Avec l'exposition "Fenêtres, de la Renaissance à nos jours", le musée propose de découvrir le rôle primordial tenu par ce motif dans l'iconographie occidentale. "La fenêtre est un des thèmes les plus récurrents de l'histoire de l'art", a souligné mercredi devant la presse Sylvie Wuhrmann, la directrice de la Fondation.
Pour la première fois, l'Hermitage consacre un accrochage à une approche iconographique. L'an dernier, l'exposition a investi durant quatre mois le Museo Cantonale D'Arte et le Museo d'Arte de Lugano. Lausanne propose une version redimensionnée et recentrée sur le 19e siècle, en écho à la demeure qui l'accueille. L'exposition est à découvrir jusqu'au 20 mai prochain.
Perspective en question
Indissociable des recherches sur la perspective menées à la Renaissance, la fenêtre n'a cessé d'être réinterprétée au gré des époques et des courants artistiques. Jusqu'à la fin du 19e siècle, les peintres utilisent son cadre pour guider le regard vers des paysages rêvés ou réalistes ou pour faire pénétrer la lumière.
Le musée réunit quatre oeuvres du Danois Wilhelm Hammershoi, qui montre des femmes dans des intérieurs dépouillés et monochromes. Dans certaines natures mortes, la fenêtre ne se devine que dans le reflet sur des verres ou la lumière qu'elle projette sur la scène.
Limites brouillées
De nombreux artistes utilisent la fenêtre pour brouiller la limite entre le dedans et le dehors, comme "Nice" d'Henri Matisse, repris sur l'affiche de l'exposition. Edouard Vuillard et Claude Bonnard la représentent de biais et jouent avec les miroirs pour mieux creuser l'espace.
Les peintres dynamitent les certitudes de la perspective. La fenêtre devient un sujet à part entière et glisse dans l'abstrait. Au sous-sol, une composition de Mondrian de 1914 illustre le point de basculement vers l'abstraction pure, également symbolisée par le célèbre modèle réduit de fenêtre opaque, signé Marcel Duchamp
La Fondation de l'Hermitage consacre une partie de ses salles aux écrans, métaphore actuelle de la fenêtre. Une vidéo de l'artiste franco-albanais Anri Sala clôt l'exposition, avec un plan-fixe qui filme l'ombre portée d'une fenêtre dématérialisée.