«Que vous êtes beau!», s’exclame, derrière le comptoir, la patronne de la confiserie Rougemont à Nyon. Il est vrai qu’Olivier Feller, un habitué du lieu, ne manque pas d’élégance, dans son veston bleu marine, cravate rouge-rosé assortie à sa pochette de costume.

Connu pour son engagement au Parlement fédéral, le conseiller national de Genolier l’est peut-être moins pour une manifestation pourtant régionale: le Forum économique de La Côte (FELC), dont la première édition a eu lieu en 2011. La rencontre réunit entrepreneurs, penseurs et politiciens pour débattre et réfléchir sur des thèmes liés à l’économie.

Après 10 ans, le parlementaire PLR s’apprête à passer la main. «Il est temps d’avoir de nouvelles impulsions, de nouvelles visions», affirme-t-il, attablé, comme à son habitude, devant un Coca zéro. La décision, il l’avait prise en 2020 déjà, mais deux éditions ont été annulées à cause de la pandémie.

La suite, ce sera avec Pierre-André Romanens, député PLR au Grand Conseil et habitant de Coppet (voir encadré).

Manque de bol

Décidément, 2022 s’annonce comme un tournant pour le politicien de Genolier. Le 18 février dernier, la présidence du groupe PLR aux Chambres fédérales lui est littéralement passée sous le nez. Tout s’est joué à une voix près, 18 contre 19 en faveur du Neuchâtelois Damien Cottier. Manque de bol, quatre de leurs collègues étaient absents le jour du vote, dont trois en faveur d’Olivier Feller…

Oui, je suis un peu triste. C’est comme un sportif qui échouerait de justesse lors de la compétition

Olivier Feller conseiller national

Il faut dire aussi que l’habitant de Genolier ne fait pas l’unanimité parmi ses pairs, lui qui a par exemple défendu le prix unique du livre contre l’avis de sa formation. «Je ne pense pas que cela ait joué dans la balance», analyse-t-il. L’élément déterminant serait plutôt sa posture d’allié de la présidence du parti, à laquelle a été préféré le «contrepoids» que représente Damien Cottier.

Aujourd’hui, Olivier Feller se dit déçu. «Oui, je suis un peu triste. C’est comme un sportif qui échouerait de justesse lors de la compétition», image-t-il.

Au Conseil des Etats?

Mais son engagement se poursuit, en tant que membre de la commission de l’économie du Conseil national. En 2023, briguera-t-il une place au Conseil des Etats? «La question pourra se poser une fois les cantonales terminées», commente-t-il sobrement.

Et le Conseil fédéral? «On ne peut pas avoir pour objectif d’y accéder, au risque de finir sa vie frustré. Il peut y avoir tellement d’aléas!»

On ne saurait le nier, au vu des hauts et des bas de sa carrière politique. Après s’être porté candidat en 2003 et 2007, c’est seulement en 2011 qu’il est finalement entré au Parlement. Des revers transformés en enseignements. «L’échec vous alimente, il donne une structure de vie plus riche».

Un rêve gardé secret

Pour ce passionné de politique, siéger à Berne est un accomplissement. «J’en ai toujours secrètement rêvé, sans oser l’avouer. Mon rêve s’est réalisé», confie celui qui a d’abord rejoint le parti radical, avant sa fusion pour devenir le PLR.

Olivier Feller peine à décrire l’origine de cette passion. «C’est une envie de s’intéresser à des causes qui dépassent sa propre personne». Il se souvient, à 14 ans, d’assister aux séances du Conseil communal de Genolier, dans lequel siégeait son père.

Il y entre en 1994, à l’âge de 20 ans, et en devient le président en 1997. Un an plus tard, il est élu député au Grand Conseil vaudois. Il est alors son plus jeune membre.

Olivier Feller, ici devant le château de Nyon. Photo Sigfredo Haro

Mais cet amour de la chose publique est peut-être né ailleurs, sur les bancs du Gymnase de Nyon. Olivier Feller fait alors partie du comité des élèves, se présente à la présidence de celui-ci et… échoue de peu.

A la découverte de la Corée du Nord

Qu’importe. Fasciné par le fonctionnement des institutions, il profite de chacun de ses voyages pour visiter les parlements, en Allemagne, en Italie et même en Corée du Nord. «C’est fou comme les dictatures ont tendance à imiter les démocraties, avec un parlement, même si celui-ci n’est là que pour applaudir le leader», s’étonne-t-il à propos de ce dernier voyage.

En 2011, également pour un voyage privé en Ukraine, il se rendra à Kiev, Odessa et en Crimée où ont été signés les accords de Yalta, à la fin de la 2e Guerre Mondiale.

Aujourd’hui, Olivier Feller partage son agenda chargé entre la direction de la Chambre vaudoise immobilière, le secrétariat général de la Fédération romande immobilière, et son mandat à Berne.

Il est toujours conseiller communal à Genolier, et ne compte pas y renoncer. «Je ne joue pas au foot, alors c’est ce qui me permet de garder un ancrage fort dans ma commune, sourit-il. Ce sont mes racines, c’est là que j’ai commencé» Car Genolier, c’est son village de toujours, celui qui a accueilli ses parents alémaniques.

Des larmes versées pour Puccini

S’il lui reste du temps de loisir, c’est à des concerts que ce mélomane et pianiste amateur le passe. Avec une préférence pour les comédies musicales et l’opéra. «Je ne suis pas quelqu’un qui pleure souvent. Mais la scène finale de La Bohème de Puccini, alors que Rodolfo crie son amour à Mimi, ça, ça me fait pleurer», confie-t-il.

Mais trêve de confidences, il est l’heure d’aller souper. Ce soir, pour Olivier Feller, ce sera à l’auberge de Genolier. Lui qui se profile maintenant sur le thème de la viticulture, avec diverses interpellations, lance en partant: «On risque bien d’ouvrir une bouteille… mais on rentre à pied!»

Pierre-André Romanens prend le relais
Après Olivier Feller, c’est donc un autre PLR qui s’installera dans le fauteuil de président du Forum économique de La Côte (FELC). C’est le Copétan Pierre-André Romanens qui récupérera officiellement les rênes de l’association à l’occasion de la 10e édition agendée au 24 mars.
Membre fondateur du FELC, le député de Terre Sainte aurait dû reprendre les commandes en 2020, avant que le Covid ne vienne tout bouleverser. «Je m’y étais engagé, je ne vais pas revenir en arrière», précise celui qui se décrit comme un président de transition.
Succéder à une personnalité telle qu’Olivier Feller ne sera pas facile, mais Pierre-André Romanens compte mettre à contribution sa vision très régionale notamment sur l’énergie ou encore les circuits courts. De quoi ratisser un peu plus large niveau audience? C’est en tout cas le souhait du futur président.
En attendant, cette 10e édition qui se déroulera au Rosey Concert hall à Rolle sera consacrée à la cybersécurité et ses enjeux économiques.
En plus de spécialistes du domaine, le FELC n’accueillera rien de moins qu’une conseillère fédérale en la personne de Viola Amherd qui interviendra sur la politique de sécurité à l’ère numérique. Infos et inscriptions (jusqu’au 14 mars) sur: www.felc.ch
GBT

Olivier Feller, les hauts et bas d’une carrière politique entre Berne et Genolier

Le conseiller national a décidé de remettre la présidence du Forum économique de La Côte, qu’il a fondé il y a dix ans. L’occasion de revenir sur sa récente déconvenue fédérale, et d’évoquer ses projets d’avenir.