"N’ayez pas la main trop lourde", demandait jeudi, non sans humour, cet agriculteur de la région morgienne à l’adresse de la présidente du tribunal de police de La Côte. Il risque 500 francs d’amende. A deux doigts de la retraite, le paysan se bat au quotidien pour maintenir financièrement son exploitation rendue peu viable à cause du bas prix du lait, selon lui.
«Ça fait 26 ans que je n’ai pas pris de vacances.» Donc, c’est à d’autres préoccupations qu’il s’attelait le jour où un contrôle inopiné, en avril 2015, a constaté trois infractions: celles d’avoir détenu à l’étable des vaches dans un espace insuffisant de 104 cm au lieu des 110 réglementaires, d’avoir omis de remplir le journal de sortie de ses animaux depuis décembre 2014 et de n’avoir pas garanti un accès permanent à l’eau et au fourrage à sept jeunes bovins.
Le procureur chargé de l’enquête avait classé ce cas dénoncé par le service des affaires vétérinaires. Ce qui n’a pas plu au Ministère public central, d’autant plus que l’agriculteur avait déjà reçu un avertissement. D’où l’audience de jeudi en simple police. Le prévenu, lui, affirme qu’il avait remédié au manque de place dans son étable en retirant une laitière sur la vingtaine qu’il possède. Mais, le jour du contrôle, la femme qui l’aide à la ferme était en vacances et tous les bovins sans exception étaient rentrés au bercail. «Par habitude.»
L’absence d’un journal, il la met sur le manque de temps. Sur l’accès à l’eau et au fourrage, photos à l’appui, il montre à la présidente du tribunal la bonne santé de ses bêtes. Laquelle n’en doute pas, lui rappelant avec le sourire que personne ne lui reproche de maltraiter ses animaux. Jugement en début de semaine.
Laurent Rochat