RODOLPHE HAENER
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On ne parlera évidemment pas de précarité salariale à l'heure de commenter ce que touchent les élus à l'exécutif glandois, mais force est de constater que la fonction est toujours plus demandeuse et que l'évaluation du temps de travail n'est pas toujours en adéquation avec la réalité. A Gland, la Municipalité va ainsi demander à l'assemblée délibérante d'augmenter ces indemnités. Pour passer, pour le poste de syndic, d'un salaire fixe annuel de 60 000 à 70 000 francs. Soit une augmentation de 16% pour la législature 2016-2021. Le salaire d'un municipal passerait, lui, de 40 000 à 48 000 francs. A cela, il faut ajouter les vacations, sorte de défraiement, qui passeraient, selon le souhait des autorités, de 45 francs à 50 francs par heure. "On peut compter entre 450 et 600 heures de vacations par année" , explique le municipal Thierry Genoud. Propos confirmé par ses collègues, lundi en conférence de presse. En somme, il faut rajouter entre 20 000 et 30 000 francs de plus chaque année au crédit des élus. Ce qui pousserait le salaire du syndic à quelque 100 000 francs annuels.
En comparaison, le syndic de Nyon touche, lui, via un forfait global, un montant brut de 140 000 francs, et les municipaux nyonnais 100 000 francs. Différence: à Nyon, le temps de travail est quantifié. Le taux d'occupation du syndic est estimé à 70%, et celui des municipaux à 50%. L'élu glandois Thierry Genoud explique la problématique: "Il faut pouvoir revaloriser la fonction sans dresser des ponts d'or." Le syndic Gérald Cretegny évoque un autre souci: celui de devoir augmenter régulièrement les indemnités, sans quoi, après une trop grande période de stagnation, le bond salarial, pour coller aux exigences professionnelles comme au coût de la vie, pourrait apparaître démesuré. Augmenter un petit peu régulièrement pour éviter des augmentations "spectaculaires" épisodiques, donc.
Indemnité à débattre
Mais si on ne peut parler de précarité salariale, on peut tout de même évoquer une précarité de l'emploi. Et pour cause: une réélection n'est jamais acquise. Il existe, à Lausanne et Yverdon, une indemnité dite "de départ", donnant aux élus sortants de quoi retourner dans le monde professionnel avec une certaine marge de manoeuvre. A Yverdon, selon le préavis de 2009 accepté par l'assemblée, les politiciens non-reconduits touchent un pourcentage de leur salaire durant une période dépendante du nombre de législatures effectuées, et moyennant diverses spécificités relatives à leur âge.
A Lausanne, un politicien, moyennant quelques singularités, touchera six mois de salaire. Condition sine qua non: l'édile doit s'être présenté à l'élection et n'avoir pas été plébiscité. En aucun cas un municipal sortant ne pourra toucher cette somme.
De là à pousser, via un effet pervers, un municipal à se représenter même s'il se sait n'avoir aucune chance, et ce pour toucher les six mois de salaire? Selon la Ville de Lausanne, ce risque existe "théoriquement", mais ne s'est jamais présenté concrètement.
Question de timing
Les autorités de Gland, conscientes du problème, ont pourtant, à contrecoeur, renoncé à mettre en place un tel système compensatoire. "On aimerait pouvoir le présenter, mais la situation, après le référendum refusant la hausse d'impôts, est assez sensible. Ce n'est donc pas le bon moment, même si nous jugeons cette mesure justifiée" , détaille le syndic Gérald Cretegny. Un mauvais timing qui s'explique aussi plus simplement: à quelques mois des élections, on verrait mal des politiciens instaurer un tel système leur garantissant des revenus en cas de revers électoral. De même que le timing pour la hausse des indemnités, en l'occurrence en fin de législature, apparaît sensé: on imaginerait mal de nouveaux élus faire voter, en début de législature, une augmentation des salaires.