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Le bruit est pratiquement intenable - à chaque passage d'un camion sur le fly-over, on entend les plaques du "pont sur le pont" s'entrechoquer violemment - la poussière est à l'avenant, et pourtant les trois ouvriers qui oeuvrent sous le fly-over, avec seulement un peu plus d'un mètre de hauteur pour évoluer, restent zen et ne songent même pas à se plaindre de leurs conditions de travail. "Ce n'est qu'une question d'habitude" , affirme l'un d'entre eux en souriant.
Les trois ouvriers présents sur le chantier en ce mardi 23 septembre mettent pratiquement la touche finale à la réfection du pont de la Venoge, situé entre l'échangeur d'Ecublens et la jonction de Morges-est. Depuis le 10 août, le pont a fait l'objet de travaux de réfection sur un de ses joints de chaussée, l'autre étant en bon état. A cet effet, l'Office fédéral des routes (Ofrou) a mis en place un fly-over, sorte de pont sur le pont, par-dessus la zone de chantier afin de diminuer l'incidence sur le trafic autoroutier mais surtout d'assurer au maximum la sécurité des usagers et des ouvriers. "Auparavant, l'on était obligé de fermer une chaussée et de dévier le trafic sur la chaussée opposée. Les ouvriers oeuvraient à côté du trafic, limité à seulement 80 km/h. Ici, en outre, l'A1 est un axe très emprunté, avec des pics de trafic estimés à 90 000 véhicules par jour. Le fly-over est un outil merveilleux" , affirme Olivier Floc'hic, responsable communication pour l'Ofrou.
Terrain compliqué
Avant d'installer le fly-over, il a tout d'abord fallu, dès avril, renforcer les 12 piles et les deux culées du pont afin de les mettre aux normes antisismiques actuelles. "Ce qui est particulier ici c'est que l'on est sur une géologie compliquée car on se trouve sur un terrain fait d'argiles et de limons. Tous les pieux sont en béton foré pour qu'ils soient bien enterrés" , explique le porte-parole.
Puis, une fois le fly-over installé, les travaux de remplacement du joint ont pu débuter en alternance sur la chaussée Jura, puis lac (lire encadré). "Les joints de dilatation, prévus pour amortir les mouvements de l'ouvrage sous l'effet des conditions météo, ont une durée de vie de vingt-cinq ans environ. Hormis l'usure naturelle, le freinage des véhicules les sollicite particulièrement" , explique Olivier Floc'hic.
Les travaux ont consisté, notamment, en une opération de dégrappage, pour enlever la couche d'enrobé, puis d'hydrodémolition du béton afin d'enlever le joint défectueux et de le remplacer. Après la pose du nouveau joint en polymères (de 17,6 mètres de long et de 1,5 mètre de diamètre), la chape de béton a été coulée, et les travaux indispensables d'étanchéité effectués afin de protéger l'armature de l'eau et du sel. "A cet effet, le temps de séchage est une étape très importante" , précise le porte-parole. Enfin, la pose de l'enrobé et de la couche de roulement ont mis un point final aux travaux. Une dizaine d'ouvriers auront oeuvré sous le fly-over.
En tout, si l'on compte le montage et le démontage de la structure provisoire, posée alternativement sur les deux chaussées, les travaux de remplacement du joint auront duré deux mois. Le tout pour un coût estimé à 1 million de francs. "Le pont est en bon état, le changement du joint fait partie de l'entretien courant, c'est juste un petit bobo à soigner" , commente Olivier Floc'hic.
Le pont de la Venoge, long de 225 mètres et large de 17,6 mètres, a été construit en 1961. Mais il n'a pas toujours été aussi large. En 1996, il a été agrandi afin d'aménager une troisième voie et une bande d'urgence, car les estimations sur le volume du trafic se sont avérées trop faible s.