Un amas d’abeilles au bout d’une branche… C’est une vision de cauchemar pour certains, mais une aubaine pour d’autres. Alors que la saison d’essaimage est finie, Vittorio Quarta, apiculteur à Nyon et Grens, récupère la dernière colonie de sa saison.

Un essaim… pourquoi?

À partir du mois de mai, les reines préparent leur succession pour quitter la ruche et établir une nouvelle colonie ailleurs, dans votre jardin par exemple, emportant avec elles une partie des abeilles. C’est ce qu’on appelle l’essaimage.

«On arrive à maîtriser les essaims. Ce sont des abeilles domestiques donc ça va. Le problème c’est que si l’essaim part, il a peu de chances de survie», explique Vittorio Quarta. Sur les 30 ruches qu’il possède, deux ont tout de même pris la poudre d’escampette.

Si on ne fait rien, l’essaim meurt dans deux mois.

Vittorio Quarta, apiculteur à Nyon et à Grens.

Pour compenser cette perte, l’apiculteur nyonnais accepte volontiers de récupérer des essaims chez les particuliers. Un travail gratuit particulièrement chronophage qu’il a déjà effectué quatre fois, plus par amour des abeilles que par besoin.

Après avoir enfilé des habits de protection, nous voilà donc sous ce minuscule essaim grouillant d’insectes, dans le jardin d’un particulier à Grens. Il compte seulement un millier d’individus, contre 15 000 à 60 000 habituellement.

Grens, mardi 11 juillet 2023
Les apiculteurs aux petits soins pour les essaims d'abeilles. On a suivi Vittorio Quarta pour sauver un essaim chez un particulier à Grens. La cellule de la reine dans l’essaim

© Sigfredo Haro © Sigfredo Haro

L’essaim compte environ 1000 abeilles, ce qui est très peu. Photo Sigfredo Haro

Orphelines de reine, ces abeilles domestiques, vraisemblablement venues d’un rucher, ne peuvent survivre bien plus longtemps. «Si on ne fait rien, l’essaim meurt dans deux mois», indique Vittorio Quarta.

S’il a accepté de s’occuper de cet essaim particulièrement fragile, c’est avant tout par passion. «Ce qui me fait mal au cœur, c’est qu’on industrialise l’animal. Certains ne prennent pas le temps pour des colonies plus fragiles», admet cet apiculteur, «trop amoureux» des abeilles pour les délaisser.

Les reines sélectionnées pour leur bon caractère

La stratégie de ce passionné? Prendre des larves d’abeilles venant d’un des cadres de son rucher, qui deviendront des reines de choix. Puis il les insèrera auprès de l’essaim récupéré. Pas franchement une mince affaire…

Ces bébés sont issus de reines dont le bon caractère a été remarqué par Vittorio Quarta. «On a un système de sélection de reine, car si elle n’attaque pas, les abeilles de la ruche seront plutôt calmes», indique-t-il.

De quoi rassurer ceux et celles qui craignent ces insectes. L’apiculteur renchérit: «Elles ne sont méchantes que quand elles sont désespérées. Quand une abeille est agressive, c’est souvent parce qu’il y a un problème.»

Grens, mardi 11 juillet 2023
Les apiculteurs aux petits soins pour les essaims d'abeilles. On a suivi Vittorio Quarta pour sauver un essaim chez un particulier à Grens. L’abeille reine avec un point rouge

© Sigfredo Haro © Sigfredo Haro

La reine est plus grande que les autres abeilles. Pour la repérer facilement, l’apiculteur a fait un point de couleur sur son dos. Il lui permet également de connaître son âge, (ici, moins d’un an), chaque année ayant sa couleur. Photo Sigfredo Haro.

«Là, ça va s’énerver un petit peu», prévient-il. De retour sous l’essaim, en effet, ces «gentilles» bestioles vont être nettement moins coopératives, étant donné que Vittorio s’apprête à scier leur abri pour l’accrocher dans un cadre et les récupérer. L’une d’elles tente même une attaque sur les mains de notre photographe…

Elles ne sont méchantes que quand elles sont désespérées. Quand une abeille est agressive, c’est souvent parce qu’il y a un problème.

Vittorio Quarta, apiculteur à Nyon et à Grens.

Chaque morceau de l’essaim est disposé entre des élastiques, avant que le tout soit installé dans une boîte en bois, auprès des bébés embarqués plus tôt. La ruche va être déposée là toute la nuit, le temps que ces dames se décident à entrer dedans.

Grens, mardi 11 juillet 2023
Les apiculteurs aux petits soins pour les essaims d'abeilles. On a suivi Vittorio Quarta pour sauver un essaim chez un particulier à Grens. Vittorio Quarta récupère l’essaim pour l’amener à sa ruche

© Sigfredo Haro © Sigfredo Haro

Vittorio Quarta utilise une sorte de lame pour scier l’essaim, récupérer les morceaux et les placer dans un cadre. Photo Sigfredo Haro.

Une menace d’Asie…

Pour autant, la colonie d’abeilles n’est pas encore prête à rejoindre le rucher de Vittorio Quarta. Elle pourrait tout aussi bien être contaminée par un acarien, portant le doux sobriquet de varroa destructor, et mettre en danger les abeilles déjà présentes de l’apiculteur.

Il s’agit d’un parasite tout droit venu d’Asie, qui décime des ruches entières. Il est la première cause de la destruction des colonies d’abeilles en Suisse depuis 30 ans. Pour s’en prémunir, cet apiculteur diffuse de l’acide de rhubarbe, réputé efficace contre les varroas.

Une fois l’essaim traité, il sera prêt à rejoindre les autres ruches de Vittorio Quarta. La suite? Tout dépend. Soit la colonie, actuellement fragilisée, s’en remet sans accroc. Soit l’apiculteur devra réunir deux ruches, en sacrifiant une reine au passage.

Récupérer des essaims d’abeilles, pas une sinécure pour les apiculteurs

La saison des essaims touche gentiment à sa fin. Pour l’occasion, nous avons suivi Vittorio Quarta, apiculteur à Grens, récupérer sa dernière colonie d’abeilles de la saison.