En ligne depuis le mois de mars, le site internet www.victimepasseule.ch est une mine d’informations destinées à toutes personnes victimes de violence psychique, physique ou sexuelle. Ce que dit la loi, les moyens légaux pour agir ou encore le rôle des différents intervenants d’une procédure pénale.

Hyper complet, clair et ergonomique, le site est si bien conçu qu’il passerait sans problème pour un portail officiel mis en place par la Confédération.

Sauf qu’il n’en est rien. Car derrière www.victimepasseule.ch il n’y a, en réalité, qu’une seule personne. Chloé (prénom d’emprunt) a travaillé d’arrache-pied plusieurs mois durant pour aboutir à ce résultat impressionnant. Pour cette habitante de la Côte qui préfère rester anonyme, réaliser ce projet relevait d’une double nécessité.

Une démarche cathartique

Elle-même victime, il y a plusieurs années, d’abus sexuels, Chloé a d’abord voulu combler un vide. «J’aurais aimé avoir accès à toutes ces ressources à l’époque où je me suis lancée dans une procédure contre mon agresseur, explique-t-elle. Je me suis également rendue compte que cette démarche avait une valeur cathartique, que cela me permettait de donner du sens à ce qui m’était arrivé. Cela m’a permis de cicatriser.»

Elle ne s’étendra pas plus sur son histoire personnelle, non pas tant par pudeur, mais parce qu’ «on s’en fiche. L’important c’est le site», insiste-t-elle.

Témoignages au pluriel

Au-delà du foisonnement des informations regroupées et de leur pertinence, ce qui frappe à la lecture du contenu de www.victimepasseule.ch, c’est l’humanité qui transpire des différentes rubriques. «Je voulais que les thématiques soient le plus possible incarnées, mon idée était de sortir de l’énumération institutionnelle au maximum. Quand vous êtes dans une procédure judiciaire, vous avez des humains en face de vous», explique Chloé.

Lors d’une procédure, la peur de ne pas être entendue et comprise est omniprésente, tout comme le stress.

Chloé, créatrice du site www.victimepasseule.ch

Entretiens avec des représentantes et représentants de la police cantonale vaudoise, une avocate ou encore une psychothérapeute; le chapitre intitulé «Les rôles de chacun.e» vise à répondre très concrètement aux nombreuses questions que les victimes peuvent se poser. Mais aussi à les préparer à ce qui les attend.

«Il s’agit d’une vraie épreuve qui peut durer plusieurs années. La peur de ne pas être entendue et comprise est omniprésente, tout comme le stress, prévient Chloé. Et il ne faut pas s’attendre à une prise en charge enveloppante pour la victime: le but de la justice est de protéger la société des agissements d’une personne, s’il y a lieu. La victime ne doit pas s’attendre à recevoir plus de soutien que cela.»

Connexion entre les victimes

Chloé avait un autre élément qui lui tenait à cœur: rassembler des témoignages d’autres victimes. «On peut se sentir très seule dans ce combat, même avec des proches qui nous soutiennent. Ces prises de paroles sont là pour rappeler que l’on n’est pas seul dans cette épreuve.»

On peut se sentir très seule dans ce combat, même avec des proches qui nous soutiennent.

Chloé, créatrice du site www.victimepasseule.ch

Et il s’agit certainement d’une autre qualité du site: en tant que victime, Chloé sait trouver les mots justes et mettre le doigt sur les questionnements des personnes touchées par ces drames.

«Lorsqu’il m’arrive de croiser d’autres victimes, notamment lors de conférences, je ressens cette connexion qui fait que même si on ne se connaît pas, on peut très naturellement échanger sur nos expériences. Bien plus facilement qu’avec la plupart de nos proches», explique Chloé.

Déjà un site de référence

Le site est encore jeune, mais il s’est déjà fait une place auprès de nombreux acteurs. Plusieurs institutions ont réservé un accueil chaleureux à www.victimepasseule.ch et les flyers mis à disposition partent à vitesse grand V. «Tout le monde se montre très enthousiaste», se réjouit-elle.

À l’occasion des Orange Days – un événement international contre la violence à l’égard des femmes – le site sera prochainement mis en avant par la section Nyon-Rolle du club Soroptimist International (Lire encadré).

De quoi la motiver à enrichir toujours davantage le contenu mis en ligne. Mais aussi à proposer des expositions, des conférences – la prochaine aura lieu le 30 novembre à Crissier – et bientôt des groupes de parole réservés aux femmes.

Des affiches à Rolle et Nyon
Du 25 novembre au 10 décembre se dérouleront les Orange Days, un événement international contre la violence faite aux femmes. Pour cette édition, la section locale du club service Soroptimist International a décidé de soutenir le site www.victimepasseule.ch. De Nyon à Rolle, de nombreux commerces arboreront un autocollant de sensibilisation renvoyant vers le site, des flyers seront mis à disposition et des affiches feront la promotion du site internet en partenariat avec les deux villes.
«Pour nous, le travail de Chloé est un véritable cadeau, explique Nicole Michel, responsable communication pour la section locale du club service. C’est précisément le genre d’initiative que nous cherchons à soutenir.»

Informations et programme: www.soroptimist-nyonrolle.ch

Violences faites aux femmes: un site bourré d’information et d’humanité

Entièrement réalisé par une ancienne victime habitant la région, le site www.victimepasseule.ch est une ressource précieuse de conseils et de soutien. Il sera prochainement mis en avant à Rolle et à Nyon.