Votre publicité ici avec IMPACT_medias

La cantine pour nourrir les esprits

Le réfectoire du collège de Grand Champ a une nouvelle utilisation: un lieu d'études éphémère. Des dizaines d'étudiants travaillent dans ce local le week-end.

18 janv. 2013, 00:01
data_art_6733074.jpg

info@lacote.ch

A peine les festivités et autres ripailles de fin d'année sont-elles terminées, que les étudiants se sont remis à réviser avec assiduité. En effet, le mois de janvier coïncide avec la première volée d'examens de l'année universitaire, forçant dès lors les élèves à devenir pour quelques semaines au moins de véritables rats de bibliothèques. Enfin, lorsque ces dernières peuvent les accueillir, car hormis des horaires parfois inadaptés, elles manquent cruellement de places à offrir. Ce cas de figure, devenu récurrent avec l'augmentation des étudiants, transforme alors les révisions en parcours du combattant, en particulier pour ceux qui résident à l'écart des deux métropoles lémaniques. "Après trois sessions d'examens, j'en ai eu ras-le-bol. On perd beaucoup trop de temps dans les trajets. Et si on n'arrive pas assez tôt, on n'a pas de bonnes places, voire pas de place du tout" , soupire Meriam Mastour en 1 re année à la Faculté de droit de Genève. Pour en finir avec le statut de "sans bibliothèque fixe", cette jeune Glandoise engagée a alors eu une idée toute simple: disposer d'une salle durant cette période critique de révisions au sein même de sa commune.

 

Respect de certaines règles

 

Après un rapide sondage auprès de ses amis, Meriam constate qu'ils sont plusieurs à partager son point de vue et à vouloir étudier dans un lieu près de chez eux. À la fin du mois de novembre dernier, elle crée alors un groupe sur le réseau social Facebook intitulé "+ de révisions, - de trajets", afin de communiquer les détails de son projet et lui donner plus de visibilité. Des élèves de toute la région - on dénombre près de 115 membres à ce jour - y adhèrent et manifestent leur intérêt, preuve que la demande est bien réelle. Encouragée par ses compagnons d'infortune, la jeune femme envoie alors une lettre aux autorités glandoises, dans laquelle elle demande l'ouverture d'une salle pendant les vacances scolaires du mois de décembre, ainsi que tous les week-ends jusqu'au 3 février.

Si certains édiles ont été surpris par la démarche, Daniel Collaud, municipal et père de deux étudiants confrontés à cette problématique, se dit lui "surpris de ne pas y avoir pensé plus tôt. "

Convaincues par l'initiative, les autorités acceptent donc de faire de la cantine scolaire du collège de Grand-Champ un lieu d'étude éphémère, mais exigent des garanties en contrepartie. Ainsi, Meriam et quatre autres volontaires sont chargés d'ouvrir et fermer la salle, ainsi que de veiller à la propreté des locaux et au respect des règles de savoir-vivre. Et l'autogestion fonctionne à merveille, puisque c'est dans un véritable silence de bibliothèque que travaillent les quelques dizaines de forçats de la matière grise - parfois jusqu'à 90 le même jour - fréquentant les lieux entre 8h et 20h. Bref, jamais la cantine n'aura été aussi calme. Qu'ils soient en psychologie, médecine, lettres ou économie, en début ou en fin de formation, chaque élève semble y trouver son compte. "On est plus proche de chez nous, c'est plus pratique et plus convivial. Et on peut se voir entre amis", expliquent en coeur Illona, Kevin et Ornella, trois jeunes gens domiciliés entre Gland et Nyon. Étudiant en HEC à Lausanne, Christophe apprécie, lui, de pouvoir travailler dans ce cadre studieux, car " chez soi on fait plus facilement autre chose."

Le concept marche d'ailleurs tellement bien que la commune a accepté de mettre à disposition la salle des colonnes, sise un étage au-dessus, durant la semaine, lorsque la cantine sert ses repas aux écoliers. Et pour la prochaine session d'examens au mois de juin? "Gland a été une première étape. Le rêve serait que d'autres communes, telles que Nyon, Coppet ou Rolle, s'y mettent aussi au prochain semestre", explique Daniel Collaud. Toutefois, il insiste sur un point: " La demande doit venir de la base. Il faut une volonté des jeunes. On ne doit pas venir avec une formule toute faite, sinon il n'y a pas de responsabilisation. " Un message qui sonne comme un appel du pied aux jeunes de la région, pour qu'ils se mobilisent et n'hésitent pas à entrer en contact avec les autorités de leur commune res pective. Et qui sait? Cet été révision rimera peut-être un peu plus avec décontraction.

Votre publicité ici avec IMPACT_medias