Si ce 17 février 2022 restera comme la date de levée des mesures sanitaires imposées à la population suisse et à l’économie dix-sept mois et un jour plus tôt, le parfum de libération ne se respirait guère dans le centre-ville nyonnais jeudi à la mi-journée. Pas de changement spectaculaire dans les rues , vu que l’obligation du port du masque était déjà levée dans les passages à forte fréquentation.

Pour humer le vent du renouveau, il fallait pousser la porte des commerces. Premier constat: la traditionnelle affiche de l’OFSP avec la mention «port du masque obligatoire» a été décollée.

Une moitié de clients masqués dans les supermarchés

Dans les deux enseignes Migros de la ville, on a pu observer, peu avant la pause de midi, une proportion à peu près égale de porteurs de masques et de visages nus parmi la clientèle. Il flotte dans l’air un sentiment d’observation mutuelle, empreinte de respect des choix de chacun, comme l’appelait de ses vœux le président Ignazio Cassis.

Désormais, ce sont l’habitude et la gestuelle du masque qui subsistent.

Orianne Métroz, patronne du Café vaudois, à Nyon.

«Désormais, ce sont l’habitude et la gestuelle qui subsistent. Je me surprends à chercher mon masque accroché à l’oreille quand je retourne prendre mon service», rigole Orianne Métroz, la patronne du Café vaudois. A ses côtés, Alexandre Silva a opté pour le maintien du masque pour servir «par choix personnel». «Mais depuis ce matin, ce sont surtout des visages et des sourires que l’on retrouve», se réjouit la serveuse de la pinte.

Le hall du centre de La Combe a retrouvé son rôle de lieu de rencontre et de pique-nique pour Ariane et Phileas. (Photo Cédric Sandoz)

Annonce de dernière minute

Tous les restaurants n’ont pas ressenti un afflux de mangeurs dépourvus de certificat sanitaire. A l’Hostellerie du XVIe siècle, Christophe Decurtins constate même un service un peu plus calme qu’à l’accoutumée. «Pas de quoi s’inquiéter, c’est comme ça chaque année à quelques jours des relâches», remarque le patron cuisinier, confiant. «La fin du certificat Covid ne date que d’hier. Dans le cahier de réservations, je ne ressens pas encore de ruée, mais laissons le temps aux gens de reprendre.»

Cela fait des mois que nous mangeons sur le chantier, au froid, Nous avons enfin droit à une vraie coupure, au chaud, à midi.

Naim Mazreku, peintre en bâtiment non vacciné.

En cuisine, on se réjouit d’avoir pu tomber le masque. Et en salle, on salue la fin du devoir de contrôle des QR codes dès l’arrivée des clients.

Un soulagement pour les «bannis» des restos

Cette levée des restrictions d’accès aux établissements publics était attendue avec impatience par trois peintres en bâtiment, non vaccinés, attablés au restaurant Maman m’a dit, à la route de Divonne. «Cela fait des mois que nous mangeons sur le chantier, au froid, Nous avons enfin droit à une vraie coupure, au chaud, à midi, confie l’un d’eux, Naim Mazreku. Même si ce n’est que 45 minutes, c’est très important pour notre équilibre.»

A une autre table, Nell Perret, et Ruben Hirsch sont ravis de se retrouver autour d’un burger «dans un vrai restaurant». Non vaccinés, la jeune diplômée et l’étudiant venu du gymnase voisin avouent néanmoins leur frustration. «Depuis près de deux ans, notre vie de jeunes adultes a été réduite à néant. Il y avait de quoi se ruer chez Maman m’a dit ce midi.»

Trois peintres en bâtiment (Naim Mazreku, Fexhri Lutviji et Arlind Elshani) et deux jeunes (Nell Perret et Ruben Hirsch) non vaccinés se sont précipités au restaurant ce jeudi. (Photo Maman m'a dit).

Les fitness ont la banane

Tandis que certains se sustentent, d’autres suent. Et là aussi avec la banane. «L’accès au studio est uniquement possible avec la 1G = 1 grand sourire», peut-on lire en guise de boutade de soulagement sur la porte des deux Activ Fitness, à La Combe et à la rue de la Morâche. Comme leurs pairs, les salles de sport figurent parmi les grands gagnants des libertés retrouvées ce jeudi.

«Si le certificat Covid n’était plus vraiment un frein, le retour du masque obligatoire pendant les exercices depuis la fin de l’année dernière a porté un coup dur pour les exploitants, mais surtout pour les usagers. Dès aujourd’hui, on accueille de nouveau nos fidèles clients qui avaient logiquement déserté», constate Michael Bader, gérant des deux enseignes à Nyon.

Le plaisir des clients n’effacera pas les manques à gagner sur le mois de janvier, généralement propice aux abonnements. «Mais peut-être est-il temps maintenant de bonnes résolutions…», suggère l’exploitant de fitness.

A la salle de la Morâche d'Activ Fitness, Michaël Bürki a profité de venir soulever ses poids sans être obligé d'être masqué pour cela. (Photo Cédric Sandoz)

A Nyon, après les masques, place aux sourires

La fin des restrictions sanitaires annoncée la veille s’est ressentie dans les commerces, restaurants et surtout les fitness. Prise de température au centre-ville nyonnais.