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Vaud: activistes perquisitionnés à la suite d’un appel à la grève militaire

Trois militants de la Grève du climat Vaud ont été perquisitionnés mercredi dernier aux aurores par la police fédérale à la suite d’un appel à la grève militaire. Le mouvement dénonce une violation grave de la liberté d’expression.

03 juin 2021, 08:19
Le mouvement dénonce une violation grave de la liberté d'expression (photo d'illustration).

La perquisition a été menée par la police fédérale et la police vaudoise il y a une semaine dans le cadre d’une procédure pénale, a indiqué mercredi à Keystone-ATS le Ministère public de la Confédération (MPC). Il revenait sur des informations de plusieurs médias.

Selon un communiqué de la Grève du climat, les trois militants se sont vu saisir ordinateurs et téléphones portables. Ils ont été contraints par la police de donner leurs mots de passe, ce que la loi ne permet pas. Ils ont été emmenés au poste pour être interrogés durant de nombreuses heures par les inspecteurs.

Lettre ouverte

Cette perquisition fait suite à une lettre ouverte du groupe de travail de la Grève du climat vaudoise et genevoise publiée il y a un an environ. Elle était adressée au gouvernement, au Département fédéral de la défense et à l’armée.

Le collectif appelait à faire une grève militaire et déclarait que pour des raisons éthiques, morales, écologiques et sociales, les militants n’acceptaient plus de payer la taxe militaire. Il s’agissait d’une démarche militante de protestation politique, relève le communiqué.

Conseil fédéral interpellé

Cet appel a tellement déplu au conseiller national UDC valaisan Jean-Luc Addor qu’il a interpellé le Conseil fédéral en juin 2020 à l’heure des questions. Celui-ci a indiqué qu’il n’avait pas l’intention d’intervenir, la démarche relevant de la liberté d’expression.

Jean-Luc Addor a alors dénoncé les grévistes du climat au MPC. De l’avis de l’avocat valaisan, leur appel est constitutif de provocation et incitation à la violation des devoirs militaires, une infraction punie de la prison jusqu’à trois ans ou d’une peine pécuniaire.

Sur demande du MPC, le Département de justice et police a autorisé l’ouverture d’une procédure pénale en février 2021. Elle a tout d’abord été menée contre inconnus, puis contre des personnes sur la base de «soupçons d’infraction de provocation et incitation à la violation des devoirs militaires».

Intimidation dénoncée

La Grève du climat Vaud dénonce fermement la violation grave de la liberté d’expression que représentent les poursuites pénales du MPC contre des militants politiques pour un acte d’expression publique. Ils soulignent également une intervention disproportionnée de la police fédérale, visant à intimider les militants et à exercer un effet dissuasif sur la liberté d’expression, ce qui est prohibé par la Convention européenne des droits de l’Homme (CEDH).

Au-delà des clivages partisans, la Grève du climat en appelle aux parlementaires fédéraux afin de faire cesser les attaques du MPC contre les critiques politiques qu’ils portent. Le conseiller national Samuel Bendahan (PS/VD) a interpellé mercredi le Conseil fédéral à ce sujet. Le gouvernement est tenu d’y donner une réponse d’ici lundi, indique le Parti socialiste vaudois qui s’inquiète de «voir les moyens de contrainte de l’Etat utilisés à des fins politiques.»

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