Les députés vaudois veulent un engagement plus ferme du conseil d'Etat pour défendre une presse de qualité en Romandie. Par 89 voix contre 27 et 16 abstentions, le Grand Conseil a accepté après de longs débats la résolution du Vert Vassilis Venizelos. Ce texte demande au gouvernement de "tout mettre en oeuvre pour préserver et promouvoir l'implantation dans notre canton et en Suisse romande d'éditeurs de médias de qualité se faisant l'écho d'un large spectre d'opinions et d'idées". L'UDC Fabienne Despot s'est fendue d'une diatribe contre une presse, selon elle, univoque, de gauche, pro-européenne et hostile "aux bouseux" à qui l'on fait la morale.
Des aides financières directes
Le texte très général a rencontré l'assentiment de la grande majorité des députés. Seule la manière de soutenir la presse divise. Pour la gauche et une partie du centre, il est temps de "briser le tabou" d'une aide directe. L'indépendance n'est pas garantie par des groupes avides de rendement. Il est dès lors faux de brandir cet argument lorsque l'on évoque un appui de l'Etat.
A droite en revanche, la perspective de médias subventionnés par les pouvoirs publics effraie largement. Surtout que les expériences mentionnées (Pravda notamment) démontrent aux yeux de beaucoup que l'Etat finit toujours par imprimer sa ligne, quelles que soient les garanties données au départ.
Stop aux médias bien pensants
Malgré le ton prudent de la résolution et les appels réitérés à la diversité de la presse, l'UDC Fabienne Despot s'est lancée au nom de son groupe dans une attaque frontale contre des médias romands "bien-pensants" qui, à l'image de L'Hebdo, n'auraient pas compris que les temps changeaient et qu'une partie de la population n'en pouvait plus de ces "leçons de morale" ou d'une information quasi systématiquement biaisée.
Après avoir souligné qu'elle ne se réjouissait pas de la fin d'un journal "fut-il L'Hebdo", Fabienne Despot s'en est prise à une génération "en symbiose" avec le slogan "La Suisse n'existe pas" lors de l'Exposition universelle de Séville de 1992.
Une Weltwoche romande?
Pour Fabienne Despot, si l'on parle de diversité de la presse, il faut alors aussi "offrir la parole à ceux qui ne sont pas bien-pensants", ajoutant qu'il fallait "un nouveau souffle", à l'instar de la Weltwoche alémanique.
La réaction à la diatribe n'a pas tardé. "Une accumulation de poncifs réactionnaires", a fustigé Jean-Michel Dolivo (La Gauche). "On n'a plus besoin de la Weltwoche, on a Fabienne Despot. Pour elle la presse qui ne plaît pas doit disparaître", a-t-il ajouté. Le chef du groupe UDC Philippe Jobin a tenu à rappeler qu'il avait signé la résolution.
Action valdo-genevoise
En conclusion, le conseiller d'Etat Philippe Leuba a plaidé pour une action conjointe avec Genève sur ce dossier. Il a annoncé que les dirigeants du groupe Ringier Axel Springer viendraient prochainement à Lausanne pour une rencontre, comme le gouvernement vaudois l'avait demandé.