PROPOS RECUEILLIS PAR RODOLPHE HAENER
rhaener@lacote.ch
Au mois de mars dernier, Raphaël Weisskopf, entrepreneur indépendant et père de trois enfants, remettait au syndic de Nyon une pétition - "Elus de Nyon - Respectez la vox populi" - signée par 2185 personnes, dont près de la moitié de Nyonnais. Par celle-ci, couronnant un premier élan de contestation entamé via les réseaux sociaux et le site internet Ineptie.ch, Raphaël Weisskopf voulait signifier aux autorités son ras-le-bol du plan de mobilité, qui a fait pousser des feux rouges comme des champignons.
Aujourd'hui, l'homme pense très sérieusement à se présenter aux élections de février 2016 pour une place à la Municipalité de Nyon. Rencontre.
Raphaël Weisskopf, comment pourrait-on vous qualifier? Emmerdeur? Aboyeur? Franc-tireur? Lanceur d'alerte?
Non, rien de cela. Je suis juste un citoyen engagé. J'essaie d'amener des choses positives et de créer le dialogue quand je constate que certaines choses ne fonctionnent pas. Je dénonce des dysfonctionnements pour apporter des solutions.
Ces feux rouges, ils vous gênent tant que ça?
Au fond, ces feux, c'est juste le sommet de l'iceberg: il y a à Nyon plein de petites choses qu'on pourrait juger sans importance mais qui, cumulées, font un gros tas.
A quoi pensez-vous?
Luna, la chasse aux oeufs, ou encore les zones 20 et 30 km/h qui tardent à être avalisées par manque de volonté et de collaboration positive entre les différents services communaux. Cela donne une impression générale que les autorités ne font pas bien les choses.
Tout de même, il y a de quoi se réjouir, comme les projets d'écoles...
Mais c'est leur travail de faire que les choses se passent bien, et ils en sont capables. Nous leur avons témoigné notre confiance en les élisant en 2011 pour cette législature. Il faudrait simplement qu'ils assument leurs erreurs quand ils en commettent. Cela fait aussi partie de leur mandat. Moi, par exemple, quand je commets une faute chez un client, je ne peux pas me défiler.
Ne voyez-vous pas le verre à moitié vide?
Qui pourrait, par exemple, citer cinq choses positives qu'a faites la Municipalité ces six derniers mois? On dirait vraiment que les élus, de l'exécutif comme du législatif, sont déconnectés de la population.
Vraiment?
Oui. D'ailleurs, on ne sait pas qui ils sont, leur nom, leur adresse. Pourquoi n'y a-t-il pas de carte de la ville, telle que j'en ai fait une, où l'on verrait qui habite où, de sorte que chaque citoyen puisse aller trouver le conseiller communal qui habite proche de chez lui pour lui faire remonter les informations? Ils sont tout de même censés faire le lien entre la population et les autorités. Pourquoi n'y a-t-il pas chaque mois une tente au marché où un représentant de chaque parti viendrait rencontrer la population? Et pas juste en période électorale! Il n'y a pas longtemps, j'ai contacté un conseiller pour qu'il fasse remonter mes observations lors d'une séance du Conseil. Au lieu de le faire, s'en déresponsabilisant, il m'a conseillé d'écrire un courrier des lecteurs au "Quotidien de La Côte"... D'ailleurs, si les élus étaient vraiment représentatifs de la population, comment se fait-il que ma pétition ait récolté un tel succès, avec les signatures de plus de 1000 Nyonnais mécontents?
Tous pourris?
Le principe de la démocratie semi-directe est de déléguer ses compétences à des représentants. Mais on remarque qu'ils trahissent cette confiance: certains ne lisent pas les préavis, d'autres ne font pas remonter les informations. De plus, ils se targuent d'un certain pouvoir qu'ils n'utilisent pas: l'un d'eux m'a expliqué ne pas vouloir signer la pétition car, à l'intérieur du Conseil communal, via des motions, interpellations ou amendements, les conseillers ont le pouvoir de faire changer les choses. Mais pourquoi alors ne le font-ils donc pas?
Au fond, avez-vous vous-même fait bouger les choses avec votre pétition?
Les feux de la Morâche ont disparu. La Municipalité ne veut pas dire que c'était sous la pression de notre mouvement. Mais il est bien possible que ce soit le cas. Surtout, nous avons été écoutés par les autorités le 4 mai dernier, et ça, c'est important.
Vous allez donc vous présenter à la Municipalité?
Oui! En tant qu'habitant de la ville, j'ai le droit de le faire, j'en ai l'envie, et j'estime en avoir les compétences. Et en tant que citoyen mécontent, j'en ai le devoir! J'ai à coeur de montrer aux gens que quand on veut faire changer les choses, on peut y arriver. Dans la rue, lors de la récolte de signatures, certains nous disaient: "A quoi bon signer, de toute façon, ça ne changera rien." Il faut montrer que cette fatalité peut être combattue.
Sur l'échiquier politique, où vous situeriez-vous?
Je ne suis membre d'aucun parti. Je suis apolitique. Je vote, à mes yeux, pour les bonnes idées en fonction des dossiers.
Vous allez également tenter d'entrer dans le législatif?
Oui, mais pas personnellement. Avec l'ambition d'être élu à l'exécutif, je souhaite créer une liste pour le législatif, où chacun sera le bienvenu. Le nom n'existe pas encore, mais il s'agira de tabler sur la notion de "réunion". Ce ne sera pas un parti politique, simplement un groupe de citoyens au sein du Conseil communal, qui ne se veut ni de gauche ni de droite, simplement représentatif et proche des habitants de la ville.
N'avez-vous pas peur d'entrer dans un système que vous dénoncez?
Je vais faire très attention, et ferai tout mon possible pour ne pas tomber dans le piège. En tout cas, Il n'y aura pas d'alliance avec des partis.