Comme chaque année, Claude Meynent et ses seize musiciens chevronnés préparent leur nouvelle tournée depuis Vercorin. Au frais dans un grand chalet, la troupe travaille à un programme musical de haut-vol, entre répétitions assidues et – période estivale oblige – délassements nocturnes. «C’est la raison pour laquelle j’ai pris un appartement, car ils font la noce», glisse, comblé, le fondateur du Centre de percussions de la Côte (CPLC), seule formation composée exclusivement de jeunes percussionnistes à tourner en Suisse.

Samedi et dimanche, tout ce petit monde descendra de son perchoir alpin pour se produire au Casino Théâtre de Rolle. Une halte rituelle dans la ville du bord du lac où le centre a été créé il y a vingt-six ans.

Percussions corporelles 100% clapées

Baptisé «Inversion», le nouveau spectacle du CPLC fera sonner les contraires, résonner l’oxymore. Caresse et gifle, beau et laid, chaud et froid, envers/endroit: «Toutes les pièces que nous jouerons sont en lien avec ce thème», confie le maestro qui a créé pour l’occasion «Quel-Sens». Une partition 100% corporelle, clapée «avec les cuisses, la poitrine, les mains» et portée en même temps par la voix. «Un truc assez tordu, reconnaît-il. Mes cocos m’ont regardé avec une drôle de tête quand nous avons débuté les répétitions.»

Le CPLC abrite une grande diversité de percussions, allant du xylophone à la batterie, en passant par les congas, le glockenspiel, le cloches-tubes, les grosses caisses et tous les accessoires nécessaires à la galaxie des rythmes latino-américains: castagnettes, temple blocks et maracas. Crédit photo: DR.

Arrangements de Stravinsky, Leonard Bernstein et Chick Corea

Exigeante, périlleuse à exécuter, cette pièce illustre le credo musical d’un ensemble qui ne s’apparente pas à un groupe de reprises. Certes, quatre des onze morceaux au menu sont issus du répertoire classique et jazz: pensons à un arrangement, signé Camille Cossy, du «Sacre du Printemps», d’Igor Stravinsky; au tube planétaire de Leonard Bernstein, «America», que les amateurs de «West Side Story» fredonneront sans peine; ou encore à cette très vive et dansante «Fiesta» du pianiste Chick Corea, transposée par Axel Maurer. Assurément un épilogue joyeux.

Alternance entre parties instrumentales et textes slamés

Pour le reste, le programme réserve huit créations originales, composées par d’anciens membres du CPLC comme Sylvain Andrey («Alitis») ou par des jeunes actifs tels qu’Alexis Ottet («Apnée») et Louis Thomson («Lost»). Certaines d’entre elles alterneront jeu instrumental et texte slamé, comme «La Petite graine bleue», un conte original signé Thomas Gubler.

De même «Contre-sens», de Youri Rosset, proposera sur une partition sonore répétitive un collage d’extraits de journaux conçu selon le principe du renversement ludique: voici que la paix menace l’Europe, que les espèces vivantes croissent de manière exponentielle ou que les dernières élections voient la victoire des câpres sur les cornichons.

A noter la participation de trois solistes en vue dans la région: Valentina Rebaudo à la clarinette, Alessio Nebiolo à la guitare et La Reine Marco dont les salves poétiques au carrefour du rap et du jazz animent régulièrement les nuits lausannoises.

Infos pratiques

«Inversion», un concert du CPLC dirigé par Claude Meynent, Casino Théâtre, Rolle. Sa 9 juillet, 20h30; di 10 juillet, 11h. Entrée libre (collecte).

Rolle: les maîtres de la percussion font tout et son contraire

Le Centre de percussions de La Côte répète son nouveau spectacle à Vercorin avant deux représentations à Rolle. «Inversion» réunit seize percussionnistes et trois solistes autour d’un programme jouant de la friction des contraires.