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Les ondes, cet ennemi sournois

L’électro-hypersensibilité peut rendre la vie presque impossible. Pourtant ce phénomène est peu reconnu en Suisse.

17 oct. 2015, 09:41
Le quotidien des électro-hypersensibles ressemble à un véritable calvaire dans nos sociétés hyper-connectées.

Enquête L’électro-hypersensibilité peut rendre la vie presque impossible. Pourtant ce phénomène est peu reconnu en Suisse.
gregory balmat
Migraines tétanisantes, brûlures sur la peau, douleurs articulaires, sensations aigües de piqure, voilà un petit échantillon des souffrances physiques éprouvées au quotidien par les personnes électro-hypersensibles lorsqu’elles sont confrontées à des champs électromagnétiques ou à l’électrosmog.

Des maux suffisamment pénibles pour complétement bouleverser l’existence. Pourtant, le statut de cette affection demeure flou dans de nombreux pays y compris, en Suisse.

Au mois d’août, chez nos voisins français, une femme a été reconnue par le Tribunal du contentieux de l’incapacité de Toulouse invalide à cause de son électro-hypersensibilité (EHS). En évaluant sa déficience fonctionnelle à 85%, la justice française lui a permis de toucher une allocation pour adulte handicapé. Une première dans l’Hexagone qui pourrait faire jurisprudence et par là même radicalement transformer le statut des électro-hypersensibles français.

De la cause au symtôme

En Suisse, on s’en tient, pour l’heure, aux recommandations de l’OMS qui reconnaît les symptômes des personnes touchées, mais ne valide pas le lien de causalité entre leurs maux et le rayonnement non-ionisant.  "Ces gens sont en souffrance, c’est indéniable. Mais jusqu’à présent, il n’y a pas de preuves scientifiques d’une relation de cause à effet entre l’exposition aux champs électromagnétiques et les symptômes des personnes souffrant d’une hypersensibilité électromagnétique", explique le docteur Isabelle Rossi, médecin cantonal adjointe pour le canton de Vaud.

Un manque de causalité qui risque de poser problème si un électro-hypersensible vient frapper à la porte de l’Assurance invalidité (AI) en Suisse. "Pour que nous rentrions en matière, il nous faut une attestation médicale qui mette en relation l’environnement professionnel du postulant et les souffrances qu’il éprouve. Or, comme en Suisse ce lien n’est pas reconnu par le corps médical, il y a peu de chance que le dossier soit solide et donc accepté", explique Dominique Dorthe, porte-parole de l’Office de l’AI pour le canton de Vaud. Il ajoute que si son office n’a jamais eu à traiter des cas d’électro-hypersensibilités, il n’exclut pas que des personnes atteintes n’aient fait appel à ses services pour des maux connexes comme la dépression.

Médecins peu sensibilisés

Ce manque de reconnaissance impacte directement le dépistage de l’électro-hypersensibilité. "Le diagnostic est de base compliqué, explique Anton Fernhout président de l’Association romande alerte (ARA), qui lutte pour des normes plus restrictives concernant l’électrosmog. Les symptômes sont non-spécifiques et peuvent renvoyer à de nombreuses pathologies. En Suisse, le corps médical est peu sensibilisés à la médecine environnementale. Rares sont les praticiens qui feront le lien."  Certains pays ont toutefois pris de l’avance quant à la considération de l’électro-hypersensibilité. La Suède, notamment, traite avec le plus grand sérieux cette problématique, en particulier lorsqu’elle est liée à l’activité professionnelle de la personne atteinte. "Des médecins autrichiens ont mis au point un protocole qui permet de diagnostiquer l’électro hypersensibilité, mais peu de praticiens suisses sont au courant de son existence et encore moins l’utilisent. C’est particulièrement vrai en Suisse romande", se désole le vice-président d’ARA, ingénieur environnemental de formation.

Pourtant des pistes existent pour soulager les personnes souffrant d’EHS. Une intoxication aux métaux lourds (lire encadré) pourrait être en cause dans certains cas. Mais selon Anton Fernhout, il faudrait déjà  essayer de mettre à disposition des cadres de vie moins exposés aux rayonnements non-ionisants. Comme cet immeuble situé à Zurich dédié aux personnes intoxiquées par l’environnement. Il faut dire qu’il n’existe pratiquement pas de zone blanche sur le territoire suisse.

Et il n’est pas question, pour l’heure, de revoir les normes en vigueur concernant les taux de rayonnement des antennes relais ou des téléphones portables. Au département cantonal de l’environnement qui gère ce dossier, on explique qu’une veille technologique est en place et que l’on garde  un œil sur les études menées sur le sujet. Et des études ils en existent pléthores mais leurs conclusions laissent planer le doute.  "La plupart de ces travaux traite d’une exposition aigüe et de courte durée aux champs électromagnétiques. Il y a par contre moins d’études sur les effets à long terme d’une exposition aux champs électromagnétiques sur la santé. Ces études ne laissent pas entendre l’existence d’un lien de cause à effet. Ce qui cependant ne permet pas de conclure à l’absence d’effet", commente la médecin cantonal adjointe.

De plus, le fait que bon nombre de ces recherches soient financées par des géants des télécommunications laisse songeur quant à leur impartialité.

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