Lucide sur lui-même, sa maladie et sa dépendance à l’alcool, le prévenu s’est longuement excusé auprès de ses victimes, en fin d’audience, désireux de s’amender. «Je suis disposé à affronter un futur sobre, sans alcool, sans commettre des bêtises qui créent des problèmes ou font du mal aux gens, prêt pour une nouvelle étape de ma vie», a-t-il promis face au tribunal correctionnel de l’arrondissement de La Côte, mardi.

Lorsque le trentenaire se laisse aller à oublier de prendre son traitement contre le trouble bipolaire dont il souffre et à s’alcooliser, «il représente un certain danger pour autrui», a souligné le président Daniel Stoll. C’est ce qui a amené cet habitant de La Côte à devoir répondre de ses actes face à la justice et à être incarcéré depuis le début de cette année.

Je ne me souviens pas. Je présente mes excuses. J’étais dans un état second. C’est dû à ma maladie psychiatrique et à mes problèmes d’alcool

Le prévenu

En janvier, sous le coup de l’alcool, il avait menacé d’un couteau un voyageur dans le train entre Genève et Coppet, sans raison apparente. «J’ai craint pour ma vie, l’arme était proche de mon ventre, un faux mouvement et il aurait pu me blesser gravement», a témoigné la victime qui avait réussi à s’échapper.

Amnésie

A toutes les accusations de violence qu’on lui reproche, le prévenu répond invariablement: «Je ne me souviens pas. Je présente mes excuses. J’étais dans un état second. C’est dû à ma maladie psychiatrique et à mes problèmes d’alcool. Je ne me reconnais pas dans ces descriptions: ce n’est ni dans ma nature ni dans ma personnalité de me mettre dans de pareils états.»

On lui reproche également d’avoir violenté son ex-petite amie. Lors d’une violente dispute qui avait débuté au domicile de ses parents, en 2019, puis fini dans la rue, un automobiliste s’était arrêté pour prêter secours à la jeune femme à terre, en train de recevoir des coups. Ce faisant, il avait lui-même été victime de l’attitude agressive du prévenu qui ne voulait pas laisser partir sa compagne, alors que le bon samaritain conduisait son enfant en bas âge à la crèche.

Le Ministère public est d’avis de vous laisser cette chance. Mais il ne doit y avoir aucun faux pas.

Sophie Rodieux, procureure

Le trentenaire a également agressé physiquement un ami, en 2020, qu’il avait saisi au cou et menacé de mort.

Exhibitionnisme en gare de Coppet

Enfin, avant l’épisode du couteau dans le train, il s’y était déjà illustré, en septembre 2020. Sous l’effet de l’alcool, il s’y était déplacé en caleçon et torse nu. Contrarié qu’une jeune femme appelle la police, il l’avait menacée, lui lançant: «Tu veux mourir, pose ce téléphone!» Effrayée, elle s’était exécutée. Sortant du train à Coppet, il s’était positionné devant le wagon où elle se trouvait, avait baissé son caleçon et exhibé ses parties génitales.

Le verdict, agendé au 21 mars, lui permettra peut-être de mettre en pratique ses bonnes résolutions. Si la procureure Sophie Rodieux a requis, notamment, une peine de prison d’une année, elle a proposé qu’elle soit assortie du sursis.

Elle a par contre demandé à ce que le prévenu soit soumis à une règle de conduite qui comprend plusieurs volets, dont la poursuite de son traitement psychiatrique et médicamenteux, la prise en charge de sa dépendance à l’alcool et le contrôle de son abstinence: «Le Ministère public est d’avis de vous laisser cette chance. Mais il ne doit y avoir aucun faux pas, sans quoi on demandera que vous purgiez votre peine.»

Nyon: une ultime chance de se soigner, sinon c’est retour à la case prison

Condamné à la prison avec sursis pour ses violences commises sous l’effet de sa maladie et de l’alcool, un trentenaire devra impérativement se soumettre à un suivi thérapeutique.