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Dans notre édition de demain, retrouvez le portrait de Benjamin Zumstein.
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En nous recevant durant ses vacances, Yves Defferrard a voulu éviter d'encombrer un emploi du temps déjà surchargé. Cordial, l'homme de 46 ans a répondu aux questions avec franchise, dans le calme. Cela n'aurait pas forcément été le cas dès la reprise de son travail de secrétaire syndical pour la section La Côte d'Unia.
Son immense smartphone résonne d'ailleurs à plusieurs reprises durant l'entretien. Yves Defferrard ne peut plus s'en séparer: "Mon bureau, c'est ma voiture. Et mon smartphone, mon ordinateur. Il faut être prêt à agir dans l'urgence." Cela fut le cas le 25 octobre 2011, lorsqu'il a appris que Novartis allait fermer son usine de Nyon-Prangins, avant que la firme fasse marche arrière il y a bientôt une année.
Novartis, Merck Serono, et bien d'autres combats
"Le fait que la direction de Novartis ait fait marche arrière reste une grande victoire, se réjouit-il. Mais ce qui m'a le plus marqué, c'est la réaction populaire. Aujourd'hui, l'entreprise pharmaceutique a mis en oeuvre environ 80% des propositions qui ont été faites. C'est positif." Pourtant l'un des plus grands succès pour Yves Defferrard reste le sauvetage à Ecublens de l'usine Sapal, devenue Bosch au début des années 2000. "C'était une prémisse de Novartis" , souligne le syndicaliste, qui ne s'arrête plus lorsqu'il s'agit d'énumérer des batailles héroïques. "Je prône le syndicalisme de résultat et pas politique, ajoute-t-il. Je préfère négocier qu'aller directement dans le mur."
En 2012, l'homme à la chemise violette a également dû faire face à la crise Merck Serono. "Un licenciement, c'est toujours un de trop, souligne-t-il. Cependant, on s'en est assez bien sorti. Et la mise en place d'une commission du personnel a été validée. C'est un filet de sécurité. On construit le futur, sur Vaud, comme à Genève. L'entreprise reste toutefois fragile et il faut être vigilants."
Son métier, ou plus précisément sa "passion" comme il le définit, peut s'avérer épuisant. Mais la motivation du résident d'Orbe, qui a passé son enfance à Froideville, est intacte. Son esprit revendicateur a des origines précises. Son père, un ancien cheminot, était en effet déjà fortement engagé. "Il m'a tout de suite intégré dans le milieu" , précise l'actuel responsable du secteur de l'industrie chez Unia.
Des voyages formateurs
Yves Defferrard a beaucoup appris lors de ses nombreux voyages. "Durant six ans, je partais au début de l'année dans un pays lointain et je revenais juste avant Paléo , raconte celui qui a effectué un apprentissage d'électricien. Ces voyages m'ont ouvert l'esprit." Le natif de Lausanne est notamment très impliqué aujourd'hui auprès d'Amnesty International. "Je m'intéresse de près au sort du Tibet" , précise-t-il.
C'est il y a près de vingt ans que le Vaudois, qui a été marié pendant vingt-deux ans et a eu deux enfants - il a une nouvelle compagne depuis six ans -, décide de se poser. Le passionné de musique se rend alors compte que le domaine du bâtiment dans lequel il s'est formé vit une période compliquée. L'Urbigène obtient alors plusieurs brevets fédéraux dans le domaine de l'informatique et travaille comme technicien pour les alarmes de sécurité.
A ce moment, il joue un rôle important de syndicaliste dans sa société. "Nous avons vécu quatre rachats en très peu de temps, explique Yves Defferrard. Les conditions de travail devenaient de plus en plus compliquées." Il se retrouve licencié au cours de l'année 1998. Sur demande de la Fédération des travailleurs de la métallurgie et de l'horlogerie (FTMH), l'actuel responsable cantonal du secteur de l'industrie chez Unia rejoint les rangs du groupement et prend place dans les bureaux de la Morâche à Nyon.
"J'ai beaucoup hésité à choisir cette voie, qui n'était pas la plus rentable alors que j'avais une famille" , lance-t-il. Le futur lui donnera raison puisqu'il gravit les échelons au sein de la corporation, devenue Unia grâce à une importante fusion. C'est ainsi qu'il a notamment pris la place de l'actuel président du Conseil d'Etat Pierre-Yves Maillard en tant que secrétaire de la section de La Côte. "Ne pas habiter sur son lieu de travail facilite les discussions avec les autorités" , avoue-t-il par ailleurs. Yves Defferrard fait partie du comité directeur du parti socialiste vaudois, sans toutefois revendiquer de mandat exécutif, "mais pour rappeler que le PS a été créé par les syndicalistes" .
"J'ai encore des choses à apporter"
S'il a reçu dernièrement de nombreuses propositions dans des entreprises, à l'Etat ou en politique grâce à sa polyvalence et à la suite de son succès fulgurant, Yves Defferrard n'a pas souhaité changer de poste. Pour l'heure, le lauréat des meilleurs résultats au brevet fédéral syndical n'a "pas l'impression de travailler" . Pas de raison de changer donc, même si le syndicaliste ne ferme pas des portes pour le futur, "mais j'ai encore des choses à apporter" , ajoute-t-il.
Après avoir obtenu une importante victoire en 2012 avec la mise en place d'un fonds de sauvegarde de plusieurs millions de francs pour l'industrie au Conseil d'Etat, le syndicaliste a du pain sur la planche pour cette année. "Près de 300 000 postes sont concernés par le renouvellement de la convention collective de l'industrie de machines, à renégocier d'ici juin, révèle-t-il. Par ailleurs, je vais me pencher sur la protection des délégués syndicaux." Yves Defferrard n'est pas prêt de s'éloigner du devant de la scène puisqu'il va désormais assumer le rôle de consultant syndical pour l'émission TTC sur la RTS et animer un blog.