Alors que le match entre le Lausanne-Sport de Ludovic Magnin et le Stade Lausanne Ouchy de l’ancien nyonnais Anthony Braizat va débuter, samedi du côté de Marcy, les supporters s’amassent en nombre au bord de la pelouse. Ils sont plus de 650. L’occasion pour le club local de se montrer au reste du canton, mais aussi de ravir ses fidèles supporters; des aînés, mais aussi des plus jeunes qui, comme leurs prédécesseurs, vibrent au rythme des exploits du club.

Les jeunes saint-preyards ont pu rentrer avec les pros sur la pelouse. Photo: Sigfredo Haro

Cette culture du football dans le village saint-preyard date de 1912 quand les joueurs étaient des ouvriers de la verrerie, créée une année plus tôt par Henri Cornaz. Mais de cette époque, seuls les «on-dit» subsistent, avec comme uniques preuves les livres d’histoire et les archives.

Les plus âgés gardent des souvenirs à partir des années 1960 et le début de l’épopée triomphante de la famille Chapuisat. Henri Chapuisat, père de Pierre-Albert et grand-père de Stéphane, entraînait la première équipe et l’avait emmenée avec succès en 2e ligue.

Les juniors du club n’ont pas loupé une miette du derby lausannois. Photo: Sigfredo Haro

Des moments vécus par Michel Roubaty, 76 ans. L’un des plus anciens, au club depuis 60 ans, se remémore: «J’habitais en bas vers la verrerie. J’ai joué trois ans avec la première équipe. Dans les années 1980, je l’ai même coachée». Il raconte une autre époque. «J’étais content quand j’avais trois ballons pour l’entraînement, maintenant ils ont même des soigneurs!»

L’équipe du talus

Ses joueurs s’entraînaient sur un stade de Marcy en pente et mal éclairé. Ils jouaient les matches sur un autre terrain, au bord du lac. Une équipe dont faisaient partie feu Daniel «Nanet» Dupuis, vedette de Michel Roubaty, mais aussi le syndic Stéphane Porzi, président du club entre 2010 et 2018.

«J’ai commencé ici à l’âge de 10 ans, j’habitais juste à côté, explique ce dernier. En rentrant à la municipalité en 2011, j’ai repris le projet du centre sportif de Marcy, de mon collègue Roger Burri, qui me tenait à cœur. Maintenant, grâce à ces installations, on peut accueillir beaucoup de monde. Pour le match de Coupe de Suisse contre Servette, l’année passée, on a eu plus de 1200 personnes, pareil contre Sion pour le premier match de Gattuso en 2012 au bord du lac.»

C’est un club qui a une histoire, une mentalité de gagnant.

Christian Gagliardi, joueur des plus de 50 ans du FC Amical Saint-Prex

A ses côtés? Ses amis d’enfance Carmelo Todaro et Sylvestro Vultaggio, avec lesquels il a joué en junior. Le premier raconte: «Stéphane était le buteur et Sylvestro le Pirlo de la situation. En junior D, au premier match, on a fait 1-1 et au deuxième, on a pris 22-0. On apprenait sur le tas et par la suite on a bossé physiquement.»

«C’est un club qui a une histoire, une mentalité de gagnant», raconte Christian Gagliardi, qui a gagné cette année la coupe vaudoise et le championnat avec les plus de 50 ans de l’Amical. Pendant la mi-temps de ce match de gala, samedi, son équipe a été honorée par le club qu’il a rejoint il y a 22 ans.

Les «vétés» du club ont été célébrés comme il se doit. Photo: Sigfredo Haro

Une identité à garder

«Ce que je préfère, c’est l’esprit qu’il y a entre nous. Dès qu’on adhère au club, on est tout de suite intégré, relève le président actuel, Bernard Brodard. Dans dix ans, je vois l’Amical à peu près comme maintenant.» Une ambiance de «potes» que l’on retrouve dans toutes les catégories, surtout chez les jeunes.

Alex Fernandes est arrivé au club à l’âge de quatre ans. Après l’avoir quitté quelque temps pour rejoindre le Lausanne-Sport, il a retrouvé ses amis en 3e ligue, en 2017. Depuis, il a vécu deux promotions avec son club de cœur et ses amis. Il les quitte cette année pour s’occuper de sa famille et craint que cette identité de club se perde.

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«Beaucoup de joueurs sont partis depuis la dernière promotion. Toujours plus d’implication est demandée chaque année. Un directeur sportif a été engagé pour la saison prochaine (ndlr: Vagner Gomes) et le premier contact ne m’a pas plu. Il pensait qu’on ne s’impliquait pas assez. Mais on est beaucoup à être restés au club, alors que l’on pourrait évoluer à un niveau supérieur», conclut-il.

Si Saint-Prex restera toujours sa maison, il espère que des histoires, comme la sienne, celle de Stéphane Porzi ou du président Bernard Brodard, seront toujours possibles. Parce que de cette mentalité, il garde des souvenirs indélébiles, qu’il compte bien raconter à son fils de quatre ans, l’âge auquel il a commencé à jouer à Marcy.

Stéphane Porzi et Bernard Brodard espèrent passer encore de bons moments devant les matches de l’Amical Saint-Prex. Photo: Sigfredo Haro

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