays, de rencontrer des gens et une culture. C’est triste. Nous ne pourrons pas non plus vraiment découvrir d’autres endroits, d’autres sports et rencontrer de nouvelles personnes. C’est malheureux car cela fait partie de l’expérience et là, on perd un petit peu l’esprit olympique.

Par ailleurs, notre génération est plutôt attachée au respect de nouvelles valeurs marquées par l’acceptation. Et la Chine, ce n’est pas forcément le pays qui est pris en exemple lorsqu’il s’agit d’évoquer ce respect. Mais espérons que ces Jeux puissent ouvrir les esprits.

On vous retrouvera dans quatre ans pour les prochains JO, qui se dérouleront cette fois-ci en Europe?

Oui, j’aimerais vraiment bien faire ceux de Milan. Participer à des Jeux sans Covid, avoir la famille et les proches autour de moi, ce serait génial. J’espère pouvoir me qualifier.

Laurent Morel (SkiActu.ch)

De Founex aux JO de Pékin, il n’y a qu’un pas pour Sarah Höfflin

La championne olympique en titre de slopestyle a passé une importante partie de sa jeunesse sur La Côte. En février, elle repart à la conquête des médailles en Chine. Rencontre.