Ce ne sont plus les flots bleus, mais plutôt une espèce de mare aux canards. Le week-end dernier, le Léman a viré au marron et a commencé à dégager une odeur peu engageante. A la plage de Rolle, l’eau a changé de couleur en quelques heures mercredi après-midi.

Les coupables de ce changement radical d’ambiance? Des algues, les chrysophycées de leur petit nom. Celles-ci sont toujours présentes dans les eaux du lac, mais leur taille microscopique les rend invisibles à l’œil nu. Ce week-end, elles se sont mises à proliférer dans le haut-lac, avant d’envahir presque toutes les régions lémaniques. Leur abondance les a alors rendues observables.

Pas de toxines

Première question, alors que les températures estivales ont encouragé les baigneurs à faire trempette ces derniers jours: ces algues sont-elles toxiques? Non, répond la Commission internationale pour la protection des eaux du Léman (CIPEL). «Les analyses ont permis d’écarter très vite l’hypothèse d’une pollution. Et cette catégorie d’algue ne dégage pas de toxines», indique Audrey Klein, secrétaire générale de la CIPEL. On peut donc se baigner… même si cela ne donne pas très envie.

A la plage de Rolle, l'eau est devenue brune. La faute aux chrysophycées. Photo Sigfredo Haro

D’où viennent ces petits organismes? La CIPEL a une idée, sans encore pouvoir en être sûre: les terres ont été lessivées par les précipitations abondantes de cet été et beaucoup de matières organiques, contenant notamment du phosphore, se sont déversées dans le lac. «C’est de cela que se nourrissent les algues», précise Audrey Klein.

La météo semble se dégrader ces prochains jours, ce qui va freiner la prolifération

Audrey Klein secrétaire générale de la Commission internationale pour la protection des eaux du Léman

Pour se développer, ces dernières ont besoin de lumière, de chaleur et de «nourriture». Des conditions qui étaient réunies ces derniers jours, avec quelques jours de fortes chaleurs début septembre.

Le retour à la normale, c’est pour quand?

Difficile de savoir quand le lac retrouvera sa transparence. «La météo semble se dégrader ces prochains jours, ce qui va freiner la prolifération. Les algues qui sont déjà présentes devraient être consommées par le zooplancton. Mais on ne sait pas combien de temps cela peut prendre», note l’environnementaliste.

Le phénomène n’est pas commun, puisque le dernier pic de chrysophycées enregistré date de 1999. Un tel événement rappelle que le lac est vivant et réagit aux changements. «Au printemps, il vire généralement au vert, et on s’en étonne moins. Cette fois-ci, la couleur est simplement moins habituelle», relativise Audrey Klein.

Elle le répète: les chrysophycées qui envahissent le lac ne comportent pas de risque pour la santé, contrairement aux cyanobactéries qui avaient coûté la vie à des chiens dans le lac de Neuchâtel pendant l’été 2020.

Une algue malodorante envahit le Léman et débarque dans la région

Mercredi après-midi, l’eau de la plage de Rolle est passée de bleu ciel à marron sale. La faute à une algue, qui prolifère depuis quelques jours dans le lac.