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Pas folle la bête: ils ont osé chasser les oies en février!

Retrouvez la chronique de Michel Gauthier-Clerc, directeur du parc animalier de La Garenne.

17 janv. 2019, 11:54
Michel Gauthier-Clerc, directeur du zoo de la Garenne.

Dans une précédente chronique, je vous parlais d’une promesse que le président de la République française avait fait aux chasseurs français: pouvoir chasser les oies cendrées lors de leur migration de printemps au mois de février. Promesse tenue! Les lois européennes, mais aussi le bon sens éthique, interdisent de tuer des oiseaux sauvages lorsqu’ils retournent se reproduire.

Pour contourner cette interdiction, l’Etat français a changé sa loi pour pouvoir invoquer la chasse d’oiseaux effectuant des dégâts agricoles. Pourtant la France ne subit pas de dégâts agricoles à cause des oies sauvages… L’astuce a consisté à invoquer la grande générosité de la France dans son souhait d’aider la Norvège et les Pays-Bas, où des dégâts de ce type existent alors que ces deux pays n’avaient rien demandé.

Si en Suisse les oies sauvages sont protégées, en France il va être désormais possible de les chasser pendant six mois de l’année! Les scientifiques avaient pourtant émis plusieurs rapports opposés à cette décision. Par exemple, les oies des Pays-Bas sont sédentaires et ne passent pas par la France.

Les oies cendrées qui séjournent l’hiver en Camargue, dans le sud de l’Hexagone, retournent principalement en Europe centrale, probablement via la Suisse, mais ne passent par la Norvège. Elles devraient pourtant être chassées le mois prochain en Camargue, avec pour effet d’affecter une population nichant en Europe centrale.

En septembre 2018, une étude scientifique analysant environ 13 000 articles de recherche sur la protection de la nature montrait que la poursuite du déclin de la biodiversité n’était pas due à un manque de connaissances scientifiques, mais à un manque de décisions politiques. Ces dernières cherchant constamment des arbitrages plus favorables aux activités humaines qu’à la protection de la nature.

La chasse des oies en février prochain, en France, en est un cruel exemple. Contre les fondamentaux éthiques de protection des animaux pendant leur période de reproduction, et contre l’avis des scientifiques, le politique ajusterait la loi pour assurer le loisir de nombreux électeurs, en l’occurrence la chasse.

Michel Gauthier-Clerc, directeur du parc animalier de La Garenne

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